Petit coup de gueule sur des choses que j'ai vécu dans le passé...
J'ai vu pas mal de psys, et une seule parmi eux n'a pas fait de raccourcis de psychologie de comptoir.
On m'a souvent fait des remarques sur le fait que j'arrivais trop en avance à mes rendez-vous avec mes psys, j'ai eu droit à des remarques du style "vous savez que vous êtes très en avance" ou "vous devriez venir uniquement pour l'heure de votre rendez-vous, vous ne pouvez pas rester dans la salle d'attente". Certains me jetaient des regards courroucés et insinuaient que le fait que je venais aux rendez-vous avec de l'avance montrait que j'étais dans un lien malsain, une dépendance au psy qui n'était pas bonne...
Parfois je trouve la logique de certains psys complètement absurde !
Mes rendez-vous sont fait généralement après mes heures de travail, dans une semaine bien chargée de maman et de femme solo. Souvent, les cabinets de mes psys me demandaient 30 minutes à 1 heure de trajet à pied ou en voiture.
Ce temps que je prenais pour ces rendez-vous était un temps à moi, pour moi, mon seul temps de respiration dans la semaine qui était pour moi et uniquement pour moi.
De plus les séances étaient loin d'être une partie de plaisir, avant d'entrer dans le cabinet parfois j'étais très bouleversée et souvent j'en ressortais en larme. Cela me demandais une énergie folle mais je savais au fond de moi qu'il me fallait trouver quelqu'un pour m'aider que seule je ne m'en sortirais pas.
Arriver en avance me permettait de me poser après une journée à cent à l'heure, d'enfin m'assoir et me calmer, me canaliser et m'écouter intérieurement. Cela me permettait de me poser et de réfléchir aux points essentiels que je voulais aborder en séance. Certains psys me disaient de rentrer chez moi après le travail puis de revenir pour l'heure exacte du rendez-vous. Ils n'avaient pas compris et ne cherchaient pas à comprendre que rentrer chez moi revenait à rester 10 minutes chez moi puis repartir sans avoir pu me calmer, sans avoir pu souffler, sans avoir pu réfléchir...
De plus, ne pas arriver en retard au rendez-vous est très important pour moi (j'ai une partie qui est très attentive à cela et dont c'est la tâche). Arriver en avance permettait de ne pas avoir ce stress. Vous arriveriez-vous à parler des choses les plus intimes à l'intérieur de vous tandis que 5 minutes avant vous étiez en train de courir ou de vous énerver parce que vous n'arriviez pas à trouver une place de parking ?
Aucun d'eux n'a remarqué que après la séance je partais, je ne retournais pas dans la salle d'attente… Peut-être que là, la question de dépendance aurait pu se poser...
On nous demande en tant que patient d'être volontaire dans la thérapie, de venir à tous les rendez-vous, de payer des sommes astronomiques pas toujours remboursées et cette thérapie nous demande une volonté de creuser dans des choses qui nous font mal et nous bouleversent.
Mais on le fait parce qu'on n'a pas le choix, parce que sans cela on risque de se tuer, se faire du mal, parce qu'on souffre… Pourquoi reprocher à un patient d'être là, d'être volontaire et de s'accrocher ? Qu'est-ce que cela peut bien faire qu'il soit là 20 ou 30 ou 40 minutes en avance ? Cela ne montre t'il pas au contraire que c'est positif ? Que le patient prend sa vie en main, qu'il s'investie dans sa thérapie ? N'est-ce pas plus positif qu'un patient qui arrive toujours en courant, essoufflé à la dernière minute ? Ou un patient toujours en retard ?
Pourquoi tourner cela en lien pervers et en action négative ?
Peut-être que mes psys auraient pu me demander comment je faisais pour mes autres rendez-vous, je leur aurais alors répondu que j'avais horreur d'arriver en retard, qu'arriver en retard favorise mes switchs, que je suis alors en panique.
Que le simple fait de sortir dans la rue favorise de nombreux switchs et est très épuisant pour moi, que me rendre en thérapie favorise la lutte et la phobie des parties dissociatives et la phobie des souvenirs traumatiques et que cela me demande une volonté énorme de m'y rendre!
J'aurais pu leur dire que parfois j'ai des luttes internes, que des parties ne veulent pas aller à certains de mes rendez-vous (de psychothérapie ou d'autre chose), que parfois je mets du temps à trouver le chemin parce que des parties luttent et que je ne reconnais plus les lieux, que je ressens beaucoup d'angoisse et de terreur quand je me rends à mes rendez-vous. Avoir du temps permet que je retrouve mon calme, que je raisonne intérieurement, que j'écoute les parties qui ont peur et refusent ce rendez-vous. Lorsque je peux me poser, j'ai le temps de remettre le calme intérieurement. Si je ne peux pas le faire seul la colère prédomine et je suis incapable de me concentrer sur les points que je voulais aborder…
Les rares fois où j'ai été en retard à ma thérapie ou quand j'ai loupé un rendez-vous avaient une bonne explication, des luttes internes entre parties qui sentaient que les séances avec ce psy ne m'aidaient pas et qu'il était destructeur pour moi. Et c'est ce qui m'a fait en prendre conscience et continuer à chercher jusqu'à trouver la bonne thérapeute.
Souvent, pendant la semaine, je n'avais pas le temps de réfléchir à la séance précédente et c'est durant cette petite demi heure que je prenais enfin le temps d'analyser ma semaine et de faire le point sur mes avancées et mes difficultés. C'était mon sas de décompression.
Pourquoi reprocher au patient ses actions systématiquement ?
Si il ne vient pas c'est qu'il ne veut pas aller mieux, si il vient trop en avance c'est qu'il est dépendant… Pourquoi vouloir mettre nos actions et réactions systématiquement dans une boite ? Pourquoi ne pas nous demander de quoi avons nous besoin ? Pourquoi agissons nous ainsi ? Au lieu de critiquer et juger ou interdire ?
J'ai agit autrement par la suite, j'attendais dans ma voiture ou à l'extérieur du cabinet ainsi je n'étais plus jugée ni critiquée. Mais ces psys ont ajouté en moi un sentiment de culpabilité et de honte à quelque chose qui finalement m'était nécessaire et positif.
Parler de soi à un inconnu, dévoiler les choses les plus secrètes et intimes que nous portons, nos blessures, demande une grande force, une grande volonté et un énorme courage !
Alors s'il vous plaît laissez-nous trouver nos propres stratégies dont nous avons besoin pour favoriser cet échange sans jugement. Et si vous avez des doutes, questionnez-nous, demandez nous pourquoi nous agissons ainsi.
Un patient qui arrive toujours en retard, au lieu de le culpabiliser, essayez de lui demander de quoi a-t il besoin pour arriver à l'heure. Un patient qui oublie ou rate des rendez-vous, au lieu de le gronder et lui dire qu'il doit payer les séances manquées, demandez lui pour quelle raison est-il empêché de venir, qu'est-ce qui lui fait peur… Et trouvez des solutions ensemble ! Et remettez vous en question ! Si un patient loupe des rendez-vous peut-être est-ce vous qui ne lui apportez pas ce dont il a besoin… Peut-être ne lui apportez-vous pas un lieu et une écoute suffisamment sécurisante pour qu'il puisse vous parler de lui...
Quand un patient répète des actions, c'est pour une bonne raison et c'est votre travail de l'aider à comprendre pourquoi il les fait et ce sera une belle avancée positive dans la thérapie que de les comprendre...
Le lien entre un patient et un thérapeute doit reposer sur un pied d'égalité. Vous ne devez pas être sur un trône au dessus de nous. Vous avez des choses à nous apprendre, une aide à nous apporter mais nous sommes les seuls à avoir les clés pour que cela fonctionne. L'échange entre nous doit être d'égale à égale, nous forcer ne nous aidera pas et les jugements à l'emporte pièce non plus!
Ecoutez nous, soyez curieux, aidez-nous à reprendre confiance en nous, en notre connaissance en nous même et notre capacité à nous en sortir. Aidez-nous à renouer le dialogue à l'intérieur de nous en restant ouvert, curieux et à l'écoute.
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