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Qu'est-ce que la dissociation ?

Explication N°3

Avant d'aller plus loin dans mes explications, je vais tenter de vous faire une biographie personnelle pour que vous compreniez mon contexte de vie et comment les violences que j'ai subies dans mon enfance et adolescence ont pu avoir lieu.

Je suis une femme, j'ai la trentaine, et une maman, j'ai deux filles.

Je suis née en France et j'ai été élevée dans une communauté nouvelle catholique.

Les communauté nouvelles catholiques sont apparues en France dans les années 1960,  elles sont issues du "renouveau charismatique".

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Renouveau_charismatique_catholique

"Le renouveau charismatique catholique (RCC), ou mouvement charismatique catholique, est un mouvement de réveil catholique apparu aux États-Unis dans le milieu des années 1960. Il est tourné vers l'expérience personnelle avec Dieu, particulièrement à travers le Saint-Esprit et de leurs dons aux charismes (mot grec pour des cadeaux). Ce mouvement cherche à donner un nouvel abord aux formes d'évangélisation et renouveler des pratiques traditionnelles des rites et de la mystique catholique.

Le mouvement est accueilli plutôt favorablement par la hiérarchie catholique, intéressée par son dynamisme. "

"Le renouveau charismatique européen se caractérise notamment par la création de communautés, dites « Communautés nouvelles » et de groupes de prières qui permettent de vivre à la fois la vie fraternelle et la « Vie dans l'Esprit ». 

Le renouveau charismatique (catholique ou non, d'ailleurs) se caractérise par la tenue régulière (généralement hebdomadaire) d'assemblées de prière charismatiques. Celles-ci sont distinctes de la célébration liturgique, et, principalement pour cette raison, n'ont jamais lieu le dimanche.

L'assemblée de prière est le lieu par excellence d'expression des charismes (glossolalie, guérison, prophétie). 

En France, il existe depuis 1988 une fédération des « 1 200 groupes de prière », indépendants des Communautés, regroupés au sein de la Fraternité Pentecôte. Ces groupes de prière étaient encore au nombre de 1800 à la fin des années 90."

Un film sur les communautés nouvelles a été réalisé par Sarah Suco : "les éblouis" ainsi qu'un livre écrit par une journaliste sur les "communautés nouvelles" : "La trahison des pères".

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Dans ces communautés, le principe est simple : vivre l'évangile comme les premiers chrétiens, rassembler dans un même lieu de vie des prêtres, des soeurs, des moines, des familles, des célibataires... et vivre ensemble, en communauté sa "foi" en Dieu.

Certaines communautés se spécialisent dans l'accueil des personnes défavorisées, d'autres dans l'accueil des handicapés, d'autres dans la prière... Chaque membre partage ses revenus, son quotidien, les enfants sont élevés par la communauté, les temps de prières sont principalement faits ensemble dans des lieux de cultes appartenant à cette communauté, évangélisation à l'extérieur, camps de vacances organisés par la communauté et pour promouvoir l'image à l'extérieur et ramener ainsi de nouveaux membres...

Les repas se font en commun, peu de temps uniquement réservés au cercle familial, chaque membre contribue soit en travaillant à l'intérieur de la communauté soit à l'extérieur (mais c'est minime).

Chaque communauté a ses propres chants liturgiques, un parlé propre, ses rituels... qui renforcent l'esprit de groupe et la cohésion.

A la tête de ces communautés, il y a le fondateur, le "berger" qui dirige tout et tout le monde et un système hiérarchisé de l'autorité basé sur la récompense à l'obéissance ou le bannissement si le membre critique.

Chaque membre fait des voeux devant dieu et le fondateur, un peu comme un mariage à l'église, et comme le font les moines ou moniales des monastères. Il promet obéissance (à Dieu et au fondateur), pauvreté (il partage tous ses biens et revenus) et chasteté (pour un moine ou une soeur consacrée)...

La famille éloignée, grand-parents, cousins... est tenue à l'écart sauf si elle adhère au précepte et peu de contact et visites sont autorisées.

L'implication des membres est quotidienne, de nuit comme de jour, week-end et jours fériés compris et peu de vacances sont autorisées.

Chaque communauté se reconnait extérieurement par un habillement spécifique (tout en bleu, ou tout en marron, tout en blanc, le port d'une croix spécifique, de sandales... le port de certaines couleurs est interdit) et porte une tenue de "cérémonie" lors des messes ou prières et lors des fêtes et voeux (voile blanc pour les femmes, châle pour les hommes avec des signes distinctifs selon le rang occupé...).

J'ai donc grandis dans un environnement comme celui-là, c'est le seul que j'ai connu jusqu'à l'âge adulte, aucun adulte autour de moi ne remettant en cause les préceptes, j'ai cru pendant longtemps que ce style de vie était normal.

Le discourt omniprésent était que nous avions raison de vivre ainsi, la société est mauvaise, il faut s'en méfier, les personnes qui refusent notre style de vie sont mauvaises... Nous seul pouvions sauver le monde et faisions le bien. Toute personne disant le contraire était issue du malin, du diable. Même les autres communautés étaient critiquées, la nôtre était la meilleure.

J'ai grandis avec les préceptes de la foi catholique mais notre formation spirituelle était très particulière basée uniquement sur les enseignements personnels du fondateur et sa vision des choses.

Les adultes autour de moi obéissaient aveuglement à toutes les directives du fondateur. Le lieu de vie, les déménagements dans d'autres maisons de la communauté, notre scolarité, nos soins de santé, les lectures à nous donner, nos activités, nos engagements spirituels, nos choix d'étude, l'utilisation de l'argent, la moindre propriété d'un objet, la nourriture, le repos, la visite de la famille... Pratiquement chaque minute de la vie de nos parents et notre vie était au bon vouloir du fondateur et chaque "écart de conduite ou de pensée" lui était rapporté.

Cette communauté où j'ai grandis avait des maisons un peu partout dans le monde, j'ai donc beaucoup déménagé. Cela permettait de nous empêcher de créer des liens durables avec d'autres personnes et a beaucoup participé à mon isolement.

Dans cette communauté, j'ai subi des viols de l'âge de 2 ans à l'âge adulte. Ces viols ont été commis par le fondateur et sa femme, d'autres membres, des prêtres, mon père et des personnes extérieures à notre communauté auxquels j'ai été vendue.

Cette succession de violence et de viol est la cause de la création de mon trouble dissociatif de l'identité complexe.

Pour survivre dans cet environnement où je ne recevais aucune aide et aucune protection, j'ai du "partager mon être" en différentes parties pour survivre. Certaines parties affrontant les violences et les endurant, certaines parties ayant une "vie normale" et "faisant comme si ces violences n'existaient pas".

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