Que vous soyez proches d'une personne dissociée ayant vécu des traumatismes ou un professionnel qui va entendre sa parole voici quelques points importants qui pourront vous aider et nous aider :
Nommez expressément ce que vous ressentez ou pensez :
Si vous êtes stressé, fatigué ou en colère dites le nous de manière clair. Dites vous que nous allons le sentir de toute façon et que nous risquons d'en tirer de mauvaises conclusions.
Si nous avons besoin de parler parce que nous sommes en souffrance intérieurement mais que vous êtes fatigués car la veille au soir, vous avez fait une insomnie, dites le nous : "hier soir je n'ai pas beaucoup dormi, vous allez peut-être sentir que je suis fatigué mais cela n'a rien à voir avec vous. Je suis là et je veux vous écouter et je vais faire de mon mieux pour rester attentif à votre parole !".
Si vous êtes stressé parce que votre enfant a des problèmes à l'école ou l'un de vos parents est malade : "En ce moment je suis un peu stressé car il se passe des choses difficiles dans ma famille qui m'inquiètent, vous allez peut-être sentir que je suis préoccupé mais cela n'a rien à voir avec vous, je suis présent à vos côtés et je suis heureux d'entendre votre parole". Si vous êtes en colère ou triste en nous entendant : "ce que vous me dites me met en colère ou me rend triste. Je suis en colère contre les personnes qui vous ont fait tout ce mal, je suis triste que vous ayez vécu tout cela".
Ce passage est primordial pour les psys !
Je sais que dans votre formation on vous a appris à ne rien dire sur vous, ne rien dire de personnel… Mais pour pouvoir créer un lien de confiance avec vous nous avons besoin que vous exprimiez à haute voix ce que vous ressentez ou pensez ! Nous n'avons pas besoin de savoir des éléments de votre vie personnelle, pas besoin que vous entriez dans les détails… Mais que vous nommiez explicitement ce que vous pensez ou ressentez car même en tant que psy, votre attitude nous envoie des messages et nous avons besoin que vous les expliquiez pour avoir confiance en vous et pouvoir vous parler.
Si vous êtes fatigué après une journée entière à écouter vos patients, dites le nous. Dites nous que vous êtes fatigué mais que vous êtes là avec nous et que vous ferez de votre mieux pour nous aider. Si vous ne dites rien, nous allons percevoir vos bâillements et allons l'interpréter comme un rejet...
J'ai passé de nombreuses années en thérapie avec des psys qui ne disaient pas un mot ou n'exprimaient pas ce qu'ils ressentaient. Cela me mettait en souffrance ! J'avais l'impression d'être rejetée, jugée et ils ne m'expliquaient rien. A l'intérieur, j'étais en conflits constamment et je souffrais physiquement. Un haussement de sourcil, un soupir faisaient que je pensais que le psy doutait de moi puis un sourire bienveillant de sa part, qu'il me croyait… du coup à l'intérieur je n'entendais que hurlements et colère, panique… Dois je lui faire confiance ? Dois je me taire ? Suis je en danger ou en sécurité ?
Ayant grandis dans une secte et ayant subi de la manipulation mentale, j'ai des parties qui observent et analysent mon environnement en permanence. Si une personne me ment ou élude une de mes questions, mes parties perçoivent cela comme un danger. Pour réussir à me confier et à faire confiance, j'ai besoin que mon entourage soit honnête et clair.
Nous avons besoin que vous nous disiez ce que vous ressentez car nous aurons tendance (si vous ne nous l'exprimez pas) à croire que nous sommes rejetés et qu'on veut nous faire taire.
Nous avons intégré douloureusement tout au long de notre vie le fait que personne n'écoute, personne ne veut nous aider, personne ne veut nous entendre et nous croire. Aidez nous à libérer notre parole et à intégrer de nouvelles expériences positives de relations humaines.
Et nous avons tendance à interpréter tous les signes extérieurs de manière pessimiste et négative.
Dites vous que l'une de nos parties va sentir et analyser vos émotions et qu'elle va en tirer des conclusions pessimistes alors n'hésitez pas à formuler ce que vous ressentez, ce que vous pensez pour qu'il n'y ait pas de doute et d'ambiguïté… Le maître mot est clarté, honnêteté et transparence. Ne passez pas votre temps à nous expliquer tout ce qui se passe dans votre tête et dans votre corps… Mais soyez à l'écoute et en observation de vos réactions intérieures et nos réactions extérieures ! Et si vous sentez un changement dans notre attitude, prenez une pause avec nous et aidez nous à comprendre ce qu'il se passe.
Cela nous aidera énormément à apprendre à nous écouter, à sentir la survenue d'un switch et à dialoguer intérieurement !
Nous avons du mal à prendre du recul et à voir si un ressenti extérieur ou une émotion exprimée face à nous nous concerne ou non. Si une personne à côté de nous est en colère, des parties de nous penserons que nous avons fait quelque chose de mal, que cette personne est en colère à cause de nous. Nous allons être envahi par la peur et l'angoisse, la culpabilité… Il nous faudra du temps et de l'aide pour réussir à distinguer ce qui est de notre responsabilité ou non, et le degré de gravité. Face à la colère, nos parties petites vont s'activer immédiatement et nous ne serons plus en mesure de réagir, de comprendre l'intégralité de l'évènement et de le placer à sa juste place.
Observez nous. Regardez nos yeux, la posture de notre corps… généralement lorsque l'une de nos parties s'inquiète et se réactive, notre corps et notre attitude le montrent. Si vous percevez un recul, une mise à distance de notre part dites le nous.
Demandez nous ce qui nous inquiète ou nous fait peur. Et essayez de comprendre avec nous ce qui dans notre environnement a déclenché cette réaction. Si nous sommes dans un restaurant et qu'une personne à la table d'à côté s'énerve, nous risquons de nous figer ou de commencer à angoisser… formulez à haute voix les choses. Expliquez nous que cette personne s'énerve mais que ce n'est pas contre nous, que nous ne risquons rien, que nous sommes en sécurité. Nous pourrons ainsi calmer nos angoisses.
Si nous parlons et que d'un coup nous arrêtons de le faire et nous enfonçons dans notre siège, le visage fermé, essayez d'analyser ce qu'il vient de se passer. Peut-être un mouvement de votre part, un mot a réactivé l'une de nos parties blessées. Faite nous remarquer ce recul et demandez nous ce qu'il vient de se passer, reformulez votre parole ou expliquez votre geste… Plus vous nous aiderez à prendre conscience de nos switchs plus nous arriverons à prendre du recul face aux évènements et à ne plus réagir de façons instinctives et immédiates. Petit à petit, nous serons à même de pondérer nos réactions et faire appel à notre réflexion en prenant en compte toutes les données.
Pour une personne dissociée, devenir conscient de son monde intérieur, dialoguer et se comprendre est primordial ! Les professionnels comme nos proches peuvent être des aides incroyables pour nous aider à supprimer nos barrières amnésiques et divergences d'objectifs, de croyances et de modes de protections entre parties.
Et le petit plus à être à nos côtés est que vous apprendrez à mieux vous connaître et vous comprendre vous aussi ! Vous deviendrez une sorte de scientifique qui observe et écoute. Vous apprendrez à être vigilant au quotidien et vous verrez que votre regard sur la société et le monde se modifiera, vos relations à l'autre également… Vous serez plus attentifs à vos enfants, votre famille, vos collègues de travail… Et je trouve que pour vous comme pour nous, apprendre à se comprendre et comprendre l'autre est quelque chose de merveilleux et positif… Et cela fait de nous un meilleur être humain non?
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