Comme on m'a renvoyé au visage que mes souvenirs de deux et trois sont soit disant des "souvenirs induits", j'ai fait des recherches sur ce que la psychologie nomme "l'amnésie infantile". C'est à dire "le phénomène amnésique touchant la mémoire épisodique qui conduit à la pauvreté des souvenirs relatifs aux premières années de vie et notamment à leur absence avant deux ans" (Source Amnésie infantile — Wikipédia (wikipedia.org))
Voilà ce que j'ai trouvé comme articles scientifiques :
"L'amnésie infantile a été examinée dans une étude inter-groupes des souvenirs des adultes de 4 événements cibles datables : la naissance d'un jeune frère, une hospitalisation, le décès d'un membre de la famille et un déménagement familial. 222 collégiens ont répondu à des questions sur des événements survenus lorsqu'ils avaient 1, 2, 3, 4 ou 5 ans et aussi sur des sources d'information externes, comme des histoires de famille. Les résultats montrent que le décalage de l'amnésie infantile (âge le plus précoce du rappel) est de 2 ans pour l'hospitalisation et la naissance d'un frère et de 3 ans pour le décès et le déménagement. Ainsi, certains souvenirs sont disponibles plus tôt dans l'enfance que les recherches précédentes ne l'ont suggéré."
Contrairement à ce que croyait la recherche, un enfant de 2 ans a des souvenirs et peut se les remémorer.
"conclusion Dans les analyses discutées ci-dessus, j'ai montré à plusieurs reprises que des variantes de méthodologie de recherche sont associées à des individus rappelant des souvenirs d'âges plus jeunes. Si des erreurs de datation par des erreurs de télescopage sont ajoutées à l'équation, cela indique fortement que les premiers souvenirs des individus peuvent être jusqu'à un an ou plus plus tôt qu'ils ne le croient et qu'on ne le suppose généralement. Ainsi, si un âge d'environ 3 ans et demi a été largement considéré comme l'âge des premiers souvenirs, il se peut qu'un âge plus précis ressemble davantage à 2 ans et demi. Une autre implication est que la plupart des gens ont probablement plus de souvenirs précoces qu'ils ne le pensent et que nous attribuons généralement aux gens. De plus, il semble relativement facile d'encourager les gens à retrouver des souvenirs plus anciens qu'ils ne le font habituellement lorsqu'on leur demande d'identifier leur premier souvenir. Dans le domaine, l'accent a souvent été mis sur la raison pour laquelle il n'y a pas de souvenirs ou si peu de souvenirs des premières années préscolaires, et comment nous pouvons en tenir compte théoriquement. Peut-être qu'une question accessoire importante peut être de savoir comment on peut aider les gens à accéder aux multiples souvenirs qu'ils semblent souvent avoir." https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09658211.2021.1918174 méta-analyse recensant les témoignages de quelque 11 000 adultes : 1,1 % seulement des souvenirs d'enfance rapportés sont survenus avant l'âge de 3 ans. The distribution of early childhood memories "In summary, childhood amnesia, as measured by the distribution of autobiographical memories, is a robust phenomenon that is nearly identical in quantitative terms in studies using different methods and different populations. Of the auto- biographical memories reported as occurringbefore age 11, 1.1%occurred before age 3, with a sharp rise afterthat point. Two limitations need to be added to these conclusions. First, only the number of early childhood memories has been noted. We know much less about their content, vividness, narrative coherence, the amount of detail included, the sense that the memories were recollected rather than just known (Rybash & Monaghan, 1999), and their other properties. The second limitation is that all the data reviewed were collected in the USA. Data from other cultures would almost certainly be different(Mullen, 1994; Pillemer, 1998a). Given the stability of the USA data reviewed here over a host of methods and populations, any differences should be easy to observe." https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10932795/ "83 enfants alors âgés de 3 ans et leurs mères, sur leur vécu et enregistré leurs souvenirs. Lors de l'interview, les enfants ont donc été interrogés sur des événements remontant à 2 à 6 années auparavant. Les chercheurs constatent que : · A l'âge de 5 et 6 et 7 ans, les enfants se souviennent de 63 à 72% des événements du début de la vie, · à l'âge de 8 ou 9 ans, les enfants se souviennent d'environ 35% des événements du début de la vie. · si les enfants plus âgés se souviennent de moins d'événements, lorsqu'ils s'en souviennent, c'est avec plus de détails. · Les enfants que les parents avaient le plus laissé s'exprimer lors du premier entretien à 3 ans, sont ceux qui rapportent ensuite, à 9 ans, le plus de souvenirs des débuts de la vie, et qui ont, aussi, le souvenir le plus précis des événements mémorisés. L'explication avancée serait que les souvenirs qui perdurent le plus longtemps sont les plus marquants, donc sont stockés avec plus d'informations, et que les compétences linguistiques des enfants plus âgés permettent alors de mieux les restituer. Le chercheur compare le cerveau des très jeunes enfants à des passoires à travers lesquelles vont s'échapper les souvenirs les moins marquants." https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09658211.2013.854806 Et cet article en français : https://www.cairn.info/revue-devenir-2011-4-page-379.htm?ref=doi
Ce qu'il en ressort est que la recherche et les scientifiques ne sont pas d'accord sur l'âge "limite" à laquelle une personne peut se souvenir de son enfance, ils hésitent entre deux et trois ans. Ensuite ces chiffres sont une MOYENNE et donc par définition, dans une moyenne, il y aura des gens qui auront des souvenirs avant et d'autres après... Il existe des gens avec de l'hypermnésie, ils se souviennent de tout et des gens qui oublient tout, dans la maladie d'Alzheimer par exemple. La mémoire est un phénomène très complexe et encore très loin d'être compris ! Le cerveau et son fonctionnement est encore très méconnu et incompris ! Et autre point épineux est qu'ils ne prennent pas en compte la dissociation, le TDI et son fonctionnement, ce qu'est un psychotrauma...
Un livre vient d'être publié : "Le bébé maltraité se tait, mais il parle !" du Dr Myriam Pierson-Berthier. Je le trouve très intéressant et vous conseille de le lire!