J'ai pris un peu de temps hier pour digérer et réfléchir. Une nouvelle avancée, une nouvelle chose vient de se produire dans mon système. Je ne sais pas encore si je parviendrai à le reproduire mais je crois que je viens de faire un grand bond !
J'étais chez moi dans mon appartement avec mes filles et d'un coup j'ai eu beaucoup de partage de mes parties.
Le partage cela peut-être beaucoup de choses :
- partager un souvenir (bon ou mauvais),
- partager un point de vue, des pensées, une manière d'être et de voir les choses ( avec cohésion et entente ou sans et dans ce cas là, c'est très douloureux),
- partager des compétences ou des connaissances (au travail par exemple),
- partager des ressentis, des émotions (positives ou négatives)...
J'ai mis longtemps à comprendre que le partage cela pouvait être négatif (avec de la souffrance et de la douleur) mais AUSSI positif (partager un moment de bonheur dans le présent et rire avec une partie...).
L'été dernier, je suis allée dans un parc d'attraction avec mes filles. C'était une période où j'essayais de faire venir mes parties perdues dans le temps de mes traumatismes pour qu'elles puissent voir que mon présent était différent et beau.
J'ai fait une attraction où j'étais dans une nacelle qui tournait doucement et où je voyais un paysage magnifique autour. Des parties petites sont venues voir par mes yeux, c'était un moment merveilleux, magique… Je pleurais, je riais, j'observais tout autour… C'était comme si d'un coup ces parties petites de moi découvraient un monde non pas fait de douleur, de terreur et de noirceur comme elles en avaient l'habitude mais un monde magnifique, joyeux, poétique, doux… Les rayons du soleil venaient sur mon visage, le monde tournoyait et je voyais ce paysage tout autour… J'ai ressenti une paix immense puis une grande gratitude… et de l'espoir… C'était un très beau moment de partage positif !
J'ai essayé par la suite de poursuivre ces moments de partages positifs mais c'est une grande bataille quotidienne !
Des parties s'y opposent car elles ont bien compris que mieux je serai encrée dans le présent, plus toutes mes parties pourront s'y repérer et plus je serai capable de faire face à mes traumatismes. Leur rôle dans mon système étant de m'empêcher de me souvenir et de dire ce que j'ai vécu car en ayant essayé de le faire, elles ont échoué, elles font tout pour s'y opposer et croient me protéger et me sauver en faisant cela. La fameuse "fenêtre de tolérance" et "capacité intégrative" dont parlent les psys...
Depuis un an, mes parties contrôles tentent de se mettre en retrait et un peu moins être aux commandes de mon système. Elles continuent à orienter, diriger mais elles nous laissent aussi nous dépatouiller et décider. Elles mettent plus de temps à nous expliquer leurs décisions et je dois comprendre leurs motivations par moi-même (enfin nous devons nous questionner et comprendre). Elles font de même avec ma psy. Avant, elles venaient et lui parlaient. Elles expliquaient leurs choix et leurs objectifs en aparté, ce qui aidait beaucoup ma thérapeute à comprendre et m'aider à comprendre ce que je traversais.
Depuis de longs mois, elles sont silencieuses et en retrait. Elles ne viennent lui parler que si c'est absolument nécessaire et de façon très succincte.
Mes parties doivent apprendre à se questionner, se remettre en question, se mettre à la place des autres parties, expérimenter, tester, trouver des solutions et des compromis… Ce qui a permis qu'un grand groupe de parties collabore à présent.
Mais il reste la difficile question du partage traumatique.
Avant d'avoir le diagnostic de TDI, ma vie n'était que switchs. J'étais douleur, terreur, angoisse. J'étais fonctionnelle, maman, travail, papier. L'un ou l'autre. Quand j'étais douleur, terreur et angoisse, le monde réel autour n'existait pas. Seul mes pensées et ressentis corporels étaient existants. Le monde autour était un rêve, plongé dans une brume irréelle. Mon monde intérieur était plus présent, plus vrai que le monde extérieur à ce moment précis du switch, mon corps et mon cerveau étaient en feu.
Puis je redevenais "moi", une adulte et j'avais le vague sentiments d'avoir souffert la minute avant mais sans savoir pourquoi. Et je ne voulais pas me questionner. C'était comme si la minute précédente de souffrance était un vague cauchemar, une bribe qui s'éloignait de moi. Le monde autour redevenait réel, tout allait bien.
Puis j'ai eu ce diagnostic de TDI et j'ai commencé à comprendre et à prendre conscience de mes switchs. Et c'était l'horreur ! Pas une journée sans souffrance, terreur, angoisse. Et je fonctionnais par vagues. Un coup je voulais savoir, comprendre, prendre conscience, avancer, me libérer… Un coup je n'en pouvais plus d'être prise dans ce feu brulant et je voulais revenir au mode de fonctionnement précédent, ne plus rien voir, ne plus rien savoir, fuir, échapper...
Pour stopper cette fuite et ce déni, il a fallu faire du "partage forcé".
Mes parties qui habituellement ne voyaient que mon présent (mes PAN) ou celles n'ayant eu à faire qu'aux côtés "gentils" de mes agresseurs (mes PE loyales aux agresseurs) ou celles dont la fonction est que je ne ressente aucune souffrance (celles qui gèlent mes ressentis ou celles me permettant de fuir dans le rêve) ont été forcées de revivre et ressentir la souffrance portée par mes autres parties. C'était atroce, insupportable ! Une plongée en enfer !
C'était nécessaire pour qu'elles comprennent que c'était vrai (cela nous était arrivé), que des parties souffraient (et qu'on n'a qu'un seul corps donc aucun autre moyen de régler le problème), et qu'il fallait s'entendre et collaborer.
Mais cela pose à présent un gros problème : j'ai peur du partage des traumatismes !
Donc je tergiverse... Comment faire le partage mais ne pas souffrir, ne pas ressentir... ?
Ce partage "forcé" n'est pas un choix délibéré et conscient, le partage est donc douloureux et non voulu ni décidé par les parties qui le subissent. Elles le combattent donc au lieu de le laisser couler sur moi et l'accepter comme un vécu faisant partie de passé. Il est très douloureux et ces parties sont très en colère après...
Donc avant hier, je crois avoir fait un bond.
Pendant plusieurs heures, mes parties couardes étaient là, au devant de la scène, aux commandes. J'étais douleur, j'étais terreur, j'étais angoisse. J'avais peur, j'étais perdue...
Puis d'autres parties se sont mises à parler : "On ne va pas passer la journée comme ça ! J'ai envie de lire un livre, on doit préparer à manger ! Je n'ai pas envie qu'on aille dormir pendant des heures ! Je ne veux pas vivre ça toute la journée ! Je ne suis pas d'accord ! Allez il faut qu'on arrête ça !".
J'ai une partie dont la fonction est que je ne ressente rien, elle a été présente lors des accouchements de mes filles. Je me souviens qu'elle est venue lorsque la douleur était insupportable (j'ai accouché de manière naturelle sans péridurale) et m'a aidé à surmonter ce moment. Je crois que c'est elle qui est intervenue avant-hier.
D'un coup, il n'y avait plus ni terreur ni douleur ni angoisse.
Et j'ai entendu : "Regarde autour de toi, tu vois où on est ? C'est ton appartement avec tes filles. Tu es une adulte maintenant, on est en sécurité !". J'ai tourné la tête et j'ai observé autour de moi et un grand sentiment de soulagement m'a envahie.
Je crois que j'ai enfin réussi à stopper un switch de manière consciente. C'est la première fois que j'y arrive ! Jusqu'à maintenant, mes parties contrôles le faisaient pour moi. Quand il était temps que j'aille au travail ou que je m'occupe de mes filles ou pour n'importe quelle tâche de mon quotidien, pouf elles intervenaient et je retrouvais mes compétences et le monde autour redevenait réel, palpable, présent.
Là, j'ai réussi, NOUS avons réussi à le décider nous-même et les parties souffrantes sont restées présentes pour le réaliser !
C'est une sacré victoire !!
Je réalise que j'ai de la prise sur ce que je veux ou non ressentir et vivre... Je peux CHOISIR ce que je veux ou non ressentir...
Ma partie qui gèle les ressentis a peut-être trouvé une nouvelle façon de fonctionner, un nouveau rôle plus adapté dans mon système… Nous permettre d'alléger les souffrances de chaque partie en dosant ce que nous pouvons supporter et en stoppant le ressenti des parties souffrantes pour qu'elles puissent se rendre compte que mon univers a changé, que je ne souffre plus et que je suis en sécurité...
Je peux ne plus être passive et subir… Je peux y mettre un terme !
A voir s'y j'y parvient à nouveau...
La suite au prochain épisode !
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