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Qu'est-ce que la dissociation ?

  • Photo du rédacteur: Leelah
    Leelah
  • il y a 5 jours
  • 48 min de lecture

Imagine que tu es un petit garçon. Tu as entre 7 et 8 ans. Tu as perdu ton papa il y a un an. Il est mort. Depuis ta maman est dépressive. Elle est au chômage. Tu as beaucoup d'autres frères et soeurs. Tu as un grand frère. C'est lui maintenant l'homme de la famille, il travaille et c'est lui qui apporte de l'argent et à manger. Tu l'aimes beaucoup mais en même temps il te fait peur. Des fois il est très sévère.

C'est l'été, il fait chaud. Tu es dans le jardin en train de jouer. Il y a une caravane au fond du jardin avec laquelle vous partiez en vacances avant que ton papa ne meurt. Ton frère te propose d'aller jouer dans cette caravane, rien que tous les deux. Tu es fier! Enfin vous allez vous amuser ensemble, vous allez bien rigoler, ce sera un bon moment.

Dans la caravane ton frère te chatouille vous rigolez. Tu te retrouves sur le lit. Ton frère continue à te papouiller. Ton frère touche ta braguette et dégrafe ton pantalon. Après tu ne sais plus vraiment. C'est le brouillard. Tout est embrouillé dans ta tête. Mais tu sens que tu as très mal au derrière.

Ton frère se lève et remet son pantalon. Il dit qu'il ne faut rien dire. Il dit que si tu en parles à maman elle refera une tentative de suicide et que toute la famille se retrouvera à la DASS, qu'à cause de toi ta famille sera détruite. Tu n'auras plus de maman, plus de frères et sœurs et que toute ta famille va souffrir.

Soudain maman appelle dans le jardin.

Ton frère répond "on est dans la caravane on arrive!"

Ta maman entre et dit dépêchez vous le dîner est prêt.

Elle voit ton slip et ton pantalon à tes pieds.

Elle se tourne vers ton frère : "Qu'est ce que vous faites là dedans?"

Ton frère répond : "Rien il avait envie de pisser".

Ta maman sort et dit : "Dépêchez vous, le dîner est prêt !"

Comment tu ferais si tu étais ce petit garçon?


Ton frère est le pilier de la famille si tu parles toute la famille va être détruite. Ton frère travaille et gagne l'argent pour que ta maman et tes frères et sœurs aient de quoi manger, survivre. Ta maman a vu et n'a rien dit donc ce n'est pas grave même si tu sens que ce qui s'est passé est mal. Mais ta maman sait, elle aurait dit quelque chose, fait quelque chose… Elle t'aurait protégé!

Les êtres humains ont besoin de classer les choses dans des cases pour pouvoir vivre, avancer… Le bon/le mauvais, je suis en sécurité/ je ne le suis pas… Là tu ne peux pas, c'est impossible!

Alors il faut trouver une solution pour continuer à vivre, pour ne pas tout détruire ce que tu crois être de ta responsabilité : la sécurité de ta famille. Si tu parles ton monde s'écroule.

Alors tu crée d'autres "cases dans ton cerveau. Une case, "une partie de toi" qui se souvient de ce que ton frère a fait et les autres parts de toi qui ne devront plus le savoir pour pouvoir déjeuner avec ton frère, aller à l'école…

Mais cette petite case "cette partie" qui détient ce secret est là. Et elle va se rappeler à toi régulièrement, chercher à un jour ou l'autre être "réintégré", assimilé comme faisant partie de toi.


Qu'est ce que le Trouble Dissociatif de l'Identité?

Il se crée lorsque dans la petite enfance tu subies de la violence, de la torture, des viols ou des maltraitances graves pendant plusieurs années, de façon répétées.

Nous avons 5 sens n'est ce pas? La vue, L'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher. Ces 5 sens vont vous dire par exemple si vous avez une tarte aux fraises devant vous si cette tarte est bonne à manger. La vue inspectera si les fraises sont mûres et rouges à souhait, si il n'y a pas de vers dedans. L'odorat saura reconnaitre l'odeur des fraises et si elles sentent bon, si la crème sur la tarte n'a pas tourné. Le goût te confirmera si elles sont bien sucrées et si la pâte et la crème sont onctueuses et bien préparées… L'ouïe entendra tes dents qui croquent dans la tarte et ta mastication. et le toucher te dira si la pâte n'est pas molle… Pour que notre corps et notre cerveau décident si cette tarte est bonne à manger, si on ne risque pas d'être malade, si ce moment est un moment de plaisir, de délices et de sécurité il a besoin d'avoir toutes ces informations en même temps. Il va les traiter puis envoyer un message à tout ton corps, tu vas te détendre, soupirer d'aise et sentir en toi le bonheur et le plaisir, la délectation pour ce bon moment.

Avoir un Trouble Dissociatif de l'Identité appelé aussi TDI c'est comme si tes 5 sens étaient devenus incapables de travailler ensemble et d'envoyer ensemble les informations nécessaires à ton cerveau pour qu'il traite les informations de ton environnement et te dise si tout va bien, si tu es en sécurité.

La dissociation c'est comme si ton cerveau, ta conscience, ta capacité de réflexions, d'analyse de ton environnement avaient été morcelée. Tes pensées et ta capacité d'analyse vont arriver à ton cerveau mais de façon désordonnées et tu ne seras plus à même de savoir analyser ton environnement puisque tu auras uniquement les informations de "l'ouïe", puis après la vue, puis l'odorat.... Imaginez que vous êtes en ville dans une rue bondée avec beaucoup de trafic routier. Imaginez que vos 5 sens ne puissent plus communiquer, que vos 5 sens vous envoient les informations qu'ils récoltent uniquement l'une après l'autre. D'abord vous avez uniquement la vue. Vous analysez qu'il y a beaucoup de voitures, vous voyez des gens marcher vite, vous voyez un enfant qui caresse un chien, vous voyez le soleil qui brille, vous voyez une marchande de fleur juste à côté de vous et un homme qui joue de la guitare… Puis ce sens se "ferme" et l'ouïe prend le relais, vous entendez des klaxons, vous entendez un air de musique, vous entendez un chien qui aboie, et vous entendez des conversations autour de vous. Puis au tour du toucher, vous sentez une petite brise sur votre peau, la chaleur des rayons du soleil qui vous réchauffent, vous sentez des objets ou des corps qui vous frôlent ou vous bousculent.. puis le goût, vous sentez le parfum de menthe de votre chewing-gum dans votre bouche et votre salive qui coule dans votre gorge à chaque mastications. Puis l'odorat, vous sentez les pots d'échappement, vous sentez un parfum de fleurs, vous sentez des odeurs de transpirations et d'after-shave…

Vous avez ainsi des centaines d'informations. Mais comment prendre une décision? Comment savoir si vous êtes en danger, si tout va bien? si vous pouvez traverser? Si cette promenade en pleine ville vous fait du bien ou est dangereuse? Comment avancer? quoi faire? Courir? Se mettre en sécurité? Ne plus bouger? Demander de l'aide? Acheter des fleurs? Ecouter la musique?...

Avoir un TDI revient à évoluer dans un environnement, un quotidien ou les informations sur ce qui nous entoure sont difficiles à analyser. Notre cerveau se base sur toutes les analyses de nos 5 sens pour savoir comment la traiter et quoi décider comme action ou quoi en penser, ressentir… Toutes les informations sont bonnes et importantes.

Mais comment faire lorsque ces informations ne peuvent pas arriver en même temps au cerveau et que ces informations luttent au quotidien pour que seulement un point de vue, une analyse soit prise en compte dans le choix d'action et de ressenti? Comment faire lorsque chaque sens croit être le seul à exister et pense être le seul à pouvoir nous protéger, nous informer, nous aider à survivre? Comment faire lorsque aucune communications n'existe entre ces sens? Et comment faire lorsque au sein même d'un sens, le même morcellement sur les informations analysées est également compartimenté? Imaginez que votre cerveau sache uniquement que vous êtes bousculé? Comment l'analyseriez vous? Vous êtes en danger, on vous veut du mal! et si vous aviez uniquement l'information qu'il y a un petit enfant qui caresse un chien? Vous souririez, vous vous sentiriez bien. Ou si au contraire vous entendiez uniquement l'aboiement du chien? Vous penseriez que vous allez être attaqué par une bête féroce...Le parfum des fleurs? le bonheur, l'enivrement… Le TDI complexe se forme dans le cerveau du petit enfant car il ne peut pas concilier, ranger, classer, ordonner des choses atroces qu'il a vécu. Lorsqu'un adulte, un parent, une personne chargé de le protéger, l'aimer, le sécuriser est capable de le violer, de le torturer, le menacer de mort et qu'en même temps il est capable de vous dire qu'il vous aime, les deux choses sont incompatibles. Le cerveau deviendrait fou à essayer de comprendre et est incapable de le classer dans la rubrique bon/ méchant, bien pour moi/mauvais pour moi, sécurité/mort… et la réaction de l'entourage et de la société joue beaucoup pour renforcer cette dissociation.

Comment concilier les tortures subies avec l'accueil chaleureux ou les marques de reconnaissance, de notoriété, d'affection… de l'entourage? Une seule possibilité : tout compartimenter pour pouvoir ne voir par moment que les "bons côtés de l'adulte maltraitant" et n'avoir dans le cerveau que des informations rassurantes à ce sujet, puis avoir à d'autres moments que les "mauvais côtés" et les alarmes qui s'allument mettant en garde et faisant en sorte de survivre lorsque les violences se poursuivent. Mais vivre ainsi n'est pas vivre, c'est SUVIVRE. Et il est nécessaire que la société en prenne conscience et protège efficacement et aide ces enfants après les avoir mis en sécurité à rassembler "leurs 5 sens", leur "moi interne" pour qu'ils soient à même de vivre pleinement leur vie sans être assaillis par un soin avec des professionnels formés!


Chaque "sens" est là, présent et opérationnel à chaque instant mais tant qu'il n'y a pas de soin, d'aide, ils ne se voient pas et ne savent pas qu'ils coexistent. Chercher à dialoguer uniquement avec un seul "sens" reviendrait à dire à tous les autres "sens" que ce qu'ils voient, sentent et perçoivent est faux. Chaque sens entend, voit, sens en permanence sauf qu'il croit être le seul à être présent et ne connait rien des analyses des autres "sens". Ils vont tous réagir différemment au discours et à l'environnement du moment présent et une "bataille" interne va avoir lieu pour savoir comment réagir quoi faire qui a raison...que doivent faire le cerveau et le corps... Sans que la personne avec le TDI comprenne pourquoi elle ressent et pense toutes ces analyses différentes et contradictoires.

Le trouble dissociatif de l'identité complexe n'est pas une affabulation ou une invention de charlatans.

Avoir un TDI c'est avoir une vie quotidienne ou chaque secondes de notre vie est rythmé par la peur et l'angoisse puis la seconde d'après la sécurité et le bien-être puis une colère immense puis une tristesse et un désespoir abyssal. .. la personne vivant avec ce trouble n'aura jamais une journée entière ou elle ressentira uniquement du bien-être et de la sécurité tant qu'elle n'aura pas été aidée, soignée. Rien de ce qu'on vie intérieurement ne sera cohérent et lisse. On ne se comprend pas. On ne comprends pas pourquoi il y a quelques secondes on était une personne sûre d’elle et forte, bien dans sa peau et pourquoi la seconde d’après on est effacée, timide, angoissée en danger de mort… Pourquoi tout dans notre vie semble aller bien et on n'a qu'une envie c'est mourir...

C'est un quotidien de vie, de survie jalonné de souffrance et d'incompréhension sur nos agissement et réactions tant que des professionnels formés n'auront pas aidé à réconcilier et harmoniser l'analyse du quotidien. Et un facteur de risque pour subir d’autres violences si notre cerveau est incapable de prendre une décision prenant en compte toutes les données sur notre environnement. On aura beaucoup de mal à se défendre, se protéger, être à même de prendre une décision …




Avant d'aller plus loin dans mes explications, je vais tenter de vous faire une biographie personnelle pour que vous compreniez mon contexte de vie et comment les violences que j'ai subies dans mon enfance et adolescence ont pu avoir lieu.

Je suis une femme, j'ai la trentaine, et une maman, j'ai deux filles.

Je suis née en France et j'ai été élevée dans une communauté nouvelle catholique.

Les communauté nouvelles catholiques sont apparues en France dans les années 1960,  elles sont issues du "renouveau charismatique".

"Le renouveau charismatique catholique (RCC), ou mouvement charismatique catholique, est un mouvement de réveil catholique apparu aux États-Unis dans le milieu des années 1960. Il est tourné vers l'expérience personnelle avec Dieu, particulièrement à travers le Saint-Esprit et de leurs dons aux charismes (mot grec pour des cadeaux). Ce mouvement cherche à donner un nouvel abord aux formes d'évangélisation et renouveler des pratiques traditionnelles des rites et de la mystique catholique.

Le mouvement est accueilli plutôt favorablement par la hiérarchie catholique, intéressée par son dynamisme. "

"Le renouveau charismatique européen se caractérise notamment par la création de communautés, dites « Communautés nouvelles » et de groupes de prières qui permettent de vivre à la fois la vie fraternelle et la « Vie dans l'Esprit ». 

Le renouveau charismatique (catholique ou non, d'ailleurs) se caractérise par la tenue régulière (généralement hebdomadaire) d'assemblées de prière charismatiques. Celles-ci sont distinctes de la célébration liturgique, et, principalement pour cette raison, n'ont jamais lieu le dimanche.

L'assemblée de prière est le lieu par excellence d'expression des charismes (glossolalie, guérison, prophétie). 

En France, il existe depuis 1988 une fédération des « 1 200 groupes de prière », indépendants des Communautés, regroupés au sein de la Fraternité Pentecôte. Ces groupes de prière étaient encore au nombre de 1800 à la fin des années 90."

Un film sur les communautés nouvelles a été réalisé par Sarah Suco : "les éblouis" ainsi qu'un livre écrit par une journaliste sur les "communautés nouvelles" : "La trahison des pères".









Dans ces communautés, le principe est simple : vivre l'évangile comme les premiers chrétiens, rassembler dans un même lieu de vie des prêtres, des soeurs, des moines, des familles, des célibataires... et vivre ensemble, en communauté sa "foi" en Dieu.

Certaines communautés se spécialisent dans l'accueil des personnes défavorisées, d'autres dans l'accueil des handicapés, d'autres dans la prière... Chaque membre partage ses revenus, son quotidien, les enfants sont élevés par la communauté, les temps de prières sont principalement faits ensemble dans des lieux de cultes appartenant à cette communauté, évangélisation à l'extérieur, camps de vacances organisés par la communauté et pour promouvoir l'image à l'extérieur et ramener ainsi de nouveaux membres...

Les repas se font en commun, peu de temps uniquement réservés au cercle familial, chaque membre contribue soit en travaillant à l'intérieur de la communauté soit à l'extérieur (mais c'est minime).

Chaque communauté a ses propres chants liturgiques, un parlé propre, ses rituels... qui renforcent l'esprit de groupe et la cohésion.

A la tête de ces communautés, il y a le fondateur, le "berger" qui dirige tout et tout le monde et un système hiérarchisé de l'autorité basé sur la récompense à l'obéissance ou le bannissement si le membre critique.

Chaque membre fait des voeux devant dieu et le fondateur, un peu comme un mariage à l'église, et comme le font les moines ou moniales des monastères. Il promet obéissance (à Dieu et au fondateur), pauvreté (il partage tous ses biens et revenus) et chasteté (pour un moine ou une soeur consacrée)...

La famille éloignée, grand-parents, cousins... est tenue à l'écart sauf si elle adhère au précepte et peu de contact et visites sont autorisées.

L'implication des membres est quotidienne, de nuit comme de jour, week-end et jours fériés compris et peu de vacances sont autorisées.

Chaque communauté se reconnait extérieurement par un habillement spécifique (tout en bleu, ou tout en marron, tout en blanc, le port d'une croix spécifique, de sandales... le port de certaines couleurs est interdit) et porte une tenue de "cérémonie" lors des messes ou prières et lors des fêtes et voeux (voile blanc pour les femmes, châle pour les hommes avec des signes distinctifs selon le rang occupé...).

J'ai donc grandis dans un environnement comme celui-là, c'est le seul que j'ai connu jusqu'à l'âge adulte, aucun adulte autour de moi ne remettant en cause les préceptes, j'ai cru pendant longtemps que ce style de vie était normal.

Le discourt omniprésent était que nous avions raison de vivre ainsi, la société est mauvaise, il faut s'en méfier, les personnes qui refusent notre style de vie sont mauvaises... Nous seul pouvions sauver le monde et faisions le bien. Toute personne disant le contraire était issue du malin, du diable. Même les autres communautés étaient critiquées, la nôtre était la meilleure.

J'ai grandis avec les préceptes de la foi catholique mais notre formation spirituelle était très particulière basée uniquement sur les enseignements personnels du fondateur et sa vision des choses.

Les adultes autour de moi obéissaient aveuglement à toutes les directives du fondateur. Le lieu de vie, les déménagements dans d'autres maisons de la communauté, notre scolarité, nos soins de santé, les lectures à nous donner, nos activités, nos engagements spirituels, nos choix d'étude, l'utilisation de l'argent, la moindre propriété d'un objet, la nourriture, le repos, la visite de la famille... Pratiquement chaque minute de la vie de nos parents et notre vie était au bon vouloir du fondateur et chaque "écart de conduite ou de pensée" lui était rapporté.

Cette communauté où j'ai grandis avait des maisons un peu partout dans le monde, j'ai donc beaucoup déménagé. Cela permettait de nous empêcher de créer des liens durables avec d'autres personnes et a beaucoup participé à mon isolement.

Dans cette communauté, j'ai subi des viols de l'âge de 2 ans à l'âge adulte. Ces viols ont été commis par le fondateur et sa femme, d'autres membres, des prêtres, mon père et des personnes extérieures à notre communauté auxquels j'ai été vendue.

Cette succession de violence et de viol est la cause de la création de mon trouble dissociatif de l'identité complexe.

Pour survivre dans cet environnement où je ne recevais aucune aide et aucune protection, j'ai du "partager mon être" en différentes parties pour survivre. Certaines parties affrontant les violences et les endurant, certaines parties ayant une "vie normale" et "faisant comme si ces violences n'existaient pas".


Comme je vous l'ai expliqué, l'enfant victime pour survivre va cloisonner sa vie en plusieurs parties.

J'ai des parties en moi, beaucoup. Toutes ces parties sont des parts de moi ayant vécu des choses atroces. C'est comme si pour survivre aux maltraitances et aux viols que j'ai subi je m'étais partagé intérieurement la douleur, les ressentis, la connaissance des faits à fin de pouvoir rester debout, pouvoir sourire, pouvoir apprendre, pouvoir vivre...

Avant d'être diagnostiquée TDI, il y a 3 ans, ma vie n'était qu'une succession de switchs (le fait de changer de personnalité qui interagit avec le monde extérieur), de parties qui venaient tour à tour devant pour parler et interagir avec mon environnement. Je ne me comprenais pas, j'avais constamment peur, mal dans mon corps, dans mon ventre. Je prenais des décisions sans comprendre pourquoi, le moindre petit évènement m'amenait à avoir des ressentis et des réactions démultipliées. Je sombrais dans le désespoir, la terreur, l'angoisse en permanence.

J'avais beaucoup de moment où je ne me reconnaissais plus, des moments où je perdais mes compétences sans savoir et comprendre pourquoi. Je pouvais me retrouver au volant de ma voiture et me perdre soudainement sur un trajet que je faisais tous les jours, je pouvais me retrouver au boulot incapable de faire une simple addition ou soustraction comme si je ne savais plus compter. Face à la violence verbale de certaines personnes, je me figeais pendant de longues minutes incapable d'agir et de me protéger tandis qu'à d'autres moments j'étais capable de crier et de me défendre. Je ressentais très souvent une fatigue immense qui me faisait m'endormir d'un coup sans pouvoir lutter comme si j'avais pris un médicament très puissant. J'étais capable certains jours d'aller faire mes courses, de sortir dehors me promener et d'autres fois j'en étais incapable prise de panique ou écrasée par une fatigue immense sans véritable cause. J'étais capable de gérer mes papiers et certains jours j'en étais incapable je me retrouvais devant cette page à remplir, à devoir rentrer mes coordonnées et je ne savais plus écrire, je ne savais plus rien prise d'une terreur immense, je ne me rappelai plus mon nom, ma date de naissance, celle de mes filles, je ne savais plus mon adresse...

J'avais des trous dans ma mémoire, des périodes énormes de mon passé ou j'étais absolument incapable de me rappeler ou j'avais vécu et ce que j'avais vécu, pas un seul souvenir. Et par contre des évènements anodins, ou qui semblaient l'être qui revenaient en boucle et m'obsédaient. 

Sexuellement j'étais toujours passive, je m'allongeais et comme morte, un poids mort je laissais faire jusqu'à ce qu'enfin cela soit fini, je ne réagissais que lorsque l'homme avec qui j'étais s'énervait, là, la panique et la terreur, la culpabilité m'envahissaient et je faisais ce qu'il voulait pour qu'il ne s'énerve plus. Puis je ressentais de la colère intérieur, de la culpabilité, j'étais très mal.

J'avais de long moments ou j'étais obsédé par certaines choses, certaines tâches, faire le ménage par exemple était quelque chose que je faisais systématiquement lorsque l'homme avec qui j'étais avait été en colère ou avait exprimé son mécontentement (même si je n'en étais pas la cause), je devenais alors conchita, une servante qui faisait tout pour le contenter jusqu'à ramper à ses pieds.

A certains moments j'étais capable d'être intelligente, d'apprendre, de passer des examens et à d'autres je n'avais plus ces compétences et connaissances, c'était comme si elles avaient disparu.. Avec certaines personnes je pouvais discuter durant de longues heures et avoir un discours construit et poussé, avec d'autres personnes j'étais incapable d'aligner trois mots, mon esprit était vide, je ne savais plus réfléchir et exprimer ma pensée… Je ressentais un yo-yo constant dans mes émotions intérieures, je me sentais forte, sûre de moi, intelligente puis la minute d'après j'étais une petite fille débile qui avait besoin qu'on la rassure et lui dise quoi faire. J'étais prise de terreur, puis de colère, puis j'avais un désespoir immense sans comprendre pourquoi je ressentais tout cela, quelle en était la cause.

Prendre une décision était très douloureux pour moi car mon esprit ne cessait de changer de point de vue, d'envie, d'objectif… j'étais incapable de savoir qui j'étais. Le simple fait de devoir choisir comment m'habiller était difficile. Le matin je pouvais mettre des habits sexis et une heure plus tard me sentir mal dans cette tenue et ne pas comprendre pourquoi et quand je l'ai mise et si ces habits m'appartiennent vraiment ni quand j'ai pu les acheter.

Certains jours, conduire un tracteur, un gros camion ou un charriot élévateur ne me pose aucun problème et à d'autres moments j'en suis incapable, tétanisée, paniquée, je ne reconnais plus les pédales et les commandes...

J'ai vécu des histoires avec des hommes, certains jours j'étais lucide, capable de comprendre et reconnaître que j'étais victime de violence et je décidais d'y mettre un terme, de me sauver et je faisais tout pour mettre en place ma sécurité et dès que je parvenais à le faire j'étais prise de panique et de terreur, je faisais d'énormes crises d'angoisses, dans ma tête j'entendais hurler "retourne avec lui, tout de suite!" et je m'exécutais incapable d'agir autrement comme si ma survie en dépendait. Certains jours je me souvenais au mot prêt de ce que cet homme m'avait dit ou fait et à d'autres moments je n'en avais plus aucun souvenir comme si cela n'avait jamais existé.

J'ai toujours su que quelque chose clochait chez moi, j'étais consciente d'une certaine façon de ces switchs incessants. J'étais consciente d'avoir beaucoup de pensées, d'objectifs différents, je pensais juste que j'étais quelqu'un de peu sûr de moi, de ne pas avoir vraiment de personnalité et cette croyance était renforcée par les paroles répétées inlassablement par le gourou de la secte dans laquelle j'ai grandis et sa femme qui me disaient depuis toute petite que j'avais besoin de leurs conseils, que eux-seuls pouvaient m'aider à prendre les décisions pour ma vie et choisir ce que je devais en faire. Depuis toute petite, le gourou lors de ces séances de "confession" avec moi me disait ce que je devais penser, aimer, quelles études je devais faire, ou était ma place… Tous les adultes avec qui j'avais grandis faisaient de même, le gourou et sa femme décidaient tout pour eux, ce qu'ils devaient faire de leur argent, ou vivre, quelles tâches accomplir, comment se soigner, quelles pensées étaient bonnes ou mauvaises, comment juger les autres, leur vision du monde et de la société… j'avais grandis avec ce modèle, pour moi c'était normal. Lorsque les adultes s'engageaient dans notre communauté, ils faisaient leurs vœux devant dieu et déposaient leur vie dans les mains des gourous, ils faisaient le vœu de leur obéir aveuglement et rompre ce vœu équivalait à rompre leur serment avec Dieu.

Depuis ma plus tendre enfance, j'avais des sentiments et des objectifs, volontés contradictoires vis à vis d'eux et de ce que je vivais mais on m'avait inculqué au plus profond de moi que critiquer, désobéir, réfléchir par soi même était l'œuvre du malin, du diable. J'éprouvais beaucoup de culpabilité, je croyais que j'étais mauvaise et plus je ressentais ces contradictions en moi plus je me sentais mal, plus j'étais prise de désespoir… 

Un enfant pour se construire sainement a besoin de sécurité matérielle, de sécurité affective et de sécurité physique. Ses parents, sa famille, les adultes référents avec qui il interagit doivent lui apporter de l'amour, à manger, un environnement sain ou vivre (être au chaud, être en sécurité...), lui apprendre à avoir confiance en lui, à avoir de l'estime pour lui, le considérer comme une personne, un être à part entière, l'aider à construire sa pensée et son sens critique pour qu'une fois adulte, il soit à même de faire des choix, d'avoir une opinion, de se respecter et se faire respecter, de prendre soin de son corps et sa santé et qu'il sache être empathique envers les autres, ce qui lui permettra de lier des relations avec autrui, de travailler et d'avoir des relations sociales.

Tous ces critères ne m'ont pas été donné. J'ai bien sûr reçu de l'amour, j'ai noué des amitiés, j'ai été protégée à certains moments, j'ai été nourrie... si non je ne serais pas là aujourd'hui pour vous parler ! Mais cela n'a pas été constant. Beaucoup des personnes, adultes référents aux-quels j'ai eu à faire pouvaient être affectueux et bienveillants par moments et être également ceux qui me torturaient à d'autres moments. Il y avait de quoi devenir complétement folle !


C'est la raison de la formation de mon TDI. Comment n'importe quel esprit pourrait-il concevoir et comprendre que quelqu'un puisse vous dire "je t'aime, tu es ma fille adoptive" et vous attacher, vous droguer, vous vendre à des hommes, vous violer, vous battre...? Si cette même personne est celle qui détient le droit de vie et de mort sur vous et sur tous les autres adultes autour ? Si cette personne peut décider de vous envoyer vivre dans un pays en guerre ou dans un pays très pauvre, si cette personne décide et a la main mise sur votre argent, la nourriture que vous avez le droit de manger, les habits que vous portez, si il peut décider que vous devez quitter vos parents et avec qui vous devez vous marier sans que personne ne réagisse autour, que feriez-vous ? si cette personne est celle qui octroit les récompenses ou les punitions et peu faire de votre vie un véritable enfer, que feriez-vous ?

Je n'ai eu d'autres choix que de cloisonner ma vie et ce que je vivais, faire en sorte de ne pas savoir le pire de ce que je vivais, de fermer ma mémoire avec de grandes cloisons hermétiques en attendant de pouvoir êtres suffisamment en sécurité, de trouver des gens qui puissent enfin m'écouter et m'apporter de l'aide...

Tous les adultes autour de moi obéissaient tel des petits chiens au gourou, aucune aide extérieur des autorité n'étaient possible.


Si j'avais su en permanence ce que je vivais au quotidien, j'aurais pu par exemple en plein milieu d'un des enseignements du gourou me lever et dire qu'il venait de me violer. Personne ne m'aurait cru, ou soutenu, j'avais vu le traitement imposé à toutes personnes critiquants le gourou, ils étaient chassés de la communauté sans rien, leurs photos, leur existance disparaissaient , on n'avait plus le droit de prononcer leur nom. Je n'avais aucun endroit ou aller, j'étais une enfant. De plus j'avais grandis avec la peur et la haine de la société, une vision très critique et négative inculquée par tous dans la communauté. Ma famille, mes grands-parents étaient diabolisés, on ne les voyait pratiquement pas et ils étaient mauvais puisqu'ils n'adhéraient pas à notre mode de vie.

Je devais faire en sorte de survivre. Je devais être une petite fille parfaite, croyante, docile qui gobait tous les enseignements qu'on lui faisait, je devais être cette petite fille qui ne pleurait pas et "aimait être violée", je devais être cette petite fille aguicheuse qui souriait quand on la filmait nue et attachée, je devais être cette petite fille qui disait qu'elle resterait vierge jusqu'au mariage et serait une épouse et une mère parfaite parce que la religion interdit toute relations hors mariage...

J'ai donc grandis ainsi, ma vie, mon identité, ce que je vivais, qui j'étais, comment j'agissais s'adaptant à chaque situation sans rien savoir de ce que j'avais dit ou fait quelques minutes avant.

Si j'avais su, je serais morte. Je me serais donné la mort ou ils auraient trouvé le moyen de me faire taire ou de me tuer.

Je ne suis pas médecin ni chercheuse en neuroscience. Je vais donc vous parler de ce que je vis et ressens dans mon corps en tant que personne ayant un TDI.

J'ai beaucoup, beaucoup de parties. 

Une partie est en fait une part de ma personnalité qui a sa propre façon de penser, son propre avis sur ce que je dois faire, comment agir, qui être… car elle a ses propres représentations d'elle-même, de moi, des autres et du monde.

Une personne sans TDI si elle doit prendre une décision va réfléchir dans sa tête, elle va peser le pour et le contre, par exemple si une amie vous propose d'aller au cinéma ce soir, vous allez réfléchir et des pensées vont vous traverser. Vous allez vous dire "chouette on va passer un bon moment" puis peut-être que vous allez penser "mais je suis fatiguée, peut-être que ce serait mieux un autre soir". Et en fonction de vos ressentis, vous allez décider si le plaisir de passer une bonne soirée est plus important à respecter que votre envie de vous reposer. 

Pour moi c'est la même chose, j'entends en permanence des discussions, des pensées dans ma tête, des voix... sauf qu’elles parviennent difficilement à s’entendre, donc la prise de décision est plus compliquée. J'ai toujours considéré ces voix, ces injonctions, ces besoins exprimés comme faisant parties de moi, m'appartenant. Jamais je n'ai eu l'impression que quelqu'un de l'extérieur de mon corps me parlait. J'ai toujours su intuitivement que ce que je vivais m'appartenait, que c'était mon propre dialogue intérieur.

A la différence d'une personne normale, une personne TDI va avoir des pensées bien plus complexes qu'une personne normale.

Comme je vous l'ai expliqué, lors des viols et des traumatismes que nous avons subis, pour survivre, nous avons dû cloisonner notre personnalité, notre identité, notre pensée, notre réflexion…

J'ai grandi dans une communauté catholique, j'ai été élevée avec la foi et les valeurs de cette religion. Je devais donc adhérer aux préceptes de ne pas avoir de sexe en dehors du mariage, de rester vierge, de croire en Dieu, de respecter et aimer mon prochain, de croire que les prêtres sont les représentants de Dieu sur terre, d'obéir à ses "bergers"... et en même temps, je vivais une autre réalité, , le gourou de cette secte me violait, me vendait à d'autres hommes, des prêtres me violaient, j'étais mise dans des cages menacée par des dobermans, j'étais attachée et torturée, ces hommes me battaient si je me rebellais et m'étranglaient...

Sans cloisonnement de mon esprit je serais devenue folle ! Cette secte était assez grande, nous avions des maisons sur plusieurs continents, lors des rassemblements tous les étés, des centaines de personnes se déplaçaient, tout le monde admirait et adulait le gourou. Je n'avais pas la possibilité d'être crue et entendue, protégée. J'ai donc partagé ma personnalité en plusieurs fragments pour survivre.

Pour être diagnostiquée avec un TDI, selon le DSM-5 et la CIM-11 (les deux manuels reconnus mondialement dans lesquels sont référencés les maladies mentales dans le domaine de la psychiatrie), il faut avoir au moins 2 parties distinctes, c'est à dire 2 "manières d'agir et de réfléchir bien distinctes" pour faire très simple. Les psys appellent ces parties des Parties Apparemment Normales aussi appelées PAN et Parties Emotionnelles aussi appelées PE.


La ou les PAN sont des parties qui vont être présentes et nous permettre d'agir dans la vie de tous les jours lorsque nous ne subissons rien. Ces PAN ont pour fonction  de nous permettre de faire comme si tout allait bien, comme si tout était normal et que rien ne s'était passé, elles sont amnésiques et complètement inconscientes des traumatismes que nous subissons. Selon les personnes et les PAN, l’amnésie peut être partielle ou complète, ou même transitoire et récurrente (avec des périodes où des souvenirs sont partiellement retrouvés, d’autres où ils sont de nouveaux oubliés).


Les PE sont les parties qui agissent lorsque nous subissons les traumatismes, elles subissent les violences et sont là pour permettre notre survie.


Tant qu'il y a des violences, que nous sommes en contact régulier avec nos agresseurs, les PAN et PE ne coexistent pas, nous SOMMES les unes ou les autres sans nous rendre compte de quoi que ce soit, tout est fait dans notre cerveau pour que nous ne prenions pas conscience de ce que vit chacune de ces parties.


Nous n'avons pas conscience que quelques minutes avant nous étions violée. Quand notre violeur nous invite à le suivre promettant une "jolie surprise", nous sommes heureuse, impatiente, reconnaissante… Et ce n'est que lorsque un signe sur son visage, ce regard de bête, d'animal apparaît que nous "switchons", c'est à dire que une de nos PE vient car elle a reconnu l'autre visage de cette personne, le visage de l'animal mauvais qui va nous faire du mal. Puis lorsque tout est fini, lorsque notre violeur redevient la personne gentille qu'à nouveau nous "switchons" en une PAN ignorante de son côté malsain et de sa méchanceté et n'étant pas consciente de ce qu'il vient de se passer.


Ces "switchs"" sont un moyen de survie car après les viols si je ne devenais pas ignorante de ce qu'on venait de faire, la violence que je subissais aurait pu durer plus longtemps ou être encore plus accrue. Par exemple, j'ai une de mes parties qui a essayé de se défendre lorsque j'étais adolescente, elle a traité mon violeur de "couille molle", celui-ci a été hyper violant, j'étais attachée, il m'a tabassée dans le dos jusqu'à ce que je m'évanouisse, m'a violée. Je me suis réveillée dans ses bras, attachée, il m'a déposée dans une douche et comme j'étais complétement sonnée, il est "redevenu gentils", a fait couler de l'eau sur mon corps et m'a caressée en m'appelant sa "petite chérie"... Si à nouveau je m'étais rebellée, il m'aurait tuée… 

J'ai subi beaucoup de traumatismes, j'ai plusieurs PAN et plusieurs PE.

J'ai des PAN qui servent pour travailler, des PAN qui sont spécialisées dans mon rôle de maman car j'ai 2 enfants, j'ai des PAN intellectuelles qui sont là lorsque j'étudie ou j'apprends, des PAN qui sont là pour le lien social avec mes amis et connaissances, des PAN pour quand je travaille...

J'ai des PE, certaines sont toutes petites, elles ont 2, 3, 4, 5 ans. L'une de mes PE, la première fois qu'elle est venue pour raconter ce qu'elle avait vécu l'a montré avec des peluches. Certaines de mes PE sont adolescentes.


Mes PE se vivent comme ayant toujours l'âge qu'elles avaient lors du premier traumatisme lors duquel elles se sont créées. Quand une partie très petite, de 2 ou 3 ans vient, je suis complètement désorientée, j'ai l'impression d'être géante, j'ai le tourbillon et je regarde la longueur de mes bras et mes jambes qui me semblent disproportionnées, tout autour de moi me semble étrange, la taille des meubles, ma hauteur... Lorsque je me regarde dans un miroir, je ne me reconnais pas, celle que je vois m'est complètement étrangère !

Depuis que j'ai été diagnostiquée comme ayant un TDI, mes "switchs" entre parties, qu'elles soient PAN ou PE se passent de façon beaucoup plus harmonieuses. Je suis beaucoup plus consciente de ces "switchs" et j'ai beaucoup moins d'amnésies, d'un "switch" à l'autre je garde la mémoire entre parties de ce qui s'est passé et de ce que j'ai dit et fait lors de ce "switch".


J'arrive aussi beaucoup plus à repérer et comprendre ce qui a déclenché la venue de ce "switch". Il y a ce qu'on appelle des "déclencheurs" ou "triggers".


Toutes mes parties sont présentes en permanence, elles écoutent, observent et en fonction de mon environnement ce sera l'une ou l'autre de mes PAN ou PE qui agira au premier plan.


Mes PAN et PE ont une expérience, une somme de vécu et de connaissances qui vont être le fruit de mes actions et réactions dans la vie de tous les jours. Tout comme une personne normale sans TDI. Une personne normale si elle n'a jamais fait de cheval par exemple sera un peu anxieuse la première fois qu'elle en fera, mais si elle en a déjà fait et a fait une grosse chute, elle réagira d'une autre façon.


Nous sommes la somme de nos vécus et apprentissages. Pour une personne TDI c'est pareil sauf que nos actions et réactions sont beaucoup plus complexes, beaucoup plus élaborées et beaucoup plus contraires et contradictoires. C'est comme si dans un seul corps se trouvaient rassemblées plusieurs personnes complètement différentes, ayant des vécus et des expériences, des connaissances complètement différentes. 


Certaines parties ne sont présentes que lorsqu'elles ont à faire à des personnes sadiques et mauvaises, leur vision du monde et de la vie en est forcément impactée et restreinte. D'autres parties ne voient que les "bons" moments, que le côté "gentils" des gens en occultant entièrement la complexité humaine, leur vision est elle aussi impactée et elles risquent de ne pas détecter les dangers puisqu'elles sont ignorantes du mauvais côté de certaines personnes. Ces deux groupes de parties sont en lutte constante à l'intérieur de moi pour faire valoir leur point de vue, leur expérience de la vie et de l'être humain. Je suis capable à certains moments d'avoir une confiance aveugle en quelqu'un, me mettant en danger, ignorant complètement les signes indiquants que je dois me protéger. Je suis alors en proie à un bras de fer intérieur sur ce que je dois faire. Parfois, je me suis mise en sécurité trop tard...


Avant de comprendre que j'avais un TDI, avant de réussir à dialoguer et prendre conscience de mes différentes parties, ma vision du monde et mes actions étaient très "tout noir ou tout blanc". Je classais les gens dans des catégories : bon et mauvais. Sauf que l'être humain est bien plus complexe ! Tout le monde fait des bonnes actions et a des "travers", des actions qui peuvent faire du mal à autrui. Pour moi, c'était incompréhensible ! J'en souffrais beaucoup et j'étais beaucoup perdue pour décider en qui je pouvais avoir confiance. A présent, j'arrive mieux à me protéger et moins "switcher" face à la complexité des êtres humains. J'arrive à mieux réagir et à avoir une réaction plus adaptée dans ma vie de tous les jours. J'arrive mieux à intégrer le fait que tout être humain ne fait pas que le bien ou que le mal et à adapter ma relation d'amitié ou d'intimité, mes attentes à cette personne.

En écrivant ce texte, je sens beaucoup de conflits et de colères à l'intérieur de moi. Les PAN et les PE dont je vous parle sont en fait la "base" à connaitre pour comprendre une personne avec une dissociation. Disons que toute personne avec une dissociation, ayant subi un traumatisme aura une PAN et une PE. Une personne ayant vécu un attentat terroriste comme il y en a eu à Paris aura une PAN normale qui vivra sa vie de tous les jours et si elle n'est pas aidée à surmonter le traumatisme aura une PE qui portera le traumatisme vécu. Cette PE pourra alors resurgir si la personne entend des pétards dans la rue, cette personne refera alors ses actions de survies : courir, se coucher à terre, hurler, être tétanisée… comme si on lui tirait à nouveau dessus. Les pétards représentent le "déclencheur ou trigger", sa PE resurgira sans aucun contrôle de la PAN et la personne sera incapable d'analyser la situation, de comprendre qu'elle n'est pas en danger. Elle revivra le traumatisme à l'identique et les souvenirs du traumatisme resurgiront comme si elle les revivait à l'identique.


Pour moi c'est pareil. Sauf que j'ai beaucoup plus de "déclencheurs" puisque mon enfance entière a subi des traumatismes. Ce qui me gêne dans cette définition des PAN et PE est que c'est très réducteur, très simpliste ! J'ai des parties qui ne rentrent pas dans ces deux catégories. J'ai des parties "contrôles et observatrices" qui ont pour fonction de bloquer ou sélectionner une partie à mettre devant pour que j'agisse. Ces parties sont présentes dans mon présent, mon quotidien et savent ce qui s'y passe et en même temps elles connaissent toutes mes parties et ne sont ni phobiques ni amnésiques de mes traumatismes. De plus, j'ai aussi des PE qui ne sont pas restées coincées dans l'âge du traumatisme qu'elles ont vécu et qui ont su grandir et s'adapter, développer des compétences dont je me sers dans ma vie d'adulte. Ceux ne sont donc pas des PE comme les définissent les psys au sens strict, qui ont une fonction et une palette d'actions et de compétences très restreintes. 

La recherche concernant le TDI et le fonctionnement du cerveau est tellement aux balbutiements ! Pour comprendre ce que je vivais, j'ai cherché des livres, des études qui en parlaient. La plupart sont écrit en anglais, ce qui me demande un gros effort de concentration et parfois je ne comprends pas tout ce qui est écrit. Des gens mettent en doute l'existence du TDI, il faudrait que toutes ces études et ces livres soient traduits pour que l'on puisse les diffuser en France !

Des études en neurosciences existent. Mais rien n'est fait en France, j'aurais aimé y participer ! 


Lorsque mes parties switchent dans mon corps, je sens des choses. Je sens dans mes yeux au niveau de mes globes oculaires un mouvement, je sens qu'elles viennent prendre leur place, comme si d'autres yeux venaient et prenaient la place.


Dans mes journées, j'ai des manifestations physiques de mes "switchs", je sens mon cœur qui s'emballe quand je suis réactivée par un déclencheur, je sens mon corps qui tremble, j'ai des sueurs froides, je sens la panique qui m'envahie. Je sens mon corps qui se "gèle" et mon cœur qui d'un coup se calme, mon cerveau qui s'embrouille et je ne suis plus capable de bouger, de parler, d'agir…


Lorsque mes parties partagent des souvenirs sensoriels, je sens des douleurs dans mon dos, mes bras, mes poignets… tous les endroits ou on m'a frappée, agrippée, forcée…


Toutes ces manifestations devraient pouvoir être étudiées, analysées scientifiquement. Pourquoi les chercheurs français ne les étudient ils pas au lieu de dire "c'est inventé". Ceux qui disent que nous simulons, pourquoi ne viennent ils pas nous étudier ? Ils verraient que ce que je ressens est mon quotidien, je "switche" en permanence, toute la journée et même quand je suis seule chez moi sans témoins. Peut on simuler à ce point ? Les "affabulatrices" sont elles capables de faire cela tout le temps, toute leur vie, avec autant de symptômes ?

J'ai une partie qui m'endort lorsque je suis trop en conflit intérieurement. Lorsque je vais passer du temps chez ma mère, je dors, pratiquement nuit et jour. Je suis incapable de me lever, je suis épuisée en permanence et tout ce que je peux faire c'est dormir. Parce que intérieurement j'ai beaucoup de conflits. Certaines de mes parties aiment ma mère, d'autres sont très en colère qu'elle ne m'ait pas protégée et aidée et lui en veulent, j'ai besoin d'elle pour prendre soin de mes filles, l'été elle me permet de souffler et s'occupe très bien de ses petites filles qui l'adorent… Comment concilier tous ces points de vues ? Je n'ai pas encore trouvé, alors j'y vais avec mes filles, mes filles passent un bon moment, et moi je dors pour ne pas créer de conflits et me fâcher avec ma mère...

Chacune de mes parties a une bonne raison d'exister, une bonne raison d'agir et me faire agir comme elle le fait. Il faut toujours que vous gardiez bien cela à l'esprit !


Nous forcer à agir à l'encontre du besoin de nos parties ne fera que nous mettre en panique et accentuera nos symptômes de stress. Cela ne nous aidera pas si vous nous forcez à agir (quitter un homme violent par exemple). Nous avons mis en place des stratégies de survie, il n'y a que en étant à l'écoute des raisons et raisonnements de nos parties, en discutant avec chacune d'elles que vous pourrez nous aider. Dans la patience, la compréhension, la douceur, la bienveillance… N'oubliez pas que nous avons derrière nous une vie entière de trahisons, d'abandon et de négligence. Nous avons appris à ne faire confiance à personne parce que on nous a trahit bien des fois. Soyez présent, écoutez-nous et discutez avec nous... petit à petit nous réussirons à modifier nos actions. En nous violant, on nous a retiré toute existence, tout contrôle sur notre être, ne nous refaites pas la même chose ! Laissez nous apprendre, à notre rythme à reconquérir notre existence... Et ne mettez pas en doute notre souffrance, nos batailles intérieures, nos stratégies de survies... Nous avons du survivre au pire sans l'aide et le secours de personne. Si vous êtes là à présent, c'est une chance pour nous, soyez un ami bienveillant et sur qui on peut compter, qui ne juge pas et ne met pas d'ultimatums ou de conditions. 

La Docteur Muriel Salmona explique très bien ce qui se passe lorsque nous sommes en "sécurité" (voir son site : memoiretraumatique.org). En quittant un conjoint violent, en étant en "sécurité", notre mémoire traumatique explose, nous sommes assailli par les sensations et souvenirs des traumatismes vécus. C'est une véritable torture ! Par mécanisme de sauvegarde neurobiologique, nous cherchons à fuir ces ressentis et souvenirs. C'est pour cette raison que beaucoup de femmes retournent vers leur conjoint violent ou tombent dans la drogue ou l'alcool... C'est un moyen à court terme d'échapper aux remontées traumatiques, de s'anesthésier...

J'ai des parties très croyantes en Dieu, et des parties qui ne veulent rien avoir à faire d'une quelconque religion, et sont la dans la haine et le rejet viscéral. J'ai des luttes internes énormes concernant ce point de vue. Certaines de mes parties ont aimé et admiré, respecté les deux prêtres qui m'ont violée, et d'autres qui ont vécu leurs violences et leurs viols. Quand je pense à eux, je ressens ces deux points de vues complétement contradictoires et c'est très difficile pour moi de trancher. Sont ils bons ou mauvais ? Ai-je le droit de ressentir de l'amour, de la reconnaissance pour eux ou dois-je les haïr ? Comment arriver à intégrer qu'une personne puisse être l'un et l'autre?

Même en étant à présent adulte, j'ai encore du mal à le conceptualiser...


Ce qu'il faut que vous compreniez bien en tout premier est qu'il n'existe aucun TDI identique. Le soin à nous apporter n'aura donc aucune directives et marches à suivre préétablies... Vous devrez vous adapter à nous, à nos parties et nos besoins... Le témoignage qui va suivre ne reflète donc que mon propre système pour faire face et survivre aux viols.

Nos parties se forment en fonction des traumatismes subis, de notre environnement, des rencontres que nous faisons, des personnes bienveillantes et ressources rencontrées sur notre parcours chaotique et des échecs que nous subissons lorsque nous appelons à l'aide.

Pour ma part, je suis née et j'ai grandis dans une communauté nouvelle catholique qui a été reconnue à dérives sectaires et  dont la reconnaissance canonique lui a été retirée par l'Eglise catholique.

J'ai subi des viols dès l'âge de 2-3 ans jusqu'à l'âge adulte, des actes de tortures, j'ai été enfermée dans des cages gardées par des dobermans, j'ai été attachée, battue et offerte et vendue à des personnes extérieurs. J'ai subi des viols collectifs, ai été filmée et photographiée, ai été droguée et emmenée dans des lieux extérieurs pour y être violée.

Il y a eu de nombreux hommes violeurs : des prêtres, le gourou de cette secte, mon père, des professeurs et des femmes complices, actrices ou spectatrices...

Le gourou de la secte a été l'instigateur de tout cela. Il a manipulé mon esprit pour que je sois sous son emprise dès le plus jeune âge et il a manipulé tous les adultes autour de moi pour que jamais ma parole ne puisse être entendue. Ces personnes autour ont participé en fermant les yeux et en refusant de voir tous les signaux que je n'ai cessé d'envoyer. Ils ont participé également dans le sens ou ils n'ont cessé par leurs comportements au quotidien en obéissant aveuglement tèl des petits enfants et m'ont appris implicitement que désobéir et critiquer était impossible. Ils se laissaient maltraiter jusqu'à l'épuisement complet de leur être, comment aurais-je pu trouver de l'aide et du secours au-près de personnes s'étant oubliées elles-mêmes à ce points?

Toute petite, je n'avais que quelques parties, des identités faisant parties de moi portant les sensations sensorielles et motrices, les souvenirs des violences subies et une personnalité principale actrice de mon quotidien lorsque je ne subissais rien. Cela me permettait d'agir et interagir avec mon milieu de vie de façon adéquate et de pouvoir "être une petite fille" de 2-3 ans "normale". Ces parties, ces souvenirs, n'ayant pas pu être compris, assimilés car non secourus par des adultes, ils sont restés "gelés" en l'état. J'ai encore ces parties de moi en moi et lorsqu'elles viennent pour me parler j'agit et je parle comme je le faisais à l'âge de 2-3 ans avec le même vocabulaire, la même manière de pleurer et parler... Une de mes parties a "capturé" la manière d'être et de bienveillance d'une enfant trisomique ressource de mon entourage et s'est mise à agir intérieurement et extérieurement comme elle, ce qui m'a sauvée et aidée pour un temps. Cette enfant trisomique m'a appris à prier et croire en la vierge marie, elle m'a donné beaucoup de tendresse et d'amour lorsque nous vivions le pire. Elle m'a appris lorsque terrorisée j'étais dans les cages à prier la sainte vierge et à calmer l'angoisse et le désespoir.

Une nouvelle forme de violence avec des rituels a créé de nouvelles parties qui sont entrée en conflit avec les parties croyant en dieu. Mon système c'est complexifié. Comment concillier que des adultes puissent au grand jour promouvoir leur "sainteté et leur foi catholique" et de manière cachée me torturer et accomplir des actes "impies"?

J'ai fonctionné ainsi tant bien que mal quelques années, les violences perdurant, puis cette enfant trisomique est morte. De nouvelles parties se sont crées portant mon désespoir et une envie de mourir très forte.

Mes parties se sont spécialisées et divisées en groupe : certaines portant mon désespoir et mes envies de mourir, certaines portant ma colère, d'autres mon impuissance et ma fatalité, certaines testant inlassablement différentes techniques visant à dire de ce que je vivais ou à tester les réactions de mes bourreaux ou comment échapper à leur violence... J'ai appris à "spécialiser" mes différentes parties et à avoir une palette  d'actions et réactions visant toute à me protéger ou à faire en sorte de minimiser les violences.

Le gourou de la secte me demandait de me confesser à lui et dire le fond de la moindre de mes pensées : une partie a été crée pour interagir avec lui, docile, sincère, aimante et affectueuse, pure, elle ne savait rien et ne pouvait rien révéler à ces séances de "tirage de vers du nez". J'allais être violée? Des parties dociles se présentaient si cela permettait que cela soit moins violent ou si je sentais que le violeur en face voulait que je sois aguicheuse ou sexualisée certaines parties prennaient ce rôle... J'ai appris à m'adapter au fil du temps à tous les signaux non verbaux et verbaux et à faire "venir" la partie la plus adéquates selon mon analyse de mes parties observatrices permettant ma survie.

Ayant été confrontée à la manipulation, l'emprise psychique mes parties ont appris à se cacher, des parties "contrôles" et "analyses" se sont mises à m'aider dans cette tâche. Avec l'aide de mes parties "observatrices", elles m'aident depuis des années à m'adapter, interagir de manière la plus adéquat possible et trouver de l'aide et me sauver inlassablement.

C'est grâce à elles que j'ai pu fuir cette secte, trouver une psychologue à même de m'aider et faire en sorte que je ne me suicide pas et ne sombre pas dans l'addiction ou des comportements sexuels dangereux comme le font beaucoup de victimes pour échapper aux réminiscences des traumatismes.

C'est ainsi qu'elles m'envoient les souvenirs ou les ressentis de terreur de certaines parties à chaque fois que je suis tentée de me droguer ou d'aller me mettre en danger. Le souvenir des chiens me poursuivants avec leurs gueules juste derrière ma tête a permis que j'arrête de boire ou que je refuse la drogue que l'on me proposait prise d'une terreur immense. Ou bien, une partie petite, portant le souvenir de la drogue que l'on m'a administré pour m'endormir venait et je m'endormais d'un coup sans pouvoir lutter...

Beaucoup de mes parties ont les noms des héros des livres que j'ai lu durant mon enfance qui m'ont aidés à espérer et élargir ma pensée mais préfèrent pour le moment se cacher derrière un groupe de fonctions ou de ressentis : les rêveuses, les colères, les suicidaires, les religieuses, les petites, les ados, les contrôles, les observatrices, les sexys, les mamans, les adultes, les travails, les intellos...

Certaines de mes parties sont femmes ou filles, d'autres sont garçons ou hommes. Mon timbres de voix, ma gestuelle et posture changeant en fonction de qui s'exprime par ma bouche.


Quelles sont mes étapes de levée traumatique ?

Aout 20xx. Je parle à mon médecin traitant. Elle m’envoie voir une psychologue qui entend et croit ce que je lui dis sur mes violences subies mais qui me lit mon avenir en fonction de mon signe astrologique.

J'ai la possibilité de trouver du travail j'ai un diplôme et j'ai trouvé un autre groupe, une autre « secte » à laquelle appartenir : j'ai étudié et suis diplômée d'une "méthode" différente, utilisée dans certaines écoles et très en vogue actuellement.


Je peux donc fuir et enfin sortir de la secte catholique dans laquelle j'ai grandi. Je commence à entendre et reconnaître en moi que je suis victime de violence conjugale. Mes enfants ont 3 et 6 ans. Je sais que la prochaine étape de mon ex-mari et sa famille est de me tuer psychiquement. Je suis à bout psychologiquement et physiquement.

Une évidence crie en moi. Si je reste je meurs. Je dois partir. Je dois fuir. Ma vie et celle de mes filles en dépend. Et je ne pars pas dans le grand vide, certains de mes repères (vivre dans un groupe fermé et qui se revendique comme ayant LA vérité et se soutenant mutuellement) pourront perdurer. Je reste dans une certaine forme de "terrain connu".

Une autre évidence : après l'avoir quitté je suis assaillie par la mémoire traumatique pour ne pas mourir je dois trouver de l'aide psychique, un soutien. Mais je dois trouver quelqu'un de reconnu de "sérieux" donc pas une psychologue comme celle que j'avais vu en tout premier. Pas de diseuse de bonne aventure.

Octobre 20xx Première rencontre avec un psychiatre. Horreur et violence institutionnelle. Il ne parle pas. De formation freudienne. Première violence. Assaillie par mes remontées traumatiques, seule, victime de violence au travail, victime de harcèlement par mon ex mari... complètement isolée et seule. Je bascule et fais une tentative de suicide.

A nouveau je dois partir, fuir. Loin !

Janvier 20xx Fuite dans un pays limitrophe de la France. Le harcèlement de mon ex continu. Je cherche un autre psy mais ma situation est si précaire que son rôle se résume à de l'assistanat social et financièrement je ne peux plus la voir. Pour endiguer les remontées de la mémoire traumatique je me mets en couple avec des hommes qui font perdurer une certaine forme de violence conjugale et sexuelle. Cela me maintient à peu près. Ma mémoire traumatique est contrôlée d'une certaine façon.

Juillet 20xx Mon frère se suicide. Une urgence je dois trouver du soutient ou je vais mourir moi aussi ! Un verrou de la mémoire traumatique casse.

Je suis très seule. Il me faut trouver quelqu'un, un soutien. Rencontre amicale avec une femme malsaine qui me propose son aide. Je tombe dans le piège. Je reproduis un schéma connu : emprise d'une personne sur moi. Le harcèlement de mon ex continu.

Septembre 20xx Je cherche à nouveau de l'aide psychologique. 2ème violence institutionnelle. Un psychiatre freudien à nouveau.

Je me mets en danger avec deux rencontres avec des mecs sur internet.

Mon ex mari est là il obtient la garde alternée. Je dois encore fuir pour que mes filles et moi survivions. Mes filles ont 4 et 7 ans.

Aout 20xx Je pars vivre chez un de ces mecs avec mes enfants.

Il appartient à un groupe lui aussi. Un groupe soudé dans sa branche professionnelle. Pas une secte. Je commence à prendre de la distance avec les fonctionnements sectaires connus mais l'appartenance à un groupe reste importante. Je suis rassurée. Je pars en terrain connu. Je ne suis pas seule.

Cet homme est "violent" sans trop l'être. Ma mémoire traumatique peut donc être contenue.

Septembre Je continue à chercher de l'aide psychologique. Un nouveau psychiatre freudien. 3ème violence institutionnelle.

En parallèle je cherche un autre professionnel. Je trouve ma psy. Le hic. Elle fait de l'EMDR et est psychologue. Je me renseigne sur internet : un soin qui fait débat pour la Mivilude institution qui m'a aidé à faire reconnaitre les dérives sectaires de la communauté et en qui j'ai confiance. L'un des premiers organismes à avoir fait reconnaître pleinement une partie de ce que j'ai vécu.

De plus mon ex mari sur les conseils d'une membre d'une secte qu'il côtoie veut que mes enfants aillent voir un psy qui pratique aussi l'EMDR. Je suis méfiante.

Un autre hic : la couleur des yeux de ma psy sont un déclencheur pour certaines parties qui voient en cela un rappel de la femme du gourou de la secte qui a été actrice dans mes traumatismes et voient en elle un signe de menace et de danger.

 Je teste pendant plusieurs années par petites touches. Puis je avoir confiance ?

En parallèle je continue à me faire maltraiter par le psychiatre freudien.

20xx Mon père meurt d'un cancer. Deuxième verrou et pas des moindres de ma mémoire traumatique saute. La loi du silence n'est plus. Mon père est mort.

Ma mémoire traumatique explose. En parallèle je cherche des réponses et de l'aide pénale. Je divorce (8 ans de batailles acharnées), l'église reconnaît la nullité de mon mariage, la communauté est reconnue à dérive sectaire et perd sa reconnaissance canonique. Ma lutte n'est pas que personnelle elle est aussi sociétale.

20xx Je finis par arrêter le suivi du psychiatre et commence à faire confiance à ma psychologue mais un événement va me faire reculer. Elle tente de m'aider à quitter l'homme avec qui je suis qui est devenu plus violent (Nous rejouons mutuellement des scènes de notre passé sans en prendre conscience, nous nous "réactivons nos traumatismes mutuels") De manière bien intentionnelle mais trop violente et trop rapide pour moi et mes souvenirs traumatiques. Je suis trop isolée, financièrement je ne peux pas m’en sortir. Ma psy est présente mais n’est pas une assistante sociale ni une amie ni une famille ni un groupe. Le saut est trop abrupt. La mémoire traumatique trop explosive. Je risque ma vie, seule, j'ai l'impression que je vais exploser, mourir tellement la douleur est atroce. Et je laisse se reproduire des schémas de violence au travail sans pouvoir m'en détacher. Je suis la proie idéale, vulnérable.

Je perds un peu de confiance en elle et reprends ma recherche d'un "professionnel " psychiatre. On en trouve une mais celle-ci est en pleine reconversion, elle commence juste à avoir des notions de traumas et n'est pas suffisamment formée pour prendre en charge un trauma complexe comme le mien. 4ème violence institutionnelle.

S'en suit une grande bataille intérieure de 2 ans pour accepter ma mémoire traumatique et apprendre à faire confiance à ma psy et se comprendre et s'expliquer, décortiquer mes besoins, mon mode de fonctionnement et s'adapter au rythme de ma levée d'amnésie.

Le chemin de reconstruction d'une personne survivante de traumatismes est long et tortueux. Il passe par 3 pas en avant et 6 pas en arrière. Il est très fragile. Certains petits créneaux ne doivent pas être manqués.

Nous, les survivants, passons notre vie à chercher de l'aide, quelqu'un qui nous aidera à renouer le dialogue intérieur et nous réunifier, à nous comprendre.

Il faut trouver le bon équilibre entre avancée et libération de la mémoire traumatique et besoins de souffler et pouvoir ne rien ressentir et subir de cette mémoire, être en "terrain connu", reproduire ce qui nous a toujours soulagé.  Trouver de nouveaux modes de fonctionnements et automatismes et utiliser le fonctionnement mis au point depuis toujours.


Cet équilibre évolue constamment et est tributaire de tous les messages que renvoient le quotidien de la ou le survivant. Des amis qui s'éloignent car entendre ma parole leur est trop douloureux. Un juge qui ne protège pas juridiquement. Une assistante sociale qui ne veut rien entendre. Un dentiste ou une gynécologue qui participent aux violences institutionnelles par leur méconnaissance des mécanismes du trauma... et tous les problèmes financiers et de précarité engendrés par cette lâcheté et méconnaissance du trauma par les institutions qui vont participer à la perpétuation du sentiment de non sécurité, de la solitude et de l'abandon de la survivante.

Nous parlons, nous disons... constamment. Mais dans 99% des cas notre parole est refusée.

Mais tout peut aussi changer par un simple regard, une écoute bienveillante.

C'est cet espoir cette quête incessante qui nous maintien en vie. L'espoir un jour d'être entendu.



POURQUOI TÉMOIGNER EST-IL DIFFICILE ?

Pouvoir écrire ces lignes  sur ce site a été un long cheminement de 3 ans en arrière, très douloureux et éprouvant et ce cheminement n'est pas encore terminé car pour l'instant je ne suis pas encore capable de témoigner à visage découvert et de porter plainte.

Comme je vous l'ai expliqué, j'ai de très nombreuses parties. Chacune de ces parties a sa propre représentation de ce que je dois faire, être, dire... Le seul et unique but de la création de ces parties est de m'aider à survivre, me sauver.

Il y a trois choses qui rendent le témoignage difficile :

- L'amnésie traumatique

- Les luttes sur les objectifs de survies de tout mon système de parties

- La méconnaissance de la société et des professionnels sur les conséquences des traumatismes et leur réalité

Tout d'abord l'amnésie traumatique, mes parties se sont cloisonnées dans mon esprit pour me permettre de survivre, chacune étant ignorante de l'existence de l'autre et de ses agissements et de ce qu'elle vivait.


Mes parties "PAN" étaient ignorantes de ce que vivaient mes parties subissant les traumatismes, leur but étant de faire comme si tout allait bien, comme si tout était normal et que rien ne s'était passé car autour de moi personne ne me protégeait, tout le monde obéissait à mes violeurs et ceux-ci avaient un pouvoir sur ces personnes.


Ma parole n'aurait et n'a pas été prise au sérieux lorsque j'ai parlé et j'en ai subi des conséquences graves puisque après avoir parlé, le nombre de mes violeurs a augmenté. Et ne pas savoir me permettait de pouvoir agir en présence de mes violeurs sans avoir peur, sans être en colère, je pouvais lorsqu'en public ils disaient que j'étais "leur fille adoptive, qu'ils m'aimaient"... être reconnaissante, affectueuse... Si je ne l'avais pas fait je serais morte !

Mon amnésie a été partielle ou complète, ou même transitoire et récurrente avec des périodes ou des souvenirs ont été partiellement retrouvés et d'autres où ils ont été de nouveau oubliés selon ce que je vivais au quotidien.

Encore aujourd'hui, certains jours je sais et me souviens de manière précise ce que j'ai vécu et par moment ces souvenirs sont inaccessibles comme pris dans un nuage de brouillard et de flou. A certains moment je peux décrire en détail les lieux et le déroulement de mes traumatismes, je me souviens des paroles, du visage, de la position de mon corps... et tout devient flou, je sais que quelque chose m'est arrivé mais tout est brouillé comme un rêve lointain que j'aurais fait.

Cette amnésie fait partie de ma survie car faire face de manière totale et constante est très douloureux.


N'oubliez pas que ma prise de conscience n'est pas que intellectuelle, elle est aussi sensorielle (je sens physiquement ce qu'on m'a fait dans chaque parties de mon corps : bras, dos, sexe, bouche, cou... comme si c'était en train de se dérouler en ce moment même), elle est émotionnelle (je ressens la terreur, la douleur à l'identique de celle que j'ai ressenti sur le moment des actes, mon coeur s'emballe, mon cerveau panique, j'ai mal au ventre, je tremble, je vomis, je suis tétanisée de terreur...) et comprendre intellectuellement l'horreur de ce que j'ai vécu, les trahisons subies, l'abandon, l'étendue de la négligence, la puissance mise en oeuvre pour perpétuer ces actes, l'implication de mon entourage... tout cela me plonge dans le désespoir, l'envie de me suicider mais aussi la colère et la haine...


Tous ces sentiments et recentis très forts sont très éprouvants pour mon corps et mon cerveau ! J'ai besoin d'avancer en douceur, d'avoir des moments de répis ou je ne ressens plus rien, ou mon cerveau ne sait plus rien pour pouvoir souffler et reprendre des forces, pour pouvoir espérer et croire en moi et en l'être humain.


C'est pour cette raison que l'amnésie traumatique ne se lève pas d'un coup. Ce serait beaucoup trop éprouvant et insuportable !


Pour vous donner un exemple concret, je n'ai que très peu de souvenirs de mon mariage avec mon ex-mari, les choses me reviennent par bribes ou flashs de temps en temps. Mais la plupart du temps je ne me souviens de rien. Pour une bonne raison, j'ai subi des viols et des violences physiques et psychologiques avec lui, il a tenté de me pousser au suicide et continue encore à me harceler. J'ai tenté de demander l'aide de la justice, celle-ci n'a rien fait et j'ai très vite compris que si je m'entêtais à témoigner, la garde de mes filles me serait retirée.  J'ai dû faire le choix du moindre risque : accepter et me taire ou les perdre et mettre mes filles dans les bras de mon violeur principal, le père de mon ex-mari, lui laisser toute la puissance et l'impunité. Leur père les a en garde alternée, je n'ai pas le choix. Alors pour ne pas hurler de désespoir et de terreur, pour que cela se passe de la manière la plus harmonieuse possible et que mes filles ne souffrent pas trop, je ne sais plus rien, j'oublie pour que cela soit supportable, parce que je n'ai pas d'autres choix...

Cette perte de mémoire et ces réminiscences s'expliquent aussi par la lutte sur les objectifs de survies de mon système de parties. 


Beaucoup de mes parties, celles qui je pense n'entre ni dans la catégorie PAN ni dans celle de PE avaient pour objectif de tester des stratégies de survies.


Je pense que les PE sont des parties très petites qui n'étaient pas encore assez intelligentes, assez élaborées du fait de mon jeune âge et ont donc "subi" les traumatismes sans pouvoir les analyser et analyser le fonctionnement de mes bourreaux et des gens autour qui protégeaient. Je pense que ces PE peuvent apparaître également chez un adulte ou un adolescent qui subi un "unique" traumatisme car cette personne n'aura pas la nécessité vitale d'analyser ce qu'il vie et d'élaborer des stratégies de survies puisque une fois le traumatisme passé, il est en "sécurité" et cela ne se reproduit plus.


Je pense que ces parties que j'ai qui n'entrent pas dans les deux catégories ont dû analyser et élaborer des stratégies. J'ai subi des traumatismes de l'âge de deux ans jusqu'à l'âge adulte.


Pour m'en sortir, il a fallu que je créée des parties qui "étudient mes agresseurs" pour comprendre leur mode de fonctionnement, pour anticiper leurs actions et réactions et pour tester des façons de leur échapper soit en les provocants ou en les amadouant...


J'ai également des parties qui se sont spécialisées dans "l'étude de mon environnement", connaître le fonctionnement des gens, comprendre les règles et croyances, créer des liens... dans le but de trouver de l'aide.


Chacune de ces parties a développé un mode de pensées, d'objectifs, de compétences... spécialisées dans ce rôle attribué et n'avait aucune connaissance des autres rôles et stratégies internes.


Et j'ai des parties qui font le lien et rassemblent les connaissances et compétences de ces deux groupes de parties : mes parties "contrôles". 

Cette stratégie, cette "spécialisation" a permis ma survie puisque aujourd'hui je suis en sécurité, j'ai pu échapper à la secte et je vais de mieux en mieux mais c'est aussi la "cause" de ma difficulté à témoigner et parler.


Gardez bien à l'esprit que ces parties que j'ai sont des morceaux de ma personnalité, elles sont autonomes et chacune d'elles a un vécu et une expérience propre et en a tiré des conclusions, des choses à faire et à ne pas faire pour survivre.


Certaine de mes parties ont testé la rébellion de pleins de manières différentes, cela a échoué ou m'a mis en danger. C'est donc interdit.


Certaines de mes parties ont parlé à des adultes pour demander de l'aide, elles ont été confrontées soit à l'indifférence et la négation, soit ont dû faire face à un violeur de plus. Pour elles parler est donc interdit et met en danger de mort.


Certaine de mes parties ont développé des stratégies de protections comme par exemple trouver un homme et lui "appartenir" et être ainsi sous sa "protection". Etre seule est donc interdit car être seule rend vulnérable aux attaques des autres prédateurs.

Comprenez vous à quel point parler et témoigner peut être compliqué et éprouvant pour moi ?

J'ai constamment des objectifs et des envies différentes qui luttent à l'intérieur de moi.

Lorsque il y a trois ans, j'ai été diagnostiquée comme ayant un TDI j'étais en colère, dans une rage énorme.

Comment cela a-t-il pu se passer ? Pourquoi personne ne m'a protégée ?

Je voulais dire, tout, tout de suite et à tout le monde. Je commençais à écrire ce que j'avais vécu sur les réseaux sociaux, à contacter mes proches, ma famille, les adultes avec qui j'avais vécu… Je parlais puis j'étais envahie par la terreur, l'angoisse, la culpabilité… une douleur et une terreur tellement immense qu'elle me clouait sur place. Je vomissais, je tremblais, je hurlais, mon corps entier me disait d'arrêter, j'avais des douleurs atroces dans tout le corps… J'avais l'impression d'être en train de mourir !

Parler me faisait souffrir. Il a fallu que j'apprenne à me comprendre, à dialoguer intérieurement, à écouter les protestations intérieurs, à être patiente et à l'écoute des peurs et des vécus de chacune de mes parties et à avancer pas à pas en prenant en compte chaque avis avant d'agir. Si je ne le faisais pas, les douleurs et la terreur revenaient et j'étais empêchée physiquement d'agir.

Ce qui m'aide aujourd'hui à pouvoir libérer ma parole et être moins en conflits intérieurs est que j'expérimente petit à petit d'autres expériences. Tout au long de ma vie, je n'ai vécu que des échecs lorsque j'ai demandé de l'aide. Mais ce cycle s'est enfin interrompu car j'ai enfin trouvé une psychologue qui m'a cru, m'a entendu. Enfin une personne était prête à m'écouter ! Puis j'ai pu expérimenter avec ma sœur qu'une seconde personne était prête à m'entendre et me croire.

Quelques autres personnes, des amies ou membres de ma famille commencent à entrouvrir une porte et cette expérience me fait un bien fou et m'aide à réguler mes peurs et terreurs et à modifier petit à petit mes croyances intérieurs et mes espérances quant à ma libération de la parole.

C'est le quotidien, des gens vraiment là qui soutiennent, accompagnent, écoutent qui m'aide dans ce combat que je mène, un combat extérieur mais surtout intérieur… Le moindre refus, la moindre connaissance ou personne qui fait machine arrière et je me retrouve à nouveau plongée intérieurement dans une souffrance atroce ou chaque partie se bat pour expliquer que parler va nous tuer et qu'il faut arrêter.

Et c'est la que un troisième rôle important dans la libération de la parole intervient : la société et les professionnels...

Si la société acceptait la réalité des violences sur mineurs, si les gens en général n'étaient pas si phobiques de ce genre de récits de vie, nous ne serions pas emmurés dans le silence.


Je pourrais vous citer des centaines de noms de personnes ayant croisé ma route, qui auraient pu m'aider et qui ne l'ont pas fait. J'ai eu des amis, beaucoup d'entre eux ont disparu parce que ce que je tentais de leur dire était insoutenable et qu'ils refusaient de l'entendre. Ils ont tous été des facteurs déterminants dans la perpétuation de mon silence. Ils ont été des expériences de plus pour moi d'abandon et de solitude.


La société a un rôle déterminant dans l'aide aux victimes ! Plus nous expérimenterons des expériences positives d'aide, de soutien, d'écoute plus l'espoir renaitra en nous et plus nous serons à même de nous reconstruire et de guérir.

A l'âge adulte, jusqu'à il y a quelques mois, j'étais une proie facile pour tous les tordus et prédateurs. Mes "switchs" incessants peuvent se percevoir pour qui veut bien les voir et malheureusement les prédateurs les perçoivent, j'en ai subi les conséquences dans mon travail et dans mes relations intimes ainsi que dans mes amitiés : j'ai continué à vivre des violences. Pour que ce cycle de victimisation cesse, il faut que je prenne conscience de ces modes de fonctionnement et manières d'agir que j'ai et que petit à petit je les modifie et cela ne peut se faire que en expérimentant d'autres sortes de relations humaines, des expériences positives, bienveillantes...

J'ai grandis dans une secte, mon environnement a toujours été grégaire. J'ai intégré le fait que vivre en groupe, avoir plusieurs personnes autour de soi était une force et permettait la survie. C'est pour ça que encore aujourd'hui, vivre seule dans mon appartement est une lutte incessante et terrorisante pour moi au quotidien. Pour cette raison également que être célibataire m'est si difficile. Etre seule signifie la mort pour beaucoup de mes parties.


J'ai un besoin vital de trouver des gens, une équipe autour de moi pour que je ne sois plus seule. J'ai un besoin vital d'être soutenue, j'ai porté ces souffrances toute seule, toute ma vie. Chacune de mes parties a porté sa douleur et sa souffrance, seule et abandonnée de tous. Aidez les victimes, aidez nous a expérimenter un autre vécu à faire des expériences positives de relations humaines !

Il n'y a qu'ainsi que nous trouverons la force et le courage de libérer notre parole et de protéger ainsi notre vie mais aussi la vie de pleins d'autres potentielles victimes de ces monstres !

Mon frère s'est suicidé. Il a vécu les mêmes choses que moi et malheureusement, il n'a pas eu la chance de trouver de l'aide à temps. C'était un homme merveilleux, il méritait de l'aide, il méritait de vivre une vie normale sans souffrances et la société le lui a refusé.

Chacun de nous est acteur et peut faire la différence. Chacun de nous peut-être une expérience positive qui ramènera à la vie, à l'espoir et à la reconstruction.

Et chacun de nous peut faire que le cycle des violences stoppe, que de nouvelles victimes ne s'ajoutent pas, que de nouvelles vies soient broyées...

Il n'y a qu'en dénonçant les violences subies qu'on pourra en arrêter le cycle, en mettant des conséquences effectives aux actes abjectes qu'on pourra stopper les prédateurs, en soignant et étudiant les auteurs et les victimes que l'on pourra comprendre comment stopper et empêcher…

Il faut cesser de fermer les yeux !


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