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COMMENT REPÉRER ?

Je crois que ce qui est le plus important c'est d'être à l'écoute, être bienveillant et être attentif aux mots utilisés et à la gestuelle et posture de la personne en face.

Ce que je dis là semble très bête mais malheureusement c'est un fait ! Très peu de personne écoute vraiment la personne qui lui parle. Le matin, lorsque nous disons "bonjour" à quelqu'un, regardons nous la personne dans les yeux? Et cette fameuse question banale " comment vas tu?" qui la pose de façon sincère et attentive?

Lorsque nous discutons avec une personne et qu'elle nous parle d'elle est on vraiment attentif à ce qu'elle dit, aux mots qu'elle utilise, à  sa gestuelle, aux émotions ou non émotions qu'elle nous transmet...?

Je crois que le plus gros problème de l'impunité des pédocriminels vient de là !

Nous ne savons pas écouter et observer.

Et ajouté à cela, nous grandissons dans une société égoïste qui ne veut surtout pas être dérangée, souffrir, que ces certitudes d'un monde bisounours soient remises en questions ou que son quotidien soit bouleversé...

Tout doit être beau, bien, parfait... si quelque chose sort des clous : il n'existe pas, on ne le voit pas, on ne l'entend pas et nos certitudes et notre vision du monde reste inchangé.

Alors, on veut des amis mais seulement si c'est pour boire et s'amuser.

On a des liens avec sa famille seulement si cela ne nous dérange pas trop et si de l'extérieur cela nous aide à diffuser une image de perfection.

Au boulot on ne mélange pas les relations et on ne veut ni devenir intime ni voir ou savoir quoi que ce soit d'intime ou personnel.

Et dans nos rencontres en général tout reste en surface et si cela se complique "on ne sait rien, on n'a rien vu, on ne se souvient pas, cela ne nous concerne pas, ce n'est pas à nous d'intervenir"...

Lorsque je lis dans la presse des commentaires du style "pourquoi n'ont-elles pas parlé avant", cela me met dans une colère noire !

Il y a tant de signes que nous montrons ! Bien sûr, un enfant n'ayant pas le vocabulaire nécessaire il ne vous dira pas "j'ai été violé, on m'a torturé". Il est tout petit, son vocabulaire est restreint et à cela s'ajoute la peur, les menaces de l'agresseur et le choc psychique et physique de ce qu'il vient d'endurer!

Autour de 2 ans, lorsque l'on me changeait la couche, je tombais dans une appatie soudaine, je me mettais à gindre et à pleurer silencieusement (une personne de mon entourage l'avait noté à l'époque et s'en est souvenue récemment).

On dessine et on met dans nos dessins ce qu'on nous a fait. Pourquoi les adultes refusent ils de nous questionner et nous faire parler ? Mié Kohiyama a retrouvé des dessins dattant de son viol à 5 ans sur lesquels les mots "osecour" sont écrits en rouge. Il aurait suffit de les voir, vraiment les voir et lui demander pourquoi elle les avait écrit... J'en ai fait moi aussi.

Les cauchemars, les réveils en larmes au milieu de la nuit... Au lieu de dire à l'enfant que ceux ne sont que des cauchemars, de retourner se coucher... pourquoi ne pas prendre ce temps privilégié pour rassurer, mettre en confiance et écouter son enfant ? J'ai eu des cauchemars, j'ai parlé des chiens, j'ai parlé de spirales qui m'emporte avec des bébés qui tournent, ma façon de dire avec mes mots les effets des drogues qu'on me donnait. Ma mère en a parlé à la femme du gourou qui a dit que c'était ma culpabilité d'être en vie tandis que ma soeur ne l'était plus...

Une enfant qui a des comportements hyper sexualisés face aux hommes, au lieu de la réprimander, pourquoi ne pas lui demander pourquoi elle fait cela, qu'est-ce qui lui est arrivé...? Contrairement à ce que véhiculent les psychanalystes freudiens et lacaniens, l'enfant n'est pas aguicheur. Si il le fait c'est une des façons qu'il a trouvé pour appeler à l'aide.

Un enfant qui se masturbe en publique...

Un enfant qui reproduit ce qu'on lui a fait sur un autre enfant...

Au lieu de moraliser, de punir, de culpabiliser... pourquoi les adultes ne posent ils pas la question pourquoi fais tu cela? Pourquoi ramener cela à du "touche pipi" ou au "jeu du docteur"? Un enfant qui reproduit ce qu'on lui a fait sur un autre enfant c'est très grave car il fait une nouvelle victime mais pourquoi les adultes ne voient ils pas l'appel à l'aide derrière cet acte ?

Autour de 8 ans, la fille des gourous m'a caressé le sexe dans un camping-car devant une adulte. Celle-ci a vu ce qu'il se passait et n'a rien fait à part avoir un regard réprobateur qui m'a fait réagir et repousser la main de cette petite fille. Pourquoi n'a-t-elle pas parlé, questionné....?

J'ai essayé ensuite vers10 ans de dire le viol que je venais de subir sous la menace d'un couteau. J'en ai parlé à mon père. Celui-ci m'a emmené voir un médecin qui m'a ausculté. Ce médecin ne m'a pas parlé, n'a rien dit. Il n'a posé aucune question.

Puis mon père a parlé au gourou. J'ai été convoquée face à mon père et au gourou. J'étais une menteuse, une méchante, le mal était en moi...

Ils m'ont emmenée dans une chapelle et m'ont fait une imposition des mains, ils appelaient cela "le repos dans l'esprit", l'esprit saint était sensé venir en moi et me laver du démon.

J'ai ensuite été emmenée dans une abbaye ou un moine devait me confesser de mes péchers.

Ce moine est devenu un autre de mes violeurs.

J'ai parlé à des amies d'école. La secte nous a changé de lieu de vie. Nous devions déménager tous les 5 ans ou moins. Pas de liens, pas de confidences...

J'ai essayé de parler à ma grand-mère, elle a repoussé mes confidences et dit qu'elle ne voulait rien entendre. Et la secte a fait que j'apprenne à me méfier de ma famille dès le plus jeune âge. Nous ne les voyons que très rarement et ils étaient diabolisés car ne faisant pas partie de notre "monde". Ils étaient les mauvais et nous les bons.

J'ai essayé de parler à l'un de mes profs de musique, il est devenu l'un de mes violeurs.

J'ai essayé de fuir avec un autre garçon de la secte, ils l'ont découvert et m'ont mariée au fils des gourous.

J'ai essayé de parler toute ma vie mais ma parole a été niée et la plus part du temps le nombre de mes violeurs s'en est trouvé accru.

Je viens de parler de mes tentatives d'appels à l'aide explicites.

Je vais vous parler à présent du message implicite que je n'ai cessé d'envoyer sans que personne ne le remarque.

En ayant un TDI, je cohabite avec plusieurs de mes parties, plusieurs personnalités de moi qui viennent tour à tour "prendre le contrôle" de mon corps et parler ou agir. Je n'aime pas l'expression "prendre le contrôle" car elle sous entend un genre de possession démoniaque.

 

En fait mes parties, toutes mes parties sont présentes, voient, entendent et observent mon environnement en permanence. Lorsque j'ai besoin des compétences de l'une d'elles, elle vient au "devant de la scène" et agit selon ses analyses et son expérience acquise.

 

Dans toutes les relations d'amitié ou d'amour que j'ai pu avoir, mes parties ont testé ces relations pour voir si la personne en face était digne de confiance, si elle écoutait vraiment, si les bribes que je racontais par intermittences la faisait être plus attentive si cela la choquait, si elle se fermait, si elle comprenait la gravité et la mesurait, si elle était prête à m'aider... si elle était dans le jugement et la culpabilisation ou au contraire la bienveillance et le soutien...

 

Nous les TDI, nous "lâchons" régulièrement des "bombes". On peut donc raconter au milieu de deux éclats de rire et de blagues qu'on a été violé. Si la personne en face ne s'arrête pas et ne dit rien, ne questionne pas, c'est une personne de plus qui s'ajoute à notre longue liste de tentatives infructueuses.

Nous pouvons raconter les pires horreurs de ce que nous avons vécus sans aucune émotion visible (une protection pour nous mise en place pour notre survie, relier les émotions et sensations au souvenir et au fait nous tuerait car nous ferait revivre à l'identique la terreur, le ressenti de mort de cet instant) ou en rigolant.

C'est là justement l'UN des signes.

 

Moins on montrera d'émotions plus le traumatisme est grave.

 

Plus notre posture est figée, notre respiration s'arrête, notre corps ne bouge plus... ces signes doivent vous alerter cela signifie que nous parlons de quelque chose de grave. C'est ce décalage, cette bizarrerie de rire en disant une chose attroce, ou le dire en ayant un ton froid et distancé comme si cela ne nous concernait pas, que c'était arrivé à quelqu'un d'autre, ne montrer aucune émotions qui se relient au discours prononcé qui doit vous alerter.

Observez également notre corps.

 

Lorsque je racontais avoir été violée, ma main droite se mettait autour de mon cou et serrait. Cela aussi c'est un signe. J'ai essayé de parler toute ma vie et pour me punir et me faire taire à plusieurs reprises mes violeurs m'ont étranglée presque jusqu'à la mort. Mon corps reproduisait ce qu'on m'avait fait, le montrait à mes interlocuteurs...

Soyez vigilant également aux mots prononcés.

 

Je disais que le gourou me "prenait en confession dans sa chambre". Il me violait lors de ces "confessions"... Un des hommes que j'ai connu après avoir quitté mon mari m'a demandé de me raser intégralement le sexe. Je lui ai demandé d'une voix de petite fille "on a le droit de faire ça?". Il me demandait de redevenir une petite fille et ne plus être une femme avec une pilosité au sexe. Je lui demandais si on avait le droit de violer une petite fille...

J'ai également beaucoup de blocages, des crises d'angoisses régulières si je dois sortir dehors me promener. J'ai été violée à l'extérieur, violée en forêt... Sortir est source de souffrance pour moi car cela réveille ma mémoire traumatique.

 

Je ne peux pas jouer avec mes filles, je me mets systématiquement en retrait et je les observe car ce mot est associé à un viol "on va jouer à un jeu que je faisais avec ma fille tritri". Si je joue avec elle c'est comme si je revivais ce viol et comme si je faisais en sorte qu'elles le subissent elles aussi.

Je dors avec de l'argile dans la bouche, me brosser les dents est très douloureux pour moi car réveille mes souvenirs de viols buccaux.

Une personne qui panique soudainement, qui est incapable d'accomplir des tâches ordinaires, qui doit stopper des actions dans l'urgence doit vous mettre la puce à l'oreille.

Une personne qui a des comportements addictifs, boit beaucoup, se drogue, se prostitue ou va chercher des mecs dans la rue et se met en danger est une personne en souffrance qui utilise les moyens qu'elle a trouvé pour ne plus souffrir et se déconnecter de son passé traumatique.

Une personne qui vous dit comme un mantras qu'elle a eu une enfance parfaite et heureuse et qui en même temps vous dit qu'elle n'a aucun souvenir de pans entiers de son passé est certainement une personne avec une amnésie traumatique.

Une personne qui accumule une histoire de violence, au travail, en couple... qui semble lucide et comprendre l'urgence de s'en sortir et de quitter ces situations mais qui inlassablement y retourne comme accrochée par un fil invisible qui l'empêche de rompre ce cycle est certainement une personne avec un passé traumatique, un TDI et des conflits interne de stratégies de survies et de sauvegardes.

Soyez attentifs, observez, écoutez et posez des questions!!!

 

La confiance mettra peut-être du temps à s'installer mais sachez que vous sauverez des vies en faisant cela!

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