Nous les personnes dissociées sommes des "testeurs".
Nous passons notre temps à observer notre environnement et à en tester les limites.
Avoir une relation avec nous, qu'elle soit d'amitié ou familiale ou lors d'une thérapie, n'est pas facile !
Je teste, nous testons notre lien à l'autre constamment. Nous testons les opinions, les agissements, les réactions de notre entourage en permanence.
Cela nous permet de connaître l'autre, de le ranger dans la catégorie personne de confiance ou non, de voir si il comprend à quel point notre mode de fonctionnement est complexe et si il se donne la peine de chercher à comprendre, et, de voir si notre lien est sain...
Nous pouvons chercher à savoir si la personne en face va prendre partie contre nous ou nous imposer son mode de fonctionnement. Nous pouvions ainsi savoir que cette relation mènerait à une sorte d'emprise ou ne mènerait à rien si la personne voulait rester "neutre" ou cherchait à connaître "l'autre version" de l'histoire en discutant avec nos bourreaux.
En parlant des violences conjugales que je vivais, je pouvais minimiser ou excuser les agissements que je subissais. C'était un bon moyen de savoir si mon interlocuteur était fiable. Si la personne excusait, cautionnait c'était le signe pour moi que je ne trouverais aucune aide de sa part. Si au contraire elle me contredisait et employait les bons termes et interdit de la loi sur ce que je racontais avoir vécu, je savais que je pouvais lâcher un peu ma garde. Chacune de mes parties teste constamment ma psy pour savoir si elle cherche à avoir une relation d'emprise avec moi. Certaines parties vont lui témoigner leur reconnaissance, leur amour... et nous observons si elle respecte les limites où si elle se sert de cette faiblesse pour nous contrôler.
Nous testons si les règles et accords sont respectés.
En thérapie, souvent nous mettons des "conditions" à nos avancées ou des parties expriment leurs désaccords ou le fait que nous ne soyons pas encore prêts. Par exemple, récemment nous avons fait de l'EMDR, des parties sont venues dire à ma psy que ces séances devaient se cantonner uniquement à améliorer le présent et ne pas aborder nos traumatismes. Systématiquement des parties ont cherché à enfreindre cette règle pour voir si ma psy les respectait et nous les faisait respecter en commençant à raconter un traumatisme... Ma psy nous a alors rappelé l'accord passé et nous a redis que pour l'instant nous n'étions pas prêt à partager nos traumatismes. Régulièrement des parties s'adressent à ma psy et lui demande comment faire pour avancer plus vite, pour contrer les parties qui bloquent... Nous avons besoin qu'elle nous rappelle régulièrement que nos parties sont dans le même corps et que temps que l'une s'oppose et n'est pas prise en compte, ce que nous cherchons à faire sera contré. Elle nous réexplique la nécessité de travailler ensemble, de voter, de trouver des accords et des compromis...
Mes parties "sexualisées" cherchaient par des mimiques, attitudes ou vêtements portés à voir si les hommes dans mon entourage étaient des pervers, si je devais m'en méfier ou si au contraire j'étais en sécurité. En jupe ou tenue moulante, un homme infidèle ou malsain nous regardera de haut en bas, fera des remarques déplacées... A présent je fais plus attention à ne plus avoir cette attitude involontaire car j'ai compris que cela me mettait en danger de revictimisation.
Nous pouvons provoquer verbalement. Pour voir lorsque nous vous mettons en colère si cette colère va vous aveugler et couper nos liens ou si vous cherchez malgré tout à nous comprendre et nous aider.
Pour voir si vous accepter de nous entendre et d'entendre notre douleur et notre colère, nous essayerons de laisser nos parties portant ces ressentis les exprimer devant vous. Si vous montrer des signes de peurs lorsque nous sommes en colère, nous assimilerons que vous ne tolérez pas ce ressentis et que nous ne pouvons pas l'exprimer. Si vous avez peur lorsque nous parlons suicide, nous saurons que ce sujet n'est pas à aborder avec vous. Nous testons cela car comment tolérer comme faisant partie de nos pensées et ressentis des sentiments et envies que vous même n'êtes pas prêt à entendre ? Une personne suicidaire ou en colère a besoin avant tout d'être entendue, comprise... La moralisation ou les interdit ne serviront jamais à apaiser ces ressentis douloureux ! Et si ces deux attitudes sont repoussées, alors la personne pourra passer à l'acte car elle n'aura pas trouvé d'autre moyen de l'exprimer... Les personnes qui font des tentatives de suicides cherchent à appeler à l'aide, elles ne veulent pas mourir...
La plupart du temps nos parties en colère ou dépressives vont s'exprimer de façon emphatique, extrême. Après des années de refus et de silence, il est normal qu'elles soient dans le trop plein. Plus vous nous laisserez nous exprimer librement sans jugement, plus ces parties apprendront à pondérer leurs ressentis et à prendre en compte notre réalité dans son entier.
Nos parties qui s'opposent et semblent hostiles sont très violentes au début. Elles peuvent chercher à vous faire peur, vous menacer... N'ayez pas peur d'elles ! Ces parties sont la clé de la réussite de notre relation ! Et c'est particulièrement le cas en thérapie ! Si une partie vous agresse verbalement ou cherche à vous provoquer, vous insulte... Ne la repoussez pas ! Rassurez la, assurez la de votre compréhension, de votre empathie... Dites lui que vous la voyez comme une protectrice et que vous avez besoin de son aide. Remerciez la de nous protéger et d'être vigilante pour nous. Dites lui que vous ne ferez rien sans son accord et que vous comprenez qu'elle a besoin de vous tester pour savoir si elle peut vous faire confiance... Demandez lui de venir participer aux échanges, de donner son point de vue... J'ai beaucoup de parties qui portent ce rôle. A présent avec ma psy, certaines de ces parties ont confiance en elle et viennent lui parler sans être agressives. Au début, elles l'étaient mais à force de calme, de tolérance, de dialogue... elles ont eu confiance en ma thérapeute. A présent, elles sont d'une grande aide dans mon quotidien ! J'ai encore des parties hostiles qui ne sont pas intégrées. Elles viennent en thérapie et jettent des regards noirs à ma psy mais petit à petit leur méfiance s'amenuise.
Je teste régulièrement le lien avec ma sœur ou mes amis. J'oscille constamment entre dépendance affective et rejet et phobie du lien. Lorsque je suis en demande affective, j'ai besoin que ma sœur me rassure mais surtout qu'elle me rappelle mes capacités et mon âge, le fait que je ne suis plus un petit bébé et que je peux m'apporter seule l'amour et l'attention dont j'ai besoin. Une personne qui sera trop présente, qui ne me laissera aucun espace me fera peur. Une personne qui se comportera avec moi comme une maman me fera me sentir en danger. Donc même si nous vous envoyons des signaux contradictoires, gardez en tête que nous avons ces DEUX besoins en nous : savoir que nous sommes dignes d'affection, d'amour, d'écoute, d'attention mais aussi que nous sommes indépendants, autonomes, capables et forts. Aidez nous à trouver le bon équilibre à avoir dans une relation.
Nous pouvons également tester si vous allez chercher à diviser nos parties ou si au contraire vous nous aidez à nous comprendre et nous unifier. Ma sœur a bien compris à présent que lorsqu'une partie s'exprime face à elle, cela ne signifie pas forcément que toutes mes parties sont en accord avec ce que je dis ou ressentent les choses de la même façon. Lorsque nous nous exprimons essayez de rester le plus neutre possible. Dites que vous comprenez notre point de vue mais que peut-être d'autres parties vivent les choses différemment... Aidez nous à nous questionner et interroger intérieurement. Si vous exprimer votre solidarité sans envisager le fait que d'autres parties existent en nous et ne portent pas le même objectif de survie et de sauvegarde, vous nous plongerez involontairement dans des conflits internes.
Ne prenez pas nos provocations ou nos tests à la lettre. Souvent c'est pour voir si nous pouvons avoir confiance en vous et si vous allez nous abandonner que nous agissons ainsi. Si une partie en colère vous envoie un texto pas très agréable, ne tombez pas dans le piège d'y répondre avec agressivité. Dites nous simplement que vous l'avez bien reçu, que vous comprenez et laissez nous et vous un peu de temps pour en reparler. Cela désamorcera le conflit et permettra à tout le monde de prendre du recul... Ma sœur y répond avec un petit émoji en forme de cœur, puis plus tard nous en reparlons et elle m'aide à comprendre pourquoi je me suis sentie en danger et mes protections se sont réactivées...
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