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13/06/20 Conseils pour soutenir une personne dissociée 4/10

Dernière mise à jour : 5 août 2020



Que vous soyez proches d'une personne dissociée ayant vécu des traumatismes ou un professionnel qui va entendre sa parole voici quelques points importants qui pourront vous aider et nous aider :


Restez en lien avec nous :

Lorsque nous vous avons parlé, que nous nous sommes confiés à vous, nous sommes très vulnérables.


Nos différentes parties vont se réactiver et combattre à l'intérieur : peur des conséquences d'avoir parlé (être puni comme nous l'avons été par le passé, être revictimisé par vous, être tué par nos violeurs si ils l'apprennent), peur d'être rejeté et abandonné à nouveau, peur d'être jugé ou perçu comme fou ou menteur, conflits interne entre besoin d'être aidé, besoins affectifs et peur de dépendre de quelqu'un...


Nous avons intégré que parler met en danger, nos bourreaux nous ont menacé de mort si nous parlions, nous avons subi des tortures si nous parlions, le nombre de nos violeurs a augmenté parce que nous avions parlé…

Donc si nous parvenons à vous parler, les jours après, les mois après, ne restez pas dans le silence et le mutisme.


Nous avons besoin que vous continuiez à prendre de nos nouvelles car sans nouvelles, nous allons penser que finalement vous ne nous croyez pas, que notre histoire vous fait peur et que vous nous abandonnez pour vous protéger. Ne partez pas du principe que c'est à nous de vous recontacter quand nous en aurons besoin. Votre silence pour nous veut dire indifférence, veut dire abandon, veut dire nouvelle trahison, veut dire refus !


Nous aurons tendance à croire que personne ne veut nous entendre et que tout le monde s'en fout. C'est ce que nous avons été obligé d'intégrer tout au long de notre vie. Si nous avons un TDI c'est justement parce que personne ne nous a secouru, entendu, cru, protégé… Le TDI est ce qui nous a permis de continuer à vivre malgré tout et de composer avec la passivité, l'indifférence des gens autour de nous…


J'ai parlé avec beaucoup de proches et amis. Beaucoup ont réagis en me disant qu'ils me croyaient puis une fois mon récit fini, ils ne m'ont plus jamais recontactée. Certains m'ont dit clairement que ce que je leur disais était trop douloureux à entendre et qu'ils préféraient ne plus être en contact avec moi. D'autres n'ont rien dit mais ne m'ont plus jamais contactée… Certains appellent une ou deux fois par ans mais font comme si rien n'avait été dit. C'est une très grande souffrance pour moi ! Je vie cela comme une claque, une injonction au silence, un refus et un abandon cruel !


Vous parler demande un courage immense ! Soyez respectueux de cela !


Par pitié, ne nous dites pas que vous souffrez et que c'est trop pour vous ! Ces mots sont d'une violence !!! Lorsque j'entends cela, tout ce que j'entends à l'intérieur de moi c'est des hurlements, des hurlements atroces de rage et de désespoir ! Nous souffrons ! Nous revivons à longueur de jours les tortures qu'on nous a infligées alors ne nous insultez pas en disant que de simplement entendre notre récit vous fait souffrir ! Comment pouvez-vous comparer souffrances physiques, émotionnelles, psychiques à une perte d'illusion sur votre vision du monde, de l'homme et de la société ?


Et si nous entendre réactive vos propres traumas, vos propres souffrances, dites le nous clairement. Dites nous par exemple : "Ce que tu me racontes me rend très triste, je sens qu'à l'intérieur de moi cela fait échos avec des choses que j'ai vécu. Je te remercie pour ta confiance en ayant partagé ton vécu avec moi. Pour pouvoir t'aider et être à tes côtés j'ai besoin de mettre au clair mes ressentis intérieurs. Je vais prendre un peu de temps pour moi et quand je serai prêt nous en reparlerons." Ou "Ton histoire réveille en moi beaucoup de blessures et de souffrances que j'ai vécu. Je ne suis pas encore prêt à y faire face mais je veux rester présent à tes côté, tu es important à mes yeux. Nous pourrions pour le moment partager de bons moments ensemble sans évoquer ces sujets et lorsque je serai prêt, je te ferai signe pour que nous en rediscutions."


Le plus important est de briser ce cercle de sentiment de rejet et d'abandon que nous ressentons. Soutenir quelqu'un et offrir son amitié peut se faire de pleins de façons différentes ! A vous d'être inventifs et de trouver ce qui permettra de maintenir le lien avec nous tout en respectant vos besoins et vos limites !


Si nous vous envoyons un textos, un mail, un message… dites nous clairement quand vous pouvez répondre et mettez des règles claires pour nos échanges.


Il m'arrive souvent d'échanger avec ma sœur ou d'autres personnes. Ma sœur me réexplique régulièrement les moments où elle est disponible et où elle ne l'est pas. Car parfois, mes parties ne sont pas capables de se repérer dans le temps et oublient que ma sœur est à son travail et n'est pas disponible. Les échanges mails avec ma psy se passent bien car nous avons convenu ensemble que je peux lui écrire lorsque j'en ai besoin mais qu'elle ne me répond pas sauf si je le lui demande explicitement. Je sais qu'elle lit mes mails et elle me le rappelle régulièrement en séance.


Dites nous quand vous êtes disponible et quand vous ne l'êtes pas et rassurez nous régulièrement sur votre soutient.


J'ai beaucoup de mal à gérer les angoisses intérieures lorsque je contacte quelqu'un. Lorsque j'envoie un message ou un texto à un ami, si il ou elle ne me répond pas immédiatement, l'angoisse monte très rapidement. Pourquoi ne me répond il pas ? Est-il fâché ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Il m'abandonne ! Il a peur de moi ! Je suis une mauvaise personne ! Je suis seule ! Personne n'est là ! Aucun espoir n'existe !

Si vous le pouvez, répondez nous rapidement. Car le temps que vous mettrez à répondre, nous allons souffrir. Nous allons croire que vous ne voulez plus être en lien avec nous, que vous ne nous croyez pas, que nous sommes à nouveau abandonnés…

Le plus important pour nous est que vous soyez le plus clair et le plus explicite possible.


Nous n'avons pas besoin de longs messages ou de grandes explications mais juste d'un mot qui montre que vous êtes là.


Si vous n'êtes pas bien, si vous avez besoin d'une pause, dites le nous clairement avec bienveillance : "En ce moment je suis un peu fatiguée, j'ai besoin de reprendre des forces. Tu peux continuer à me contacter par mail si tu le souhaites, je suis là pour toi et je ne t'abandonne pas. Dès que j'irai mieux et que j'aurai repris des forces, je viendrai te voir et je lirai tes messages et nous en discuterons" ou "Ce que tu as vécu me bouleverse énormément en ce moment, pour être un bon soutient pour toi, j'ai besoin que nous privilégions pendant quelques temps des sorties dehors et de bons moments pour retrouver un peu de paix à l'intérieur de moi. Je ne suis pas fâché et je ne t'abandonne pas ! Tu n'as rien fait de mal ! Je suis très triste que tu ais du vivre tout cela et très en colère que personne ne t'ai protégé. Je suis ton ami et je suis là pour toi."


Nous sommes en grande souffrance mais c'est le silence et les non dit qui nous blessent le plus. Nous avons besoin de vous et vous pouvez nous aider à guérir nos blessures en apprenant les bases de relations humaines saines.


Une bonne relation humaine est faite de limites saines basée sur les besoins de chacun et d'un lien qui perdure dans le temps, d'une acceptation des qualités et des faiblesses de l'autre dans la bienveillance et la compréhension mutuelle. Aidez nous à l'expérimenter !


Vous aurez surement au début l'impression que votre relation avec nous est chronophage, nous avons tellement souffert d'abandon et de solitude que trouver enfin une personne bienveillante et présente fera que nous tenterons avec vous de combler tous nos manques affectifs…


Ou nous aurons tendance à vous inonder de messages et d'explications dans le but de vous convaincre de la véracité de ce que nous avons vécu. Après une vie entière où nous étions complètement transparents et invisibles, avoir une personne en face de nous qui nous écoute et nous voit est un peu comme un mirage. Nous avons tendance à croire que cette personne va changer d'avis, que ce n'est pas réel, qu'un jour ou l'autre vous allez nous abandonner… donc maladroitement nous cherchons à vous convaincre encore et encore… Sans comprendre que la personne en face risque de saturer et se sentir débordée et effrayée par notre trop plein de sollicitations. Et que à la longue cela produira l'effet inverse que nous espérions.


Mais vous verrez que assez rapidement, avec votre aide et un échange réfléchi et clair des besoins mutuels, des limites bien définies, nous parviendrons à apprendre ce qu'est une vrai amitié, un vrai lien sain et nous serons à même de réguler nos besoins.



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