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02/05/2021 Alain Brunet et sa thérapie de reconsolidation

La thérapie de reconsolidation est un protocole en 6 séances avec prises de cachets de propranolol pour soigner le trouble de stress post traumatique (TSPT).

C'est une thérapie expérimentale mise en place par Alain Brunet, un canadien.

Le principe : retraiter le souvenir émotionnel et atténuer ses reviviscences grâce à des cachets de propranolol.

Efficace sur 2/3 des patients traités.

Malheureusement cela ne peut être utilisé efficacement que lorsqu'il y a un unique événement traumatique, et sans amnésie dissociative si je comprends bien.

Ce traitement a été proposé à des victimes des attentats récents en France.


Le propranolol est prescrit habituellement pour des problèmes de cœur :

"Ce médicament appartient à la famille des bêtabloquants. Ceux-ci agissent en bloquant l'action de l'adrénaline (et d'autres hormones apparentées) sur de nombreux organes, notamment le cœur, les vaisseaux et les bronches."


Le principe du protocole de Alain Brunet est simple.


Faire écrire dans les moindres détails l'événement au patient. Lui donner des cachets de propranolol. Une fois que les cachets font effets, demander au patient de relire son récit. En le relisant, la mémoire émotionnelle va revenir. Mais les cachets de propranolol vont bloquer l'intensité émotionnelle, en stoppant la production d'adrénaline qui génère cette souffrance ressentie. La souffrance, la panique, la terreur seront moins intenses.


Le patient va donc réenregistrer l'événement avec une mémoire émotionnelle diminuée. Au fil des 6 séances du protocole, la mémoire émotionnelle reviendra à des taux normaux. Et le patient pourra enfin enregistrer l'événement traumatique vécu dans sa mémoire autobiographique comme un événement dure et difficile de sa vie mais sans le revivre en boucle avec les émotions intenses qui y étaient associées. Alain Brunet explique aussi qu'il y a une "fenêtre de temps" durant laquelle les cachets font effets. Il faut donc profiter de cette "fenêtre " pour faire revenir le souvenir et le réenregistrer à ce moment là.


Voici un reportage montrant comment cela a été mis en place pour les victimes des attentats récents en France :


Voici un site qui explique en quoi consiste la thérapie de reconsolidation :


De ce que je comprends il existe 2 sortes de mémoires à chaque événement.

  • la mémoire de l'événement en lui-même (images, sons, odeurs, paroles...)

  • la mémoire émotionnelle associée à cet événement.

A chaque fois qu'on se remémore cet événement, la mémoire émotionnelle se réenregistre en quelque sorte.

Par exemple, une personne qui a eu un grave accident de la route. Lors de l'accident, il pleuvait. Si cette personne développe un trouble de stress post traumatique, elle pourra avoir comme déclencheur :

  • Monter en voiture, conduire...

  • La pluie.

Qui fera remonter le souvenir dans sa mémoire et où cette personne le "revivra à l'identique".

Disons qu'un jour, il pleuve et qu'elle soit chez elle et regarde la pluie tomber par la fenêtre, tout en écoutant une chanson à la radio. Elle va avoir le déclencheur de la pluie qui va faire revenir les souvenirs. Sa mémoire émotionnelle va réenregistrer le souvenir traumatisant de l'accident avec celui de son présent. Elle aura alors une multiplication des déclencheurs :

  • la pluie

  • regarder par la fenêtre

  • les voitures, monter en voiture

  • le morceau de musique qu'elle a écouté

  • être chez elle...

Et elle se mettra à éviter tous ces déclencheurs inconsciemment pour ne surtout pas revivre cet événement. Elle fuira les fenêtres, sera incapable de monter en voiture, aura du mal à rester chez elle, sera en panique dès qu'il pleut... et ainsi de suite... son quotidien deviendra un terrain miné et de plus en plus de choses deviendront des déclencheurs...

Lorsque ce souvenir revient, il n'est pas altéré, modifié lors du "réenregistrement". C'est simplement, qu'elle va ressentir de la panique, un sentiment de mort imminente, d'impuissance... et ce qui va s'ajouter à sa mémoire c'est toutes les situations potentiellement "dangereuses" qu'il faut éviter. Son cerveau va analyser les choses en se disant, dans ces endroits, je suis en danger, je me sens en danger et va tout faire pour les éviter afin de se protéger et ne pas revivre la souffrance émotionnelle.

C'est pour cette raison que plus on attend, plus le patient perd de temps avant d'être pris en charge, plus son quotidien va être impacté.

A chaque fois que le souvenir remontera à la surface, de plus en plus de situation dans lesquels il se trouve lorsqu'il se remémore l'accident se transformeront en situation de danger potentiel.

Le protocole de la thérapie de reconsolidation de Alain Brunet l'explique bien. Lors d'un seul événement traumatique, on peut faire réenregistrer la mémoire émotionnelle en diminuant son intensité.


Je trouve ça génial!


J'ai énormément de déclencheurs. Pour certains j'en suis consciente. Pour d'autres, je m'en rends compte après coup. J'ai des amnésies de mon présent, des parties dissociatives ont été réactivées et j'ai "perdu du temps" parce qu'elles ont "pris le contrôle " du corps et je ne sais pas ce que j'ai fait durant 1h, 30 minutes ou une journée... Ma vie est un véritable "terrain miné". Beaucoup de situations génèrent chez moi un sentiment de panique, de danger de mort imminente et de ressentis de souffrances intenses dus à ces déclencheurs inconscients qui font remonter à la surface de ma mémoire les événements traumatiques que j'ai vécu.


Est ce que ce protocole pourrait être adapté pour un trouble de stress post traumatique complexe, un trouble dissociatif de l'identité ?


Ce serait sûrement très compliqué ! Il faudrait réussir à faire collaborer toutes les parties dissociatives pendant plusieurs mois. Et "traiter" les événements traumatiques les un après les autres.


Il faudrait que le système de parties dans son ensemble se mette d'accord sur le souvenir à traiter et que cela soit uniquement celui-là qui soit remémoré au moment du traitement.

Ensuite, il faudrait que seule les parties dissociatives concernées par ce souvenir soient présentes pour que cette mémoire de cet événement traumatique puisse être réenregistré. Que seule celles qui en portent les fragments de mémoires travaillent avec le médecin.


Avec un trouble dissociatif de l'identité, tout est extrêmement complexe!

En séance de thérapie, il se joue beaucoup de choses!


Quand on traîne une vie entière de traumatismes derrière soit, il est difficile de se focaliser sur un seul événement! Et lorsque les événements traumatiques sont commis par l'entourage proche, il y a beaucoup d'autres mécanismes psychologiques en jeu (liens d'attachements, construction psychique et sociale, phobies, culpabilité, honte, colère contre soi, sentiment d'impuissance et reproche interne...)!

De plus du fait de la dissociation l'enregistrement de la mémoire est fragmenté. Certaines de mes parties dissociatives portent le souvenir du début de l'événement, puis n'étaient pas "présentes " pour la suite. J'ai une partie, "Martin" qui est là pour endurer les choses lorsque la douleur devient insupportable. Dans ce cas, c'est lui qui prend le "relais". Il a ainsi permis à mes autres parties dissociatives d'être inconscientes de la souffrance physique que j'ai enduré. Ensuite, lorsque c'était fini, d'autres parties prenaient le relais. Cela pouvait être des parties affectueuses avec mes bourreaux qui cherchaient à faire en sorte que mes violeurs ne nous tuent pas et "redeviennent" "gentils".


Il faudrait donc que ces parties acceptent d'entendre le récit de martin avec toute la violence et souffrance qui y est associée... il faudrait que Martin accepte d'entendre les parties "affectueuses" et qu'il accepte leurs actions sans les leur reprocher... il faudrait que la culpabilité, les reproches internes soient moins présents pour que la collaboration soit possible...


Ou peut-être que cela serait possible en traitant un fragment d'une partie après l'autre? Dans ce cas, il serait juste nécessaire d'avoir l'accord des parties et de switcher en la partie qui accepterait d'être un peu "déchargée " de sa souffrance. ..


Mais on en revient toujours à la même problématique. .. pour que cela soit possible, il faut des pros formés, capable d'instaurer suffisamment de confiance chez l'ensemble des parties, capable de dialoguer en amont avec les parties pour que tout cela se fasse... Capable d'adapter leur explication du protocole et de son bienfondé à toutes les parties dissociatives et inspirer un climat de confiance et de sécurité...


Je pense que ce serait possible... cela prendrait du temps pour traiter les souvenirs un par un mais avec un bon pro qui sait dialoguer et comprend le fonctionnement des TDI ce serait potentiellement possible...


Il faudrait également trouver comment adapter le protocole aux parties dissociatives "petites", avec la collaboration de parties dissociatives "adultes" qui accepteraient d'écrire leur souvenir pour elle ? L'adapter aux parties portant la souffrance plus "sensorielle, corporelle" peut-être en les filmant lorsqu'elles le racontent et revisionner le film lorsque les cachets font effet ?


Mais je pense que les parties dissociatives pourraient potentiellement accepter de collaborer après quelques "tests" pour voir si cela fonctionne, si les parties ayant essayé se sentent mieux et souffrent moins, toutes pourraient accepter de collaborer...


L'une de mes psychiatres m'a prescrit ces cachets il y a quelques années, ayant entendu parler de ce "médicament miracle". Cela n'a pas eu l'effet escompté sur moi et j'ai eu des effets secondaires, des palpitations, beaucoup d'agitation et de suractivation... J'ai fini par demander à stopper ce traitement car je me sentais mal.


Je pense que ce protocole doit être encadré par du personnel soignant (prise de tension, prise des médicaments à l'hôpital, surveillance des constantes...). Que des objectifs soient fixés avec les parties sur le long terme, que le protocole soit clairement expliqué et compris.


Lorsque je l'ai pris, je n'étais pas prête. Je venais juste d'être diagnostiquée pour mon TSPT complexe et mon TDI. Il n'y avait aucune collaboration, dialogue entre mes parties. Et je prenais les cachets chez moi. Il n'y avait donc aucun "retraitement" de mes souvenirs dans un cadre sécurisé ni séparation du souvenir à traiter. Je n'avais donc aucun réenregistrement d'un souvenir donné... Je n'avais pas de suivi de mes constantes...


Ayant lu le protocole, je vois les choses différemment à présent, et je me dis que peut-être dans un autre contexte, cela fonctionnerait?

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