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Photo du rédacteurLeelah

31/07/2020 Regard sur le TDI


Plus je cherche à me documenter, plus je cherche de part le monde des témoignages, des experts, des livres, des films plus je me rend compte des débats et des courants de pensées divergents qui existent. Divergences entre guéguerres de théories psys, incompréhension et identification inadéquates des patients...


Peu de personnes sont vraiment formées pour prendre en charge les personnes traumatisées, il y a donc des erreurs de diagnostiques, une sous évaluation et sous prise en charge des personnes dissociées.


Je me suis inscrite à des groupes d'échange entre TDI et je suis beaucoup dans l'observation pour comprendre comment d'autres personnes vivent leur TDI, et ce que ce genre de groupe d'échange leur apporte. Cela me permet de mieux me comprendre et voir en quoi mon fonctionnement diffère par rapport à d'autres.


Avant, je pouvais contacter d'autres personnes pour renforcer mon diagnostic, rechercher une reconnaissance et trouver des informations sur ce que je vivais ou des similitudes dans mon fonctionnement. A présent, c'est plus un besoin d'appartenir à un groupe qui me pousse à rechercher ce genre d'échange et en creusant je m’aperçois qu'il y a des "dérives "dans un certain sens.


J'espère ne blesser personne en écrivant cela et je ne cherche pas à minimiser la douleur et la difficulté au quotidien que ces personnes vivent avec leurs troubles psychiatriques...


Mais plus j'observe ces groupes plus je me rend compte de la différence de perception que beaucoup de personnes que j'ai lu sur ces groupes ont de leur trouble psychiatrique et ce que je ressens au plus profond de moi. J'ai pris beaucoup de recul sur ma thérapie, ce qui n'était pas le cas avant, à présent qu'il y a beaucoup de dialogue intérieur, que je me comprends mieux, que mes agissement et pensées ont un sens, je suis plus à même d'analyser ce que je vie intérieurement et donc de voir et comprendre les autres et le fonctionnements des parties.


Il me semble que beaucoup n'ont pas de diagnostic posé et s'auto proclament TDI. J'ai l'impression que certains préfèrent peut-être se dire qu'ils ont un TDI plutôt que d'être bipolaire ou schizophrène ou borderline... Peut-être est-ce plus "simple" pour eux d'avoir une "cause traumatique" à leur trouble psychiatrique et que cela leur permet d'avoir un "statut de victime" plus facile à endosser que celui de "psychotique" ? Je ne souhaite surtout pas les critiquer et leur reprocher ce besoin d'identification au TDI, je comprends que dans la société dans laquelle nous vivons, ce soit plus "facile" d'expliquer ses changements d'humeur ou son état par la présence de parties dissociatives. Ne pas se comprendre, ne pas se reconnaître, avoir des comportements étranges face à la société est très difficile. La peur et la stigmatisation des maladies mentales par les gens en général ne permettent pas que les patients se sentent suffisamment en sécurité et soutenus. Je comprends donc ce besoin d'identification.


J'ai lu dans ces groupes beaucoup de personnes qui parlent de parties dissociatives "animales ou fantastiques". Pour moi, cela ne peut pas être un TDI. Nous pouvons avoir des parties qui se forment si notre système est très imaginatif qui se perçoivent comme un aigle qui s'envole pour échapper au viol, ou nous imaginer en ours pour nous battre et nous défendre physiquement, une façon de trouver de la force intérieurement pour nous rebeller... Si notre système est très imaginatif, nous pouvons nous réfugier dans l'imagination pour échapper à une réalité trop difficile et construire un monde intérieur très complexe et élaboré et "perdre du temps" dans ces rêveries... Mais une personne avec un TDI a tout de même conscience que c'est elle, qu'elle n'est pas un ours ou un aigle, que ce monde intérieur n'existe pas vraiment. Et le besoin le plus important que nous ayons est que ces parties soient comprises, que leur mode de sauvegarde soit expliqué et analysé et qu'à l'intérieur, la personne comprenne qu'elle a dû mettre cela en place pour échapper à des violences. Dès que la raison en est expliquée et assimilée, je pense que la personne cesse de se "percevoir comme un animal". Trop imaginer ou rendre nos parties très "monde fantastique" n'aide pas à se sentir mieux, n'aide pas à s'ancrer dans la sécurité de l'ici et maintenant... N'aide pas à discerner le présent du passé, la réalité de nos espoirs imaginaires... De ce que j'ai appris de mes recherches, j'ai l'impression qu'une personne cherchant à maintenir cela n'a pas un TDI mais a un autre trouble psychiatrique.


Beaucoup se maquillent de façon très prononcée pour montrer leurs parties dissociatives. Je pense que les personnes qui font cela ne peuvent pas être TDI car cela va à l'encontre du but même de la formation du TDI. LE TDI est un camouflage, on se cache pour survivre et nos switchs se voient pour qui accepte de bien observer. Pas besoin de se noircir les yeux ou se faire des couettes pour voir qu'une partie portant nos ressentis de colères ou nos parties se sentant petites sont présentes ! Certaines personnes que j'ai croisé sur ces forums tombent dans des schémas d'actions qui me semblent incompatibles avec les agissements d'une personne TDI. Elles vont par exemple avoir des tas de doudous dans leur lit, ou faire des courses en achetant des jouets pour enfants alors qu'elles sont adultes... Il me semble qu'elles ont comme un syndrome de "Peter Pan" et retombent en enfance. C'est comme si le TDI et le fait d'entendre parler de parties dissociatives petites leur donnaient une "légitimité" de plus à stagner dans l'enfance et ne pas affronter le monde réel...

Pour moi tout cela ne peut pas être le TDI. Le TDI c'est un mode de survie, une façon de se morceler pour survivre car notre quotidien dans notre enfance et les adultes autour de nous ne nous ont pas permis d'être tout ce que nous ressentions et pensions. Nous devions taire et cacher certains aspects de notre vie sous peine de mort.


J'ai des parties "colères" car dans la secte où j'ai grandis, la colère ne pouvait pas être exprimée. J'ai des parties "dépressives" car la tristesse et le désespoir ne pouvaient pas être dit. J'ai des parties "petites" car j'ai été torturée et violée et on ne m'a pas cru et entendue ni protégée lorsque cela a eu lieu.


J'ai des parties qui se perçoivent comme masculines mais je sais que je suis une femme. Je comprends l'objectif de ces parties et la nécessité de se percevoir comme homme car dans la secte, les femmes ou les filles devaient être soumises et seuls deux options s'offraient à elles, se marier et procréer ou devenir bonne sœur. En switchant en homme je pouvais m'autoriser à me rebeller, à revendiquer ma liberté et à m'autoriser à ne pas être une "faible femme".


Mais à présent que je suis en sécurité, à présent que je suis à même de me protéger et me défendre, ces parties ne cherchent qu'une chose, se faire entendre, comprendre, grandir et que notre mode de fonctionnement s'harmonise soit en nous intégrant en une seule personne soit en fonctionnant ensemble de manière adéquate.


Durant mon enfance et mon adolescence, mes parties étaient dans la survie mais elles l'ont fait car je n'avais pas le choix, il n'existait aucune autre option. A présent elles se battent toutes pour dire ce qu'elles ont porté et traversé.


Mes parties "petites" grandissent au quotidien, elles "rattrapent" les apprentissages qu'elles n'ont pas eu. Mes parties "petites" souffrent de rester ainsi bloquées dans le temps de mon passé. Valoriser à l'extrême et revendiquer avoir des parties "petites" et les "enfermer" dans leur "âge du trauma" c'est les condamner à rester impuissantes, fragiles, vulnérables pour toujours. Et leur faire croire que le danger est toujours là et qu'elles ne sont pas en sécurité dans le présent ! Je sens que plus ces parties partagent mon quotidien d'ici et maintenant, plus elles grandissent mieux elles se sentent ! Elles se rendent compte qu'elles ne sont plus des bébés, des enfants de 2 ou 3 ans qui ne pouvaient rien faire face aux adultes maltraitants. Elles sont moins dans la recherche désespérée de parents de substitution, elles souffrent moins de manques affectifs... Elles découvrent un monde autour d'elles complètement différent et plein de promesses et de joies... Brandir le fait d'avoir des parties "petites" et les "faire exister et persister" dans leur perception d'être encore de l'âge de 2 ans ou 3 ans me semble un non sens. Elles veulent grandir et se sentir en sécurité, elles ne souhaitent pas rester fragiles et vulnérables.


Mes parties en colère se calment et temporisent leurs réactions au fil du temps. Mes parties dépressives ou suicidaires apprennent à voir ma réalité d'aujourd'hui et à l'apprécier... Aucune ne souhaite rester figée dans ce qu'elle a porté ! Aucune ne veut rester emmurée dans sa souffrance et sa terreur... Elles veulent toutes être libérées, en paix et vivre une vie et un quotidien épanoui et vivre la sécurité de l'ici et maintenant. Mes parties expérimentent les nuances, le partage les aide beaucoup à cela !


Bien sûr lorsqu'on commence à comprendre qu'on a des parties dissociatives, il est important d'être à l'écoute de leurs besoins, de leurs pensées... Mais lorsqu'un dialogue s'installe, je pense que ce qui est primordial est de s'axer et s'orienter le plus possible dans l'ici et maintenant, dans notre vie d'adulte. C'est quelque chose qui a mis longtemps à mûrir. Avant, il y a 4 mois par exemple, la priorité était de faire disparaître mes parties et de faire du partage sur le trauma passé en priorité mais cela a beaucoup évolué !


A présent que beaucoup de dialogue s'est instauré dans mon système de parties, j'ai plus de mal à voir mes parties en tant que PAN ou PE. Celles ci ont tellement évolué, grandis que je ne peux plus vraiment les distinguer en deux groupes aussi tranchés et réducteurs. J'ai encore des parties qui ont des visions et des perceptions très tronquées avec des pensées en terme de tout ou rien. Mais en fait mes PAN sont aussi ainsi ! Pour mes PAN mon enfance était idyllique il y a quelques années, quand j'étais mes parties "mamans", je n'étais rien d'autre... A présent je suis une maman mais aussi capable de m'occuper du côté administratif en même temps, je peux râler quand mes filles exagèrent, je peux rire et faire des blagues avec elles à l'aide de mes parties adolescentes ou enfants... Je ne suis plus un "stéréotype" de la maman "parfaite". Je peux être tout à la fois. Et je perçois beaucoup moins mes switchs. Je me sens plus entière, plus vrai, plus complète... Et plus mon fonctionnement se "lisse", mieux je me sens !


Dans ces groupes d'échanges entre "TDI", je n'aime pas cette espèce de revendication d'être TDI, ce clivage qu'ils mettent en avant entre "single"(personne sans parties dissociatives) et "multiples" (personne avec des parties dissociatives). Comme si avoir un TDI était le dernier "truc à la mode". Notre TDI n'est pas un choix ! Et tout ce que nous cherchons et espérons est de ne plus avoir ces murs entre nos façons d'être et d'agir, nos pensées et émotions ressenties. Je pense que être ainsi, faire perdurer cet état nous fait souffrir !


Nous devons être fier de nous, de notre ingéniosité à survivre, de notre force de résilience mais ce n'est pas notre identité, ce n'est pas ce qui nous définit en tant qu'être...

Parler, expliquer le TDI est primordial mais dans le but que plus de gens sachent le reconnaître chez nous et que nous recevions une aide psychologique adéquate.


Les gens qui brandissent l'étiquette TDI dans ces groupes semblent oublier que le TDI est dû à des traumatismes extrêmes et prolongés dans l'enfance qui ont provoqué cette dissociation et l'existence de ces parties dissociatives. Je ne tiens pas à laisser graver sur ma peau tous les souvenirs atroces des tortures que j'ai subies ! Je refuse que les viols que l'on m'a fait me définissent toute ma vie !


Tout cela est une évolution. Il y a un an, chaque partie revendiquait son existence et le côté vital de son individualité, certaines voulaient même faire disparaître les parties qui ne leur ressemblaient pas ou les dérangeaient. A présent après des mois, et des années de thérapies, je sais que ce que je veux garder comme identité et conscience de moi c'est que je suis extrêmement forte et combative, très intelligente. Je veux pouvoir être capable de ressentir des choses contradictoires, être en colère mais pouvoir pondérer cette réaction, être triste mais capable de ressentir la paix et le bonheur dans les petites choses de la vie, être une adulte qui travaille et assume son quotidien mais aussi d'être fofolle à certains moments et m'amuser... Parce que c'est ce qui permet d'avoir une vie épanouie et heureuse, parce que voir le monde et la société réellement tels qu'ils sont dans leur complexité est primordial pour se protéger et être en sécurité... Je veux être capable de me reconnaître et m'identifier dans tous mes ressentis et toutes mes pensées. Je veux me comprendre et m'accepter comme un tout. Je ne veux pas être uniquement en colère ou uniquement désespérée. Je ne veux pas continuer à avoir des comportements sexualisés qui me mettent en danger, je veux avoir une vie sexuelle épanouie et faire la différence entre le plaisir que je peux éprouver et le passé de mes viols. Je veux être libre et ne plus être enchaînée à des actions et réactions automatisées. Je veux être capable de réflexions prenant en compte toutes les options qui s'offrent à moi...


Je veux avoir le CHOIX ! Je veux que chacune de mes parties sache qu'elle n'a pas qu'une possibilité d'action et de ressentis. Je veux que chacune de mes parties puisse sortir du rôle qui leur a été attribué. Le jour où mes parties "couardes" pourront se rebeller et dire non fermement sera une grande victoire pour moi et ces parties seront extrêmement fières et heureuse d'avoir évolué et d'avoir trouvé un autre rôle d'aide à l'intérieur de moi !


Je ne veux plus être seule. Je ne veux plus qu'aucune de mes parties se sente seule et abandonnée. Je ne veux plus oublier que j'ai souffert, je ne veux plus oublier que j'ai eu des moments de joies et de bonheurs. Je veux avoir le choix. Je veux être moi avec toute ma complexité. Je ne veux plus être séparée, morcelée ! Je ne sais pas ce que nous déciderons au final mais toutes les portes sont ouvertes et chacune de mes parties pourra à terme choisir ce qu'elle souhaite faire : être intégrée ou collaborer.


Traiter la mémoire dissociative, traumatique sans instaurer un véritable dialogue intérieur chez un TDI est impossible. Il est nécessaire que les parties soient vues et entendues par le psy et qu'il encourage le dialogue interne et le dialogue avec lui pour qu'elles acceptent ensuite de modifier leurs modes de sauvegarde, leurs croyances, leurs points de vues... L'amnésie dissociative ne peut pas diminuer si le patient n'est pas encouragé à s'écouter intérieurement et si le psy ne dialogue pas avec les différentes parties. Mes parties pour comprendre que mon passé appartient au passé doivent venir vivre mon quotidien.

Tout est en perpétuel mouvement, en perpétuel changement.

Je ne suis plus la même personne qu'il y a 3 ans, 2 ans, 1 ans, 1 mois... Mes parties changent, je change ! Mon système ne fonctionne plus du tout de la même façon que par le passé. Enfermer les parties dissociatives dans des rôles, dans des âges, dans des représentations c'est les condamner à ne jamais être apaisées ! C'est les condamner à la souffrance perpétuelle !


Prendre conscience qu'on a des parties dissociatives est primordial au début, il faut ensuite que ces parties acceptent petit à petit de passer du temps et partager l'ici et et maintenant, le quotidien de la personne. Le "traitement des souvenirs dissociatifs" se fait en parallèle mais ce n'est pas la "priorité" pour moi. Ajuster nos croyances, cesser de fonctionner en terme de tout ou rien, de noir ou blanc, de bon et mal est le plus important. Comprendre la réalité de notre vie actuelle, réussir à s'orienter dans le présent, comprendre quand on agit de manière automatique comme par le passé et discerner nos fausses croyances (personne ne nous croira, il n'existe aucun espoir, tout le monde est mauvais...), tout cela est primordial !


Ma thérapie m'aide à comprendre que le partage des souvenirs dissociatifs est un très long cheminement. L'assimilation de nos blessures et leur compréhension se fera tout doucement, en parallèle. Le plus important est de faire comprendre à toutes les parties dissociatives que nous sommes en sécurité et que notre quotidien, notre réalité a changé, que ce qu'elles ont vécu appartient au passé. Le partage complet des souvenirs est le "bonus", l'ultime ré-assemblage. Et ce partage, quand il y a un bon dialogue et une bonne compréhension mutuelle, se fait tout en douceur, dans une sorte de soulagement intérieur, de reconnaissance, de soupir de joies et de bonheur.


Enfin je suis vue, enfin je suis entendue, enfin je n'ai plus à porter cela toute seule ! J'ai le choix ! Je peux vivre et ressentir autre chose maintenant !


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