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  • Writer's pictureLeelah

20/02/2022 Procès pour viol


J'ai assisté à un procès pour viol sur mineur. J'ai la chance d'avoir un membre de ma famille qui travaille dans la justice et j'ai donc pu l'accompagner et assister à ce procès.


C'était une démarche importante pour moi ! Nous avons une représentation faussée par la télévision qui montre principalement des procès se déroulant aux Etats-Unis ou ailleurs et en France cela n'a rien à voir. J'avais besoin de me forger une représentation mentale des lieux, du déroulement, de ceux qui font la justice...


Je vous fais un résumé de ce que j'ai appris :

Tout d'abord, l'agencement des lieux est différent. Imaginez un rectangle, une pièce étroite, toute en longueur. La moitié de la salle ressemble à une église avec deux rangées de bancs alignés les un derrière les autres. Cette partie est réservée aux "spectateurs", les personnes extérieures qui assistent au procès.

L'autre moitié, au fond est pour le procès. Donc un carré avec à gauche la partie plaignante, alignée comme les bancs des personnes qui assistent au procès. Une chose qui m'a choquée est que les plaignantes sont au premier rang des bancs à gauche et non aux côtés des avocats qui les défendent qui se trouvent devant elles. Puis pour le côté gauche de ce "carré", se trouve sur une sorte d'estrade le ou la procureur. Le ou la procureur se trouve en perpendiculaire par rapport aux bancs des personnes qui assistent au procès. Caché derrière se trouvent le ou la greffière (qui note le déroulé du procès) et l'huissier (qui veille au bon déroulé du procès, au côté cérémonial...).

En face de la ou le procureur, il y a le box de l'accusé. C'est un box vitré entièrement. et juste devant ce box se trouve son avocat. Le box est en perpendiculaire à droite par rapport aux bancs des personnes qui assistent au procès. Puis pour "terminer" ce carré au fond de la salle se trouve une estrade où prennent place les jurés, avec à leur centre le ou la présidente. Ils se trouvent donc face aux bancs de ceux qui regardent le procès.

Au milieu de ce "carré" il y a un pupitre et c'est là que les témoins et experts viennent témoigner.


C'est donc très impressionnant !!! Tous les "acteurs" du procès sont collés les un aux autres. Il n'y a pas vraiment d'espace. Je me suis imaginée à la place des victimes, pour ma propre plainte... Il faut beaucoup de courage pour faire face. On voit l'accusé. Il nous regarde. Et lorsqu'on témoigne, à notre droite il y a presque collé à nous l'avocat de la défense et l'accusé. Il est donc difficile de faire abstraction de cette proximité... Je ne sais pas si il est possible que notre avocat se place à notre droite pour les "cacher".

Une autre chose qui m'a choquée est que en tant que plaignante, nous ne sommes pas assises avec nos avocats. Nous sommes comme spectatrices, encore une fois, d'autres parlent pour nous et nous devons nous en remettre à eux pour nous défendre, nous ne sommes pas actrices, les plaignantes restent assises, observent, écoutent, en retrait. Les avocats des plaignantes discutent entre eux et se retournent parfois vers les plaignantes pour leur parler mais je trouve la place assignée des plaignantes assez injuste. Elles sont reléguées au rang de personnes qui assistent, sur les mêmes bancs que les spectateurs, au même niveau symboliquement... En retrait de ce "carré" où se déroule la justice... J'ai eu cette image qui m'est revenue d'un viol que j'ai subi, de cette impression sur le moment que j'ai eu de "sortir" de mon corps et d'"observer" la scène. C'est un peu l'impression que j'ai pendant tout le procès de la place occupée par les plaignantes. Etre spectatrice de la scène qui se déroule. Quelque chose de grave se passe mais les plaignantes sont "sorties" du "corps", de ce qu'il est en train de se passer... Un côté déshumanisé où la victime est reléguée au rang d'objet passif qui n'a plus sa propre voix sauf lorsqu'elle va témoigner à la barre...


Une autre chose qui m'a frappée est que le procès repose sur la compétence presque exclusive de la ou du président et de la ou du procureur. La présidente mène tous les débats, pose toutes les questions ou presque. Tout repose presque uniquement sur le ou la présidente !!! Il est donc PRIMORDIAL de les former au psychotrauma !!!!


Au début du procès, l'histoire de l'accusé est creusée, décortiquée avec minutie. C'est ainsi que débute le procès. C'est assez choquant je pense pour une victime d'entendre toutes ces questions... Comme si une histoire d'enfance difficile expliquait, excusait les agissements du violeur... J'ai ressenti beaucoup de colère à ce moment là ! Beaucoup de parties s'offusquaient ! Surtout que l'histoire de vie, l'enfance des victimes est à contrario survolée... Ou en tout cas n'est pas autant décortiquée... L'accusé parle beaucoup. En fait, c'est lui qui a le plus de temps de parole. Il est interrogé systématiquement par le ou la présidente. On lui demande systématiquement si il est d'accord, si il n'a pas d'objection... Par contre, seuls les avocats des plaignantes sont interrogées, on ne demande pas spécifiquement aux victimes de dire explicitement si elles sont d'accord et si elles n'ont pas d'objection. Encore une fois, elles sont placées à l'écart, au rang de spectatrices...


Ensuite, les faits sont énoncés. Le viol, son déroulement avec le défilé des personnes qui témoignent : le policier chargé de l'enquête, les témoins, les victimes... J'ai été frappée par le fait que toutes les personnes qui témoignent disent majoritairement je ne me souviens pas. Le procès avait lieu plusieurs années après les faits mais j'étais tout de même choquée que des policiers disent qu'ils ne se souviennent pas ou des témoins... Assez bêtement, je me disais que ces personnes n'ayant pas d'amnésies dissociatives comme moi ou peut-être les victimes et que donc eux n'auraient pas ce problème de mémoire... Donc cela me fait "rire jaune" qu'on ose reprocher aux victimes leurs trous de mémoires alors que de simples spectateurs ou des professionnels ont les mêmes problèmes sans avoir été menacé de mort ou sans avoir été victime de violence !!! Peut-être serait il bien de conseiller aux témoins des faits après avoir été interrogé par la police d'écrire sur une feuille tout ce dont ils se souviennent pour pouvoir le relire lorsqu'ils sont amenés à témoigner plusieurs années après...?

Donc quand on témoigne, on s'avance à ce pupitre au centre. Cela doit être très impressionnant ! On doit décliner notre identité, profession, âge et adresse (les policiers donnent l'adresse du commissariat où ils travaillent, les psys celle de leur cabinet et les victimes celle de leur avocat, pour les témoins, je ne sais pas si c'est leur véritable adresse). Puis le président nous demande de jurer de dire toute la vérité. Ensuite le président nous interroge. Au départ, il demande de dire ce dont on se souvient. Si notre témoignage s'écarte ou comporte des oublis par rapport à notre interrogatoire par la police au moment des faits, le président relis ce que nous avions dit et demande si nous réitérons nos dires. Puis l'avocat de l'accusé, le procureur et les avocats de la défense peuvent interroger le témoin à leur tour. Une autre chose à savoir pour les victimes est que si vous venez accompagné de témoins pour vous soutenir, ceux-ci ne pourront pas assister au procès tant qu'ils n'auront pas été appelé à témoigner. Donc préparez vous à être seule si vous n'avez personne d'autre pour vous soutenir...


Une autre chose qui m'a choquée est que lorsque le président parle et parfois même lorsqu'il pose des questions, très peu de personnes observent. Que ce soit les avocats, le président... tous sont les yeux collés à leurs papiers. L'avocat de la défense et même ceux des plaignantes écrivent beaucoup sur leurs feuilles ou ordinateurs. C'est comme si l'importance était exclusivement centrée sur la parole, l'oralité. Les corps, les regards, les micros expressions... tout cela ne semble pas avoir d'importance à ce moment là. Le visage de l'accusé, les regards qu'il jette aux plaignantes tout cela est comme absent, inexistant... Cela donne un côté très détaché, inhumain, froid, factuel... Les personnes importantes, à prendre en compte dans le procès : les plaignantes et l'accusé sont en retrait. Les plaignantes derrière leurs avocats, donc la présidente et les autres personnes de la justice ne peuvent pas vraiment les observer, voir leurs sursauts, leur sidération... et l'accusé est derrière son box vitré, on ne peut pas vraiment l'observer. Comme si le corps ne comptait pas et seul la voix avait une importance.... Je trouve cela très dure ! Avec la voix on peut mentir... le corps lui ne ment pas ! Et le corps dit tellement de choses !!!! Un accusé peut dire qu'il ne fait pas telle ou telle chose mais si on observe lorsqu'il parle ses proches à leurs réactions on peut suspecter qu'il ment car telle personne a fait oui de la tête, ou s'est mise à se bercer avec ses propres bras à l'évocation de violences qu'il dit ne jamais avoir commises.... Le calme, le contrôle du visage de l'accusé, l'inadéquation de ce qu'il dit et ses réactions corporelles en dit long sur lui, sur sa dangerosité... Il peut formuler des excuses orales mais par ailleurs ne montrer physiquement aucun signe de repentance, de tristesse, de remords... La parole est importante mais le contexte aussi. En fait, le procès est comme une deuxième enquête. Le président est l'enquêteur principal, il lit ses feuilles, comme une litanie tout au long du procès. Son "second" est le procureur et les avocats des deux parties sont comme des intervenants extérieurs qui tentent d'orienter l'enquête en faveur ou défaveur de l'accusé. Assez étrangement on se croirait dans une pièce de théâtre. Avec des acteurs qui récitent un texte...


Le déroulé du procès est très cérémonial ! Les avocats, le procureur portent la robe noire et blanche, le président sa robe rouge et blanche. L'entrée des jurés et du président est très impressionnante ! L'huissier attend devant une porte au fond de la salle et lorsqu'une sonnerie très stridente retenti, et qu'il annonce l'arrivée du président, tout le monde dans la salle doit se lever. Le président s'installe à sa place et nous autorise ensuite à nous assoir. A certains moments, j'avais l'image du cérémonial d'une messe chrétienne qui se superposait. Je rigolais intérieurement en me disant que j'allais devoir faire un signe de croix juste après l'entrée du président tellement cette pièce m'y faisait penser... Ha ha !

Les policiers présents dans la salle à la place des enfants de chœur... Bon je sais rien à voir mais on a les références mentales qu'on peut en fonction de son vécu... ;) Autre référence mentale de merde... Le "pupitre" ou les témoins sont interrogés m'a fortement fait pensé à la place du chantre dans les messes catholiques 😅 avec une petite image mentale assez marrante du témoin qui se met à chanter et qui de sa main droite lorsqu'il prêtre serment demande à l'assemblée de chanter avec lui....


Après, plus personnellement, avoir pu y assister m'a beaucoup aidé. A divers moments, j'ai laissé mes parties petites venir pour observer les lieux, se rassurer sur leur sécurité prochaine si ma plainte est acceptée et que un procès a lieu pour ce qu'on m'a fait subir. J'aurais aimé avoir la salle pour moi toute seule quelques minutes et pouvoir m'assoir un instant à la place occupée par les plaignantes et me rendre au pupitre et laisser mes parties petites s'en imprégner et me dire intérieurement "ça va aller ! On sera toutes là! On vous aidera ! Cela ne nous tuera pas!". Mes parties ados ont pu également venir et observer, critiquer intérieurement et, je pense, adapter leur vision de ce que ce sera pour nous à la réalité. Un procès est froid, détaché. Il n'y a peu ou pas d'émotion. Il y en a de la part des victimes bien sûr lorsqu'elles témoignent mais cette émotion semble plus "négative" car elle empêche les victimes de répondre aux questions. Encore une fois seule la parole, la capacité à parler semble compter. Après, je pense que pour les jurés et la présidente le fait qu'une victime fasse une crise d'angoisse ou fonde en larme est certainement pris en compte pour se rendre compte du préjudice subi mais ce qui est demandé est de rapporter les faits, de parler, la capacité à répondre aux questions et à être audible... Je me demande dans mon cas comment je pourrai le faire.... Personnellement, je pense que ma partie "petite des cages" devrait venir témoigner. Elle a autour de 2 ou 3 ans. Elle parle avec une petite voix aiguë et lorsqu'elle parle, elle est très souvent en larme. Je sais que si elle venait témoigner ce serait surement difficile pour les juré et le président de la comprendre... Mais en même temps, à l'intérieur, nous estimons qu'elle a droit à ce moment, qu'elle a droit de retrouver son humanité, d'être enfin entendue après toutes ces années. La reléguer au rang de spectatrice me semblerait injuste vu ce qu'elle a subi, son courage, sa force... Nous lui devons cela ! Je pense qu'il me faudra du temps pour y réfléchir intérieurement... En fait j'imaginais que les victimes étaient plus prises en compte. Je pensais, j'imaginais le déroulement de mon propre procès comme un lieu où chacune de mes parties aurait le droit à la parole. Que chacune pourrait dire ce que les violeurs nous avaient fait. J'espérais d'une certaine façon ce moment comme une transformation intérieure en une guerrière victorieuse. Chacune de mes parties aurait pu dire, retrouver sa dignité, recouvrir leur humanité en témoignant tour à tour. J'imaginais mentalement que chacune de nos paroles seraient comme une marée de boue remplie de sang, de larme, de merde qui "s'envoleraient", sortirait enfin de nous et irait se déverser sur les violeurs. Mais ce n'est pas le cas. Personne ne semble choqué, offusqué par les agissements du violeur. Je n'ai pas eu l'impression que la honte changeait de "camps" sauf à la fin du procès lorsque le violeur a été emmené menotté en prison. Et encore, c'était calme, presque banale... A-t-on le droit d'exulter, de pleurer à ce moment là? A t'on le droit d'exprimer quelque chose ?


Le seul moment d'humanité que j'ai senti est lorsque le procureur a fait son plaidoyer. Il a été incroyable !!! Il a dit des mots que toutes victimes de viol aimerait entendre. Il connaissait la sidération, les effets d'un traumatisme... Il a redis les chiffres choquant des plaintes pour viol qui aboutissent à un procès, il a redis le nombre de victime en France, le nombre de victimes enfants... Il est le seul à avoir véritablement remis les faits à l'endroit. Il y a des gens qui réparent, ce procureur est l'une de ces personnes ! D'une humanité incroyable, d'une grande douceur et compréhension, empathie envers les victimes et d'une grande fermeté et objectivité envers l'accusé. Mais que se passe t'il lorsque le procureur ne sait rien du psychotrauma ? Qui dit les mots qui réparent? Qui remet les faits à l'endroit ? La encore il est primordial que les professionnel qui occupent ce post soient formés aux conséquences du traumatisme !!!!


Personnellement, j'ai quitté la salle à deux reprises. Lorsque les psys qui avaient fait les expertises psychiatriques ont témoigné. Un peu trop de merdasse et vomis psychanalytique à mon goût... et oui... encore et toujours... Trop insupportable pour moi ! Puis lorsqu'à la fin du procès, l'avocat de l'accusé a fait son plaidoyer. Je ne souhaitais pas que nous entendions ses justifications!


Assister au procès m'a aidé à ajuster mes espoirs et mes attentes vis à vis de ma propre plainte, savoir à quoi m'attendre, avoir aussi du temps pour m'y préparer...


Mais cela a aussi été extrêmement éprouvant !!! Le récit de ce que les victimes avaient subi a beaucoup réactivé mes propres traumas. J'ai été envahie à plusieurs reprises par des flashbacks et j'ai eu du mal à "redevenir l'adulte". J'ai eu l'impression au fil du procès que mon corps ne m'appartenait plus, comme si à l'évocation de ces faits, tout ce que j'avais vécu recommençait... J'ai eu envie de vomir, j'avais l'impression que mes organes sexuelles se liquéfiaient, s'ouvraient... L'impression d'être deux trous béants... J'ai eu peur de me faire dessus sur le banc. Et cette sensation a perduré 1 jour après puis a disparu.

Ce qui m'a le plus gêné est l'excitation sexuelle involontaire que j'ai ressenti. Comme si mon corps, en entendant le récit du viol se préparait sans mon consentement, sans aucun contrôle de ma tête à en subir un à mon tour...

Les évocations des viols étaient insupportables et plusieurs de mes parties voulaient trouver un moyen de nous déconnecter. Pendant quelques minutes j'ai ressenti l'envie de fuir, d'aller dans un bar boire de l'alcool pour me déconnecter. Je suis sortie et je suis allée acheter des cigarettes. J'ai fumé comme un sapeur... Puis ces parties ont fini par se calmer. Suite à cela certaines parties se sont inquiétées. Comment vais je faire si je témoigne moi-même? Serais-je capable de parler? Et si ma partie "la bête", celle qui a du faire le chien et a du faire des choses très dégradantes et humiliantes vient pour témoigner? On va me prendre pour une folle... Et si je me mets à me vider devant tout le monde? Me pisser dessus de peur ou vomir? Certaines parties à l'intérieur étaient très en colère que nous ayons réagit ainsi, ressenti cette réactivation involontaire... Elles refusent de se montrer ainsi, elles ressentent beaucoup de colère vis-à-vis des parties qui réactivent ces réactions physiques. Elles ont peur de montrer cela à nos violeurs le jour du procès. On ne veut pas lui montrer ça, on n'est pas faible, on veut qu'ils nous voient forte, combattante, intouchable!!!


Le verdict en lui même est assez décevant. Mais là encore, je pense que cela m'a aidé à avancer intérieurement! Une peine assez dérisoire... La seule satisfaction pour les victimes je pense est que leur violeur a été reconnu coupable. Une forme de reconnaissance... Enfin !!! Mais elle est loin, très très loin d'être à la hauteur des actes commis et du préjudice subi !!! Et malheureusement c'est très loin d'être vraiment dissuasif... Là encore la justice devrait avancer et changer pour envoyer un message claire et limpide : ON NE TOUCHE PAS A UN ENFANT !!!!! Et si vous le faites, vous le paierez cher ! Et ce n'est pas le cas...


Un dernier point qui m'a interpellée est la somme absolument dérisoire qui est demandée en dédommagement pour les victimes. Là encore, on a cette vision de la justice américaine qui donne des millions aux victimes. Là ce n'est pas le cas. La justice est comme coupée des réalités de la vie... La somme donnée aux victimes ne permet même pas de se payer un bon suivi psychiatrique pour les victimes... là encore il y a du boulot !!!


Pour finir, je pense que tout le monde devrait assister à un procès pour viol, pour se rendre compte de ce qui s'y passe en réalité. Cela aiderait grandement la société à évoluer dans sa mentalité, à changer ses croyances sur les femmes ou les enfants qui mentent sur leurs accusations. Allez voir un procès !!! Vous verrez que c'est des années et des années d'attentes, de nombreux interrogatoires où il faut répéter encore et encore... Dévoiler toute son intimité... pour au final assister impuissante à une pièce de théâtre avec des acteurs sans expressions, sans émotions qui font le récit de ce qu'on a vécu, qui décident d'une peine dérisoire absolument pas à la hauteur de la souffrance, des difficultés, des troubles et blessures que cela a créé chez les victimes. Qui certes heureusement ont reconnu la culpabilité de l'accusé mais au final, ce sera juste une mini parenthèse dans sa vie. Alors que les victimes elles seront touchées à vie et la somme demandée ne leur permettra même pas ni de se construire une nouvelle vie, ni de pouvoir par exemple arrêter de travailler quelques temps pour prendre soin d'elles, ni de se payer un suivi psychiatrique de qualité pour les aider à se relever...


Je relis ce texte avant de le publier et je me trouve très dure, négative !!!

Juste après le procès j'étais très "euphorique" et en admiration du procureur. Les mots qu'il avait prononcé, la condamnation du violeur... comme si d'une certaine façon cette victoire était mienne... Comme si ces mots que le procureur a prononcé avaient été pour moi...

Je voulais écrire un texte depuis la fin du procès. Mais je n'y arrivais pas, le souvenir que j'en avais (juste après le procès ) était très brumeux avec l'impression de ne plus rien avoir en mémoire... Et ce matin, ça c'est débloqué, mais c'est principalement des parties justices et assez désabusée et en colère contre l'injustice qui ont écrit...


Ce qui prédomine aujourd'hui c'est la colère et le choc du côté très froid et détaché du déroulé du procès...

Je pense que dans quelques jours la vision que j'en ai sera sûrement plus positive et nuancée... C'est souvent ainsi... Il me faut du temps pour tempérer, assimiler, comprendre et accepter de voir le positif, l'espoir...


En tout cas c'est une étape de plus pour moi qui fait avancer!!! Un petit pas de plus...


Petite anecdote : j'ai cru pendant tout le procès que les personnes venant témoigner juraient de dire la vérité sur le code pénal car à chaque fois, l'huissier se déplaçait et venait prendre un code pénal sous le pupitre et le plaçait dessus.... En fait, d'où j'étais je ne le voyais pas mais c'était juste pour caler le micro....😂😂😂😂 Donc on jure de dire la vérité mais sur rien, ni le code pénal ni la bible... Encore un mythe qui s'effondre 😅

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