"Children don't get traumatized because they get hurt, children get traumatized because they are alone with the hurt" Dr Gabor Mate
"Les enfants ne sont pas traumatisés parce qu'ils sont blessés, les enfants sont traumatisés parce qu'ils sont seuls avec la blessure" Dr Gabor Mate
Je trouve que l'image des 5 étapes du deuil correspond bien au phénomène de la dissociation et au fonctionnement du trouble dissociatif de l'identité !
J'ai vu ma psychiatre cette semaine et nous avons parlé de la dépression et du suicide.
Je me questionne beaucoup sur le pourquoi les gens, l'entourage réagisse de tel ou tel façon face à cela?
Pourquoi la majorité des interlocuteurs ont ils peur et cherchent à calmer et faire stopper l'expression de la tristesse, du désespoir chez l'autre quand on l'exprime?
Pourquoi ils fuient consciemment ou montrent leur volonté de fuite inconsciemment (par des micros expressions ou la posture de leur corps) face à des paroles de détresse ?
Il doit y avoir des causes plurielles...
Tout d'abord notre éducation. Pleurer est inculqué comme étant un caprice d'enfant, une faiblesse, le fait d'être "une chochotte, douillette"... Exprimer par des larmes et des pleures sa souffrance ou son mal-être nous est inculqué dès l'enfance comme "à contrôler" et "à ne pas exprimer".
Cela induit donc une méfiance et un rejet de la société en générale envers les personnes qui ne parviennent plus à cacher leur mal-être. Les personnes qui font un burn-out au travail, la dépression post-partum, la dépression... Tout cela est perçu négativement par la société comme un signe chez celui qui l'exprime et le laisse paraître de faiblesse, de folie, d'infériorité. Nous nous devons d'être combatif, solide, fort en toute circonstance. Comme si montrer ses failles nous mettrait en danger comme dans la nature où les plus faibles deviennent des proies pour les prédateurs. La société exprime ce rejet primaire et viscéral sous forme de jugements à l'emporte pièce et de mise au ban.
Ensuite sans doute une part de "religion" inculquée d'une façon ou d'une autre. Le suicide est toujours très mal perçu je pense pour des raisons en partie religieuse. La religion a toujours condamné et rejeté ceux qui faisaient le choix de mourir de cette façon.
Et enfin, je pense qu'un genre de phénomène de dissociation se produit également lorsqu'une personne nous parle de suicide. Je ne pense pas qu'il existe une seule personne sur cette terre qui n'ait pas ou n'aura pas à un moment donné de sa vie une pensée suicidaire. La vie, vivre est loin d'être un long fleuve tranquille ! Et je pense que toute personne devra faire face à un moment donné à des difficultés, des traumatismes, des pertes, des chagrins...
Je crois que du coup, chaque personne qui réagit face à la détresse avec du rejet ou de la peur exprime en fait une sorte de rejet et de peur face à ce qu'elle-même peut ou a pu ressentir à un moment donné. Un peu comme si elle avait peur d'attraper une maladie contagieuse, d'attraper elle-même la dépression et qu'elle soit envahie par contagion de pensées suicidaires... Comme elle combat sa propre détresse en la rejetant, elle va réagir de même face à une personne qui l'exprime devant elle...
Mais qu'est-ce que la tristesse ou le désespoir ?
C'est un sentiment, des sensations corporelles et émotionnelles, des pensées qui s'expriment en nous. Pourquoi ressentir de la joie, rire seraient acceptables et pourraient être exprimés et pas son inverse ?
Prenons une autre émotion : la colère.
La colère peut être bonne, salvatrice. Elle est un indicateur de ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Elle peut être aussi protectrice et nous permettre de nous sauver en situation de danger. Elle peut être motivationnelle et nous pousser à agir, à réagir face à une situation qui nous déplaît...
La colère peut donc être très positive, très aidante dans notre quotidien !
A contrario, la colère peut aussi être destructrice, nous pousser à des actes de violences, à transgresser les règles de la société, la morale et à commettre des crimes ou des délits.
Je pense que la clé pour ne pas passer d'une colère positive à une colère délétère et mauvaise est l'expression de celle-ci. Apprendre dès le plus jeune âge que ressentir de la colère est un droit, est légitime, est primordial ! Apprendre à la doser, à l'exprimer de façon adéquate permet de faire de nous des êtres humains sains et équilibrés...
Pour moi, il est très important de me répéter que j'ai le droit d'être en colère, que ma colère est légitime. On m'a violée lorsque j'étais enfant. On m'a fait du mal dans la secte dans laquelle j'ai grandi. J'ai le droit d'être en colère ! Ma colère est légitime ! J'ai le droit de l'exprimer.
De même pour ma détresse et mon désespoir.
Ma tristesse est légitime. J'ai été abandonnée. On ne m'a pas protégée lorsque j'étais enfant et encore aujourd'hui je me sens seule et abandonnée, invisible. Ma tristesse est légitime. J'ai le droit de la ressentir et de l'exprimer. La société m'a abandonné. Les institutions m'ont abandonné. J'ai le droit d'être triste.
Qu'est ce qui fera qu'une personne passe à l'acte et se suicide ?
J'ai fait une tentative de suicide il y a plusieurs années. Mon frère s'est suicidé.
Je pense que c'est la non possibilité d'exprimer ouvertement cette tristesse qui fait qu'on passe à l'acte. Je pense que c'est la solitude et l'abandon qui font qu'on agit. La honte, la culpabilité de ne pas être un membre de la société sain, ne plus trouver sa place, se sentir rejeté parce que ce qu'on ressent n'est pas accepté et fait peur à l'autre.
Qu'est-ce qu'on attend de notre entourage lorsqu'on exprime tout haut notre désespoir ?
Juste de l'écoute. Juste d'être entendu, que notre tristesse soit acceptée comme légitime, comme un droit à s'exprimer.
Lorsque l'on peut parler, pleurer, nos émotions se calment. Notre détresse, notre souffrance physique et morale se dilue, s'intègre en nous.
Exprimer tout haut ce que l'on ressent et pense intérieurement permet que notre cerveau accepte cette réalité : nous sommes triste, nous sommes en difficulté, nous ressentons et pensons telle ou telle choses. Pouvoir le dire permet ensuite que nous cherchions ce qui nous aidera à apaiser cela en nous, à trouver des solutions, des raisons d'espérer, de se battre pour vivre...
Dans les 5 étapes du deuil, il y a le déni, la colère, le marchandage puis la dépression et enfin l'acceptation. Dans notre vie, nous pouvons avoir à faire de nombreux deuils ! Le deuil d'une relation amoureuse, d'un travail, d'un proche qui est décédé, d'une amitié...
Le dépression est l'une des étapes, l'avant dernière avant la reconstruction. Elle ne devrait donc pas être perçue comme négative !!!
La dépression, c’est le moment où nous commençons lentement à nous confronter à la réalité. C'est donc une étape importante pour accepter ce qu'on a vécu ou vie et réussir à le digérer, l'intégrer à notre propre histoire !
La dépression est un moyen que trouve notre cerveau pour intégrer dans notre mémoire autobiographique notre vécu.
Gardez le en tête s'il vous plaît !
La dépression est un processus positif ! C'est le signe que nous cherchons à avancer, à aller de l'avant ! Notre corps, notre cerveau a besoin de cette étape pour aller mieux.
Alors si nous exprimons de la tristesse, du désespoir... Ecoutez nous. Laissez nous l'exprimer, dire cette douleur tout haut. Ne nous grondez pas, ne nous dites pas "ah non je t'interdis de dire cela et de te suicider !". Si vous nous culpabilisez ou nous faites ressentir de la honte par cette phrase, tout ce que cela fera c'est que nous allons nous interdire de vous dire ce que nous ressentons. Nous allons tout garder pour nous et je pense que c'est là que cela devient dangereux et que nous risquons de passer à l'acte !
Ne nous faites pas ressentir de la honte ou de la culpabilité face à ce que nous ressentons. Notre ressenti est LEGITIME, nous avons le droit de penser ce que nous pensons, de ressentir ce que nous ressentons ! La vie c'est de la merde parfois. La vie fait mal. Et nier et refuser que parfois la vie puisse être ainsi c'est du déni ! Refuser de dire cette réalité ne nous permettra pas d'avancer et d'accepter et aller mieux ensuite !
Soyez simplement là. Ecoutez nous avec bienveillance, regardez nous, si nous l'acceptons, prenez nous dans vos bras. Dites nous que nous avons le droit de ressentir ce que nous ressentons, dites nous que vous nous entendez, que vous comprenez à quel point nous souffrons. Aidez nous ainsi à intégrer notre douleur, notre détresse, nos émotions...
Et si vous êtes des soignants, ne nous bourrez pas de cachets, de même, soyez des personnes compatissantes et prenez le temps avec nous, écoutez nous... Si nous sommes hospitalisés pour une dépression, laissez nous cet espace de parole, cette possibilité de nous exprimer enfin. Ne nous forcez pas à tout cacher et masquer, à jouer le rôle de la personne qui va mieux pour pouvoir sortir de l'hôpital. Permettez nous d'exprimer notre monde intérieure pour qu'une fois apaisés, nous puissions enfin nous tourner vers l'avenir, l'espoir, des projets... Là est votre rôle, pas de nous faire taire ou nous forcer à nous dissocier ou renforcer notre dissociation !
La dépression est POSITIVE !!! C'est l'avant dernière étape du deuil !
Cela signifie que nous allons bientôt aller mieux, avancer et trouver comment intégrer notre vécu douloureux à notre histoire pour qu'il y prenne sa place dans notre histoire et que la souffrance s'atténue !!!!!
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