J'ai pris quelques jours sans écrire car mine de rien, ce temps de confinement n'a pas été si simple que ça à gérer...
Le plus dure je crois a été de gérer le sentiment d'abandon que certaines parties ressentaient vis à vis de ma psy et de l'interdit de poursuivre nos séances à son cabinet...
Il a fallu gérer la solitude, apprendre à accepter de ne plus voir ma psy en vrai, trouver un moyen de poursuivre nos séances acceptable pour toutes les parties (Caméra par Skype puis juste échange de messages écrits), et apprendre à me protéger du tapage médiatique sur le Covid. Comme tout le monde je pense, les messages contradictoires sur cette maladie ont été source de beaucoup d'angoisses pour mes parties et de conflits internes. J'ai eu besoin de m'enfermer dans une petite bulle et ma sœur m'a donné au fur et à mesure les informations essentielles à savoir (attestations, protections, date de déconfinement…).
Pour l'instant, je suis retournée une fois au cabinet de ma psy. Ca aussi ça n'a pas été évident. Des parties s'étant senties abandonnées lui en veulent et se méfient d'elle, sont en colère. Comme si la complicité et la confiance s'était un feu fissurée avec cette séparation forcée. Je me sentais très étrangère à elle et à son cabinet, un peu comme si j'y venais pour la première fois, sur mes gardes.
Pendant le confinement, de nouvelles parties se sont jointes aux discussions internes et nous avons dû apprendre à nous comprendre dans un contexte bien particulier… et retrouver nos marques à présent n'est pas si évident...
Ce qui est le plus compliqué à ressentir et vivre est ce décalage interne dans l'avancée de mes différentes parties. Certaines ont bien avancé et veulent tester avec ma psy du "partage difficile" en sa présence pour voir ce que ça fait, si on en meurt, si ça fait trop mal ou si on y survie… et d'autres sont très en colère, considèrent qu'elle nous a abandonné et n'est pas digne de confiance...
Mis à part ces conflits internes, j'apprécie énormément ce temps de déconfinement !
Nous sommes dans un beau moment de phase 1 : vivre l'ici et maintenant et partager des moments de paix et de bonheurs au quotidien.
J'ai pu sortir me promener dans la nature plusieurs fois par jours, mes différentes parties se sont partagées le temps de mes journées de façon équitable sans conflits internes sur sa répartition… Et j'ai ressenti énormément de paix, de gratitude et de bien être intérieur !
Je me sens alors entière et tellement bien, tellement heureuse, tellement en paix !
Le partage c'est cela aussi !
Sortir se promener au bord d'un lac, sentir le vent sur sa peau, sentir la chaleur et la caresse qu'il fait sur la peau. Eclater de rire et de joie parce que une partie petite a toujours aimé le vent. Ecarter les bras et se sentir tellement libre, comme un oiseau… Regarder les rayons du soleil sur le lac et voir le monde avec les yeux émerveillés d'une de mes parties petites… ressentir la paix et la joie que cela procure intérieurement et tout ce que cela peut apporter comme guérison intérieure….
Puis croiser un pécheur. Et avoir des parties protectrices qui viennent et commencent à réfléchir stratégie de fuite ou de combat, hypervigilance, montée d'angoisse, mal être… Dialoguer intérieurement. Je ne suis pas en danger. Le pécheur est un jeune ado. Il ne peut pas nous faire de mal. Je suis en sécurité. Continuer la promenade et essayer de remettre le calme, retrouver la paix, inviter à venir voir les grenouilles dans les roseaux… Puis d'un coup se retourner prise de terreur immense et avoir une image qui se superpose dans mon champ de vision : un chien noir, un doberman arrive dans mon dos, la gueule menaçante ! Terreur absolue de quelques secondes. Puis me rendre compte que ce n'est que mon ombre. J'ai eu peur de mon ombre ! Colère et exaspération ! Pleurs, angoisse et terreur, hurlement et cri....
Calmer tout le monde. Discuter intérieurement, expliquer, temporiser… Indulgence et encouragement… Me mettre au soleil et entourer mon corps de mes bras, me bercer… Tout va bien on est en sécurité. C'est le passé, on est en sécurité. Puis rentrer.
Quelques heures plus tard, proposer une promenade dehors à nouveau. Quelques protestations intérieurs mais accord des parties.
Sortir et se promener dans un autre endroit, admirer les fleurs, sentir la chaleur du soleil sur le visage, rire… Puis arriver dans un endroit plein d'herbes hautes. Une partie petite arrive. Angoisse, terreur, hypervigilance. Il faut taper des pieds très fort sur le sol, cela éloigne les serpents ! Scruter l'herbe à leur recherche, envie de hurler et fuir en courant, impression de danger imminent...
Sortir des herbes et essayer de remettre le calme. On est en sécurité, il n'y a pas de serpents, les serpents qu'il y a ici ne sont pas dangereux, tout va bien. Imaginer intérieurement qu'on cajole et rassure la petite qui a peur… Rentrer, calmer la colère et la frustration, expliquer, temporiser, rassurer...
Travailler sur l'ordinateur, faire les papiers et entendre des protestations. On en a marre ! On s'ennuie ! Ok, des petites veulent du temps pour elles. Leur demander ce qu'elles souhaitent : voir le film Mowgli et Baloo. Chercher sur internet et trouver les musiques du dessin animé et les mettre. Et me mettre à chanter à tue tête les paroles de "il en faut peu pour être heureux", danser et rire aux éclats… Sentir une grande joie, et sentir le regard doux et bienveillant de parties plus adultes… Entendre leur amusement aussi, je n'ai pas vu ce film depuis 15 ou 20 ans… être amusée de me rendre compte que le souvenir et la joie de l'avoir vu sont restés intacte… Partager la joie débordante de la petite et la remercier pour ce beau partage ! Ressentir sa fierté et la gratitude des autres… Finalement ces parties petites peuvent être utiles, elles ont une fraîcheur et un regard sur le monde qui fait du bien… et me sentir tellement entière, tellement bien, tellement une...
Le partage c'est cela aussi ! Et qu'est-ce que cela fait du bien !
On va y arriver, la paix et là, le bonheur existe, la joie aussi...
Que c'est bon de ne plus souffrir, que c'est bon de se comprendre, de s'entendre et de partager ces moments !
C'est un travail de tous les instants, à chaque minute une partie peut rebasculer dans le passé mais que c'est bon de ne plus être seule, de se soutenir et se comprendre...
Belle et douce journée à vous !
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