Définition de la dissociation :
Pour comprendre ce qu’est la dissociation, il faut déconstruire le discours français de la psychanalyse (freudienne et lacanienne) dans lequel on a grandi. Nous avons tous été « baignés » par les termes de « psychose » et « névrose ».
Or pour comprendre les maladies mentales, il est impératif de sortir de ces stéréotypes désuets et fallacieux puisqu’ils ne se réfèrent à rien et ne correspondent en rien au niveau de la classification reconnue mondialement des maladies mentales.
Cela nous amène à croire qu’il y a de la « bonne folie » et de la « mauvaise folie », une folie "acceptable" et une folie "dangereuse". Et cela fait peur au patient d’être étiqueté et jugé par la société.
Le vécu de ce que l'on nomme « dissociation » dans le langage courant est extrêmement répandu. La population en général parle de dissociation en englobant beaucoup d'idées différentes.
Le terme dissociation peut-être utilisé pour parler de :
Si vous apprenez la mort d’un être proche qui a été brutale, vous aurez peut-être un épisode dissociatif. Vous vous effondrerez par terre, vous hurlerez, vous allez agir comme un robot avec l’impression de sortir de votre corps et que quelqu’un d’autre a pris les commandes pour effectuer les formalités de l’enterrement…
Une personne hypnotisée comme on en voit à la télévision qui agit et parle sans s'en appercevoir et le contrôler...
En conduisant, vous roulez et vos pensées vagabondent. Vous allez peut-être vous « réveiller » à un moment et ne pas avoir le souvenir d’avoir conduit tout le trajet comme si quelqu’un d’autre avait pris les commandes de votre corps et avait conduit votre voiture à votre place…
Une personne qui mange de façon compulsive va avoir de la dissociation, son corps mange sans qu’il puisse se contrôler et se stopper… Une personne anorexique ou ayant des TOC également.
Une personne schizophrène, bipolaire ou borderline, une personne avec un TSPT (Trouble de stress post traumatique)... a de la dissociation.
La dissociation peut-être :
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Une altérations de la conscience : absorption, transe hypnotique, rêverie
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Une dépersonnalisation/déréalisation
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Une hypoactivation (sous activation) comme défense
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Un détachement
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Un trouble dissociatif de l’identité
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Une multiplicité / division
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Une amnésie dissociative
En fait cela dépend du point de vue dans lequel on se place. Si on considère que dans tous les troubles psychiatriques, l'origine de cette psychopathologie vient d'un vécu traumatique qui n'a pas pu être réalisé et intégré (les expériences de vie négatives et délétères) alors il y a de la dissociation dans chacun de ces troubles.
Il existe actuellement deux sortes de conceptions théoriques et cliniques de la dissociation :
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La conception dimensionnelle : La dissociation est conçue comme un processus défensif mais aussi adaptatif. Piedford-Marin (2017, p. 102), « Watkins et Watkins considèrent que les états du moi se situent sur un continuum sur lequel à une extrémité on trouve une différenciation adaptée et à l’autre extrême la dissociation pathologique. »
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La conception structurelle : Réserve le terme « dissociation » pour désigner l’existence de parties dissociatives de la personnalité. La dissociation engendrée par le trauma implique une division de la personnalité de l’individu, c’est-à-dire du système biopsychosocial dynamique dans son ensemble qui détermine ses actions mentales et comportementales caractéristiques. Les sous-systèmes ainsi créés sont appelés « parties dissociatives de la personnalité ».
Attention, tous les troubles psychiatriques ne sont pas des troubles dissociatifs au sens du DSM et de la CIM ! D'un point de vue psychiatrique, les critères sont différents.
La dissociation est un vécu traumatique qui n'a pas pu être réalisé et intégré, elle diffère du diagnostique psychiatrique posé !
Voir par exemple le site :
http://www.psychomedia.qc.ca/dsm-5/2013-05-22/guide-psychomedia.