Le terme « fausses allégations de violences sexuelles sur des enfants » peut désigner les situations suivantes :
Un enfant fait explicitement une fausse allégation de violences sexuelles.
Les parents ou les voisins nourrissent des soupçons qui se révèlent non étayés à l'issue de l'enquête, que des violences sexuelles aient été ou non allégués par l'enfant.
Les allégations sont le résultat de méthodes d'enquête inadéquates.
Un enfant a été agressé sexuellement mais ment au sujet du viol et le nie même.
Les recherches ont constamment montré que les fausses allégations de violences sexuelles sur des enfants sont rares : en moyenne 1%.
En outre, il convient de noter que dans une poursuite pénale, la charge de la preuve au-delà de tout doute raisonnable incombe au procureur. L’accusé n’a pas à démontrer qu’il est innocent. Par conséquent, un acquittement ne signifie pas nécessairement qu'un crime n'a pas été commis ou qu'une victime a fait de fausses allégations de violences sexuelles. Un tel verdict peut résulter d'un doute raisonnable quant à la culpabilité de l'accusé, même si la victime a été jugée crédible.
Les recherches menées à ce jour suggèrent que de fausses allégations sont rarement faites intentionnellement et sont plus souvent faites par des adolescents et des adultes que par des enfants, il est important de toujours considérer que les allégations de violences sexuelles peuvent être fausses. Il est également important de garder à l'esprit que les enfants qui ont été violentés sexuellement ne sont pas toujours prêts à divulguer les violences.
De plus, en l'absence d'une méthode fiable de détection du mensonge, les professionnels doivent adopter des pratiques rigoureuses et appliquer une expertise éprouvée. Ces pratiques doivent inclure une attitude de soutien et être adaptées aux capacités des enfants, qui varient en fonction de leur âge. Seules des enquêtes rigoureuses et minutieuses, fondées sur une panoplie d'hypothèses et de sources d'information, sont susceptibles de concilier la quête de la vérité avec le respect absolu de l'enfant.
Mike Stanton a passé un an à étudier la controverse sur la mémoire récupérée et à rendre compte de ce qu'il a appris.
U-turn on memory lane Mike Stanton
Factors influencing children to self-disclose sexual abuse Mary L. Paine, David J. Hansen
Les auteurs ont examiné 576 allégations de violences sexuelles sur des enfants au ministère des Services sociaux de Denver et ont classé les rapports comme fiables ou fictifs. Dans seulement 1% du total des cas, des enfants ont été jugés comme ayant avancé une allégation fictive.
Reliable and Fictitious Accounts of Sexual Abuse to Children David P H Jones, J. Melbourne Mcgraw
Un examen des notes de cas de tous les rapports de violences sexuelles sur des enfants au Département des services sociaux de Denver sur 12 mois. Les cas ont été classés en quatre groupes: les violences fondées et non sexuelles, les récits non concluants et erronés des enfants. 551 cas ont été examinés. Il y avait 14 préoccupations erronées (2,5%) émanant des enfants. Ils comprenaient trois cas d'allégations faites en collusion avec un parent, trois cas où un événement innocent a été interprété à tort comme une violence sexuelle et huit cas (1,5%) de fausses allégations de violences sexuelles.
Erroneous concerns about child sexual abuse R.KimOatesaDavid P.H.JonesbDavidDensoncAndrewSirotnakdNancyGaryeRichard D.Krugman
Les auteurs ont interrogé des travailleurs des services de protection de l'enfance et ont trouvé un taux estimé de fausses allégations qui se situait entre 4,7 et 7,6% de tous les rapports d'enfants et d'adolescents signalants des violences sexuelles
False Allegations of Sexual Abuse by Children and Adolescents Mark D Everson Ph D Barbara W Boat Ph D
Les auteurs ont conclu: «Les fausses allégations de violences sexuelles par des enfants et des adolescents sont statistiquement rares, se produisant au taux de 2 à 10 pour cent de tous les cas. "
False Sexual-Abuse Allegations by Children and Adolescents: Contextual Factors and Clinical Subtypes Edwin J. Mikkelsen, Thomas G. Gutheil, Margaret Emens
La Floride, le Missouri, le Vermont et la Virginie ont examiné les dossiers du Service de protection de l'enfance (CPS) pour déterminer l'étendue des fausses déclarations, ils ont constaté que les fausses déclarations intentionnelles représentaient moins de 1% de tous les rapports non étayés de maltraitance d'enfants ( moins de 1 rapport non étayé sur 100)
Child Maltreatment 1997: Reports from the States to the National Child Abuse and Neglect
Les recherches menées auprès d'enfants dont les violences sexuelles subies ont été prouvées ont montré que les enfants ont tendance à minimiser et à nier les violences, et non à exagérer ou à sur déclarer.
les chercheurs ont examiné 28 cas dans lesquels des enfants avaient été testés positifs pour une maladie sexuellement transmissible, seuls 12 des 28 enfants interrogés (43%) ont donné une confirmation verbale de violences sexuelles.
False Negatives in Sexual Abuse Disclosure Interviews: Incidence and Influence of Caretaker's Belief in Abuse in Cases of Accidental Abuse Discovery by Diagnosis of STD Louanne Lawson, Mark Chaffin
Cette affaire concernait un auteur isolé qui a plaidé coupable après que des films de ses mauvais traitements infligés à dix enfants aient été découverts par les autorités. Grâce à ces enregistrements vidéo détaillés, les chercheurs savaient exactement ce qui était arrivé à ces enfants et ont pu le comparer à ce que les enfants avaient dit aux enquêteurs lors de leur entretien. Les chercheurs ont découvert ici une tendance significative chez les enfants à nier ou minimiser leurs expériences.
Limited Disclosure of Sexual Abuse in Children Whose Experiences Were Documented by Videotape Rickard L. Sjöberg, Frank Lindblad
Certaines personnes croient que les rétractations sont un signe certain qu'un enfant a menti. Cependant, une étude récente a révélé que la pression exercée par les membres de la famille joue un rôle important dans les rétractations. Les chercheurs ont trouvé un taux de rétractation de 23,1%
Filial Dependency and Recantation of Child Sexual Abuse Allegations Lindsay C Malloym A Thomas D Lyon JD D Jodi
Le "syndrome d'aliénation parentale" :
Sont fondateurs est Richard Gardner
Source : http://sisyphe.org/article.php3?id_article=294%20et%20http://sisyphe.org/article.php3?id_article=296
"Gardner (1992, pp. 18-32) a élaboré sa propre théorie sur les bénéfices, du point de vue de l’évolution, des pratiques sexuelles déviantes, qualifiées de paraphilies. Selon lui, plusieurs comportements sexuels humains particuliers, dont la pédophilie, le sadisme (sexuel), la nécrophilie (la sexualité avec des cadavres), la zoophilie (la sexualité avec des animaux), la coprophilie (la sexualité impliquant la défécation), la klysmaphilie (la sexualité impliquant des lavements) et l’urophilie (la sexualité impliquant l’urine), peuvent être considérés comme utiles à la survie de l’espèce. Il ne serait donc « pas justifié de les exclure de la liste des ’formes prétendument naturelles du comportement sexuel humain’ ». À son avis, de telles paraphilies pourraient servir les buts de la Nature par leur capacité à augmenter le niveau général d’excitation sexuelle dans la société et donc la probabilité que les gens aient des rapports sexuels, contribuant ainsi à la survie de l’espèce (Gardner, 1992, p. 20).
Dans le cadre de sa théorie, Gardner (1992, pp. 24-5) prête à la pédophilie des fins liées à la procréation. Même si une grossesse est encore impossible, il prétend que l’enfant attiré-e dans des rencontres sexuelles dès l’enfance est susceptible de devenir hautement sexualisée et de rechercher activement des expériences sexuelles durant les années précédant la puberté. Ainsi « chargé-e à bloc », l’enfant est plus susceptible de transmettre très tôt ses gènes à sa progéniture. Pour Gardner (1992, pp.24-5) : « Plus la machine à survie est jeune au moment de l’apparition des pulsions sexuelles, plus durable sera sa capacité procréatrice et plus grande la probabilité que cet individu engendre d’autres machines à survie dans la génération suivante. »"
Quelques citations de Richard Gardner :
"De nombreuses sociétés ont été injustement répressives à l’égard de ceux qui ont des tendances sexuelles paraphiles et n’ont pas prêté attention aux facteurs génétiques qui peuvent les expliquer. Prendre en considération cette dimension pourrait permettre de mieux tolérer ceux qui ont des penchants sexuels atypiques. J’espère que cette théorie permettra de mieux comprendre et respecter ces individus qui par ailleurs jouent un rôle dans la survie de l’espèce" (Gardner "True and False Accusation", note 27, 670).
"La société occidentale est excessivement moralisatrice à l'égard des pédophiles. A mes yeux, les punitions draconiennes infligées aux pédophiles vont bien au-delà de la gravité des faits qu'on leur reproche". Gardner, R.A. (1991), Sex Abuse Hysteria: Salem Witch Trials Revisited, Cresskill, NJ: Creative Therapeutics, p.118
"Nous sommes fondés à croire que la plupart, sinon tous les enfants, ont la capacité d'atteindre un orgasme dès leur naissance". Gardner, R.A. (1991, Sex Abuse Hysteria: Salem Witch Trials Revisited, Cresskill, NJ: Creative Therapeutics, p. 12)
"L'enfant victime d'agressions sexuelles est généralement tenu pour une victime alors que l'enfant peut parfaitement initier des rencontres sexuelles en 'séduisant' l'adulte". Gardner, R.A. (1986), "Child Custody Litigation: A Guide for Parents and Mental Health Professionals", Cresskill, NJ : Creative Therapeutics, p 93.
"Il est important de souligner ici que beaucoup de ces thérapeutes croient qu’une rencontre sexuelle entre un adulte et un enfant – même brève, même tendre, aimante et non douloureuse – est automatiquement et immanquablement traumatisante pour l’enfant". Gardner, R. A. (1992), "True and false accusations of child sex abuse", Cresskill, NJ: Creative Therapeutics, pp. 670.
"La réduction de sa culpabilité par rapport à la masturbation l’aidera à encourager cette pratique chez sa fille, au besoin. Et le gain de sexualité de la mère pourrait réduire le besoin qu’éprouve son mari de retourner vers leur fille pour des satisfactions sexuelles". Gardner, R. A., "True and false accusations of child sex abuse", Cresskill, NJ: Creative Therapeutics. 1992, p. 585.
La nouvelle définition du SAP en France, donnée par Paul Bensussan en 2013, est: "La condition psychologique particulière d'un enfant (habituellement dont les parents sont engagés dans une séparation très conflictuelle) qui s'allie fortement à l'un de ses parents (le parent préféré) et rejette la relation avec l'autre parent (le parent aliéné) sans raison légitime".
Les fausses allégations dans le cadre d'un divorce :
The Myth of Epidemic False Allegations of Sexual Abuse in Divorce Cases by Merrilyn McDonald
7 672 enquêtes sur la maltraitance des enfants signalées aux autorités de protection de l'enfance en raison de soupçons de maltraitance ou de négligence envers les enfants, 4% de tous les cas sont considérés comme intentionnellement fabriqués. Cependant, aucune des fausses allégations de violences sexuelles ne provenait des enfants eux-mêmes.
False allegations of abuse and neglect when parents separate NicoTrocméa NicholasBalab
Moins de 8 % des cas de séparations conflictuelles (et moins de 2% pour les enfants les plus jeunes). En France, une analyse de 30.000 dossiers des Juges aux Affaires Familiales commandée en 2001 a montré que les "fausses accusations" de violences sexuelles dans le cadre de séparations ne représentent que 0,8% des dossiers.
Le SAP a été officiellement proscrit des tribunaux français :
Dans le Vème plan de lutte contre les violences faites aux femmes, le gouvernement français dans ce bilan, au niveau de l’Axe D, l’objectif 19 intitulé « Protéger les mères et leurs enfants dans l’exercice de l’autorité parentale pendant et après la séparation », contient l’annonce de cette proscription de la manière suivante :
P 42 : Action 58 : Informer sur le caractère médicalement infondé du « syndrome d’aliénation parentale »
« Dans les cas de violences conjugales ou de violences faites aux enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » soulève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par conséquent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités. Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel « syndrome » et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion. Il n’est reconnu ni par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5) ouvrage de référence de l’association américaine de psychiatrie (APA), ni par la classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La recherche démontre que les fausses allégations de maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales.
C’est pourquoi une communication visant à proscrire l’utilisation de ce concept sera réalisée, via la publication d’une fiche sur ce sujet, sur le site du ministère de la Justice. »
Mme Laurence Rossignol a publié dans le n°02674 du JO Sénat du 28/12/2017 page 4666 : « une note d’information a été mise en ligne sur le site intranet de la direction des affaires civiles et du sceau du ministère de la justice pour informer les magistrats du caractère controversé et non reconnu du syndrome d’aliénation parentale, les inciter à regarder avec prudence ce moyen lorsqu’il est soulevé en défense et leur rappeler que d’autres outils sont à leur disposition en matière civile pour faire face aux situations parfois réelles d’un parent qui tenterait d’éloigner progressivement l’enfant de l’autre parent ».
En France des professionnels qui continuent de véhiculer les théories selon lesquelles les victimes mentent :
Dr Paul Bensussan, est expert psychiatre près la Cour d’appel de Versailles depuis 1996 et expert psychiatre agréé par la Cour de cassation depuis 2007.
Le docteur Paul Bensussan, psychiatre, expert près des tribunaux, affirmait dans un article « L’aliénation parentale vers la fin du déni ? » (Annales médico psychologiques, 2009) que :
« la validité du concept est démontrée et que les recommandations sur la conduite à tenir sur le plan psychologique comme sur le plan judiciaire sont validées ».
Or, contrairement à cette affirmation qui est une contre-vérité, la validité du concept n’est toujours pas démontrée . Dans une Lettre ouverte adressée aux responables du DSM Task Force ( Diagnostic and Statistical Manual) chargés de l’inclusion de nouvelles pathologies dans la nouvelle mouture du DSM qui doit sortir en 2013, l’ American Psychological Association, la Society fot Humanistic Psychology , (en coopération avec diverses sociétés scientifiques) , ainsi que plus de 5000 professionnels en santé mentale, se sont opposés à l’inclusion de différents « syndromes » dont le syndrome d’aliénation parentale car ils ne reposent sur aucune preuve empirique :
« Par exemple, le «syndrome d’apathie», le «trouble de dépendance à Internet», et le «syndrome d’aliénation parentale» n’ont pratiquement pas de fondement dans la littérature empirique »
Les responsables du DSM Task Force ont répondu ce 4 novembre 2011 :
« Nous tenons à clarifier plusieurs questions spécifiques que vous soulevez. Plusieurs troubles qui ont été mentionnés, tels que le Syndrome d’aliénation parentale, ont été proposés par des groupes extérieurs, mais n’ont pas été proposés par la Task Force pour leur inclusion . «
« Alors que des inconnues fondamentales demeurent, non seulement sur la nature même de ce concept, mais également sur l’étiologie, les critères de diagnostic, l’étendue et le traitement, un lobby de plus en plus actif essaye d’introduire le « syndrome d’aliénation parentale » (SAP) et/ou « aliénation parentale » dans la sphère judiciaire, en multipliant colloques et « formation » de magistrats et autres personnels judiciaires.
Les auteurs d’articles promouvant l’ aliénation parentale et souhaitant son introduction dans les nosographies internationales, se réfèrent systématiquement à Richard Gardner, son inventeur, à ses thèses et ses critères de diagnostic. Le ton de ces articles est le plus souvent péremptoire, définitif, ne laissant aucune place, pour un observateur non averti, à la moindre incertitude ou au moindre doute. Un article du psychiatre Jean-Marc Delfieu, qui est expert près des tribunaux en est l’illustration (revue « Expert », 2005), mais aussi l’article de la revue « Annales Médico-Psychologiques » (2009) intitulé « Aliénation parentale : vers la fin du déni ? », du docteur Paul Bensussan qui est aussi expert près des tribunaux. On peut en dire autant de la thèse de B. Goudard1, étudiante en médecine générale, qui a bénéficié d’une large promotion. Pourtant cette thèse, pour ceux qui connaissent le milieu universitaire médical, s’illustre par une absence de recherche et démarche scientifique minimales, qu’on serait en droit d’attendre d’une thèse présentée comme une référence scientifique.
L’utilisation de ce concept, en l’état actuel des connaissances, a généré aux USA des centaines d’erreurs de diagnostic qui ont mis les enfants en danger, et nous commençons à suivre le même chemin.
Le professeur de psychiatrie Paul Fink, ancien président de l’APA (American Psychiatric Association) et directeur du Leadership Council on Mental Health, déclarait : “ Je suis très inquiet en ce qui concerne l’influence que Gardner et sa pseudo-science peuvent exercer sur les tribunaux…. Une fois que le juge admet le SAP, il est facile de conclure que les allégations d’agressions sont mensongères et les tribunaux attribuent la garde des enfants à des agresseurs présumés ou avérés.” ( Bruch 2006)
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