Nuit très entrecoupée… Mes parties intellos m’ont réveillées à de nombreuses reprises pour me dire leurs idées et leur textes à écrire sur ce site, elles étaient suivies d’une cohorte de partie qui les grondaient « merde c’est l’heure de dormir », de parties luttant contre ce site et ayant peur que nous nous mettions en danger, de parties refusant d’y participer…
Réveil 5 h du matin. Un grand bazar dans ma tête. Beaucoup de parties ne veulent pas aller bosser aujourd’hui et ont toutes des raisons différentes :
-« Bosser c’est chiant, on veut s’amuser et sortir se promener »
-« On n’a pas assez dormi on est fatigué c’est votre faute, c’est à cause de vous tout ça, je vous déteste !»
-« Sur le site il faut commencer à écrire les articles ! Peut-être aujourd’hui on pourra ? C’est le site le plus important ! Le boulot on s’en fout ! »
-« Ouin….. » Une qui pleure…
Je déjeune et pour calmer le brouhaha dans ma tête je me mets à lire un livre. 7h45. Il est temps de partir au travail. Beaucoup de protestations et de cris, des pleurs….
J’arrive au travail et vais voir mon patron. Je lui demande ce que je dois faire aujourd’hui. Il est énervé. Cela se voit dans sa gestuelle et dans le ton de sa voix et dans ses yeux. Il me répond : « Je sais pas ! Je sais pas ! Vraiment c’est pas possible de travailler dans ces conditions ! » Et il s’en va sans avoir répondu à ma question…
J’entre dans l’atelier, certains de mes collègues sont occupés, je les rejoins et dans le doute me mets à faire la même tâche que eux en attendant que le patron se décide.
La minute avant, lorsque je suis allée parler à mon patron, à l’intérieur cela a été l’explosion… Des parties ont peur voyant sa colère et je sens l’angoisse étreindre mon ventre. Des parties très vite réfléchissent ce qu’il est le mieux de faire fuir, se battre, hurler, ne plus bouger… ? Finalement c’est une partie petite qui prend le relais et pose la question au patron. Je deviens une petite fille toute timide, gênée, avec une petite voix douce qui s’excuse d’exister…
A mon poste de travail, une fois assise et à faire ma tâche répétitive, nouvelle explosion :
-« Mais quel sale con ! C’est lui le patron je suis censée deviner toute seule ce que je dois faire ? Mais quel abruti ! »
-« On devrait en profiter et lui gueuler dessus et se barrer une bonne fois pour toute ! »
-« Il est nul ! je me fais chier ! Je ne suis pas une abrutie moi ! J’en ai marre de faire ce travail ! »
-« Je Veeeeuuuuuxxxx ppaaaaaasssss traavvvvaaaiilllleeeerrrrrrrr ouin ! »
-« Le travail c’est nul c’est à chier on n’arrive à rien ! On est foutu ! Tout est foutu ! »… désespoir….
Essayez de travailler quand vous cohabitez dans un 10m2 avec une colonie de vacances, les parents des gosses, des ados mal dans leur peau, une bonne sœur, un curé, des bébés qui pleurent, des boudeuses…. Et imaginez que vous entendiez toutes ces personnes parler soit à tour de rôle soit toutes en même temps, essayant de hurler plus fort que les autres pour se faire entendre… et de ressentir en plus dans votre corps les sentiments tour à tour de ce que chacun ou chacune d’eux ressent….
Vous aurez un tout petit aperçu de la majorité de mon quotidien…
Je bosse. Une partie intello me dicte un texte à écrire sur le site internet. Une partie petite se met à pleurer, de plus en plus fort. La partie intello parle de plus en plus fort pour couvrir les pleurs. D’autres parties ados commencent à râler et dire qu’elles en ont marre et qu’elles veulent partir du travail et arrêter les discussions avec les autres parties, des parties colères s’énervent et engueulent tout le monde, des parties petites pleurent de plus en plus fort, certaines ont très peur et culpabilisent (je ressens dans mon corps les symptômes physiques de la colère, de la peur, de la culpabilité, du désespoir durant quelques fractions de secondes en boucle… je suis triste puis en colère puis j’ai peur, puis je me sens mal….) puis des parties m’envoient comme un ressenti d’être écrasée, épuisée, sans force… désespoir… puis tout recommence…
Imaginez que vous viviez cela en permanence….à chaque seconde de votre vie… et ajoutez à ce bordel intégral intérieur, l’ambiance extérieure au travail, je suis dans un atelier avec des ouvriers qui parlent dans une autre langue que le français, un atelier avec des machines qui font un bruit du tonnerre et avec des produits chimiques juste à côté… Vous aurez une idée de ce que je vis….
En milieu de matinée on a trouvé une stratégie : prendre mon téléphone et mettre la musique à fond avec mes écouteurs. Les voix ont fini par se taire.
En milieu d'après-midi un collègue est malade, il a vomi, il quitte le travail. Nouveau concert intérieur de protestation… « Fais semblant de vomir comme ça on pourra rentrer et aller se coucher » « allez viens on s’en va, c’est nul à chier ce boulot ! » « Je veux pas travailler Ouin ouin ouin…. » Et voilà… c’est reparti !
17h. Fin du travail. Une partie entonne à tue tête dans ma tête la chanson « Libérée délivrée… »
Bienvenue dans mon monde !
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