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Photo du rédacteurLeelah

27/05/2020 Accueillir

Dernière mise à jour : 5 août 2020



Accueillir, c'est le terme adéquat je pense pour ce que je vis en ce moment.

Accueillir chaque partie, son ressenti, ses souvenirs, ses pensées...

Accepter d'être au milieu de la mer, sur une petite barque frêle et me laisser porter, accepter de me retrouver en pleine tempête avec des vagues de dix mètres puis sur une mer toute plate sans aucun vent, sans vie, puis retourner dans la tempête...

Accepter de ne pas savoir de quoi sera faite ma prochaine heure, ce dont je serai capable ou non… Lâcher prise avec la conscience et la confiance que cette journée sera finalement une bonne journée lorsque j'en ferai le bilan ce soir.

Confiance et gratitude. Voilà ce qui me porte et me soutien au quotidien. Nous avons confiance à présent les unes envers les autres. Confiance que si c'est trop horrible de partager, une pause, une respiration sera donnée. Et gratitude des parties qui partagent leur souffrance d'être enfin comprises, entendues et soulagées d'une partie de leur fardeau.

Je sens tellement d'amour intérieurement que parfois j'en ai les larmes aux yeux !

On est plusieurs et on est une. Voilà ce qu'on est.

Et à présent, on accepte sans lutter les besoins des autres parties.

On ne les combat plus. On n'en a plus peur ou honte. Et on accepte de laisser la partie ayant des besoins les exprimer.

Une partie a besoin qu'on fasse une pause de 30 minutes et qu'on dorme ? On le fait.

Une partie a besoin de sortir et voir la nature? On le fait.

Une partie exprime ses peurs et ses angoisses d'être dehors? On écoute ses souvenirs, on la rassure et si elle le demande, on rentre pour se mettre en sécurité.

Une partie ressens de la colère et de la frustration d'avoir été empêchée de sortir plus longtemps? On l'écoute, on la rassure, on explique, on réconcilie.

Une partie est frustrée et en colère parce qu'elle considère qu'on n'a pas été assez présente pour nos filles ? On l'écoute et on la laisse reprendre son rôle de maman et se rassurer sur le bien-être de nos filles.

Une partie a besoin de partager un souvenir douloureux de viol particulièrement atroce ? On écoute, on laisse la tristesse s'exprimer, le désespoir… Oui ce qu'il a fait été abjecte. Oui il n'avait pas le droit. Oui ce qu'il a fait est mal. Non ce n'est pas de ta faute. Non tu n'es pas sale. Non tu n'as rien fait de mal et tu n'es pas coupable.

Une partie suffoque, c'est trop pour elle, elle ne veut rien ressentir, tout cela est trop atroce pour elle ? On écoute, on l'entoure, on comprend. Oui c'est horrible, oui ça fait mal. Ne t'inquiète pas on a survécu, c'est fini.

Une partie pleure et partage l'affection qu'elle éprouvait pour la personne qui a commis ces viols atroces ? On l'écoute, on rassure, on explique, on réconcilie. Cette partie a eu un rôle difficile. Elle a tenté de maintenir un lien humain avec ce monstre.

Une partie ressens de la colère et de la honte d'avoir ressenti cette dépendance affective pour le monstre ? On l'écoute, on comprend, on explique...

Chaque minute est ainsi : dialogue et accueil.

Je ne vous dirais pas que mes journées sont belles et paisibles. Ce serait vous mentir.

Parfois je voudrais juste que ma tête soit arrachée de mon corps, je voudrais m'enfuir le plus loin possible, je voudrais être morte tellement la souffrance est vive et intacte...

Mais à chaque fois, au fond de ce gouffre immense, de ce désespoir, à un moment donné j'entends des voix, j'entends des parties qui rassurent et qui disent que c'est fini puis je sens cet amour qui m'entoure, je sens cette chaleur qui m'envahie à nouveau et la douleur et la mort s'éloignent. Je peux à nouveau respirer, mon corps reprends vie, je vois à nouveau mon chez moi. Je suis en sécurité. C'est fini.

Et je ressens beaucoup moins cette appréhension que je ressentais avant de la prochaine vague qui me plongerait en enfer. A présent, quand je suis bien et en sécurité, j'entends et je sens la gratitude des parties et leur mieux être. Je ne pense plus à ce prochain partage qui me fait peur. Je sens uniquement cette paix et cette gratitude intérieure.

Et je prends enfin conscience de tout ces petits moments de bonheur que je peux partager : regarder mes chats se poursuivre et rire de leurs cabrioles, observer mes filles et admirer les belles jeunes femmes qu'elles deviennent, profiter du vent et du soleil, de la nature...

C'est cela qui prédomine : se sentir mieux.


Une chose aussi qui aide beaucoup est d'expérimenter le fait que ma psy et ma sœur sont là et ne lâchent pas.

Je retrouve la confiance et la complicité lors des séances avec ma psy. Elle est toujours là. Elle ne m'a pas abandonnée.

Et la survenue d'un souvenir particulièrement douloureux a réveillé des peurs d'abandon et de jugement négatif de la part de ma sœur et ma psy. Ni l'une ni l'autre ne me jugent ou ne m'abandonnent.

C'est un besoin que j'ai en ce moment, comme un petit enfant qui teste les limites et le lien avec son entourage. Si je me fâche, si je refuse de lui parler, si je me mets en colère… Est-ce qu'on va me punir? Est-ce qu'on va m'abandonner ? Est-ce qu'on va me rejeter ?

Tester le lien et voir que quoi que je fasse ou dise, elles sont toujours là, elles m'écoutent et me soutiennent.

Expérimenter ce qu'est une vrai relation humaine, avec ses hauts et ses bas mais où le dialogue existe et où le lien n'a pas de conditions folles et contradictoires

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