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Photo du rédacteurLeelah

30/12/2021

Je me sens engluée.

Cela fait un peu plus de 4 mois que je tergiverse et n'arrive pas à prendre une décision.


Ma situation au travail s'est grandement détériorée. Il y a un an, mon copain et patron avait rencontré ma psychologue de l'époque à ma demande. J'avais besoin qu'il ait des informations factuelles sur mes troubles psychiatriques, qu'il comprenne vraiment et en prenne la mesure. Et je voulais l'aide d'une tierce personne pour dialoguer avec lui et établir des règles entre nous. Il avait accepté et pendant plusieurs mois, s'y est tenu. Il m'a aidé comme jamais personne ne l'avait fait. Il m'a apporté l'entourage dont j'étais à la recherche depuis si longtemps. Un entourage bienveillant, curieux, cherchant à comprendre. Un entourage qui me permette d'être moi et toutes mes parties dissociatives de moi en toute sécurité. Grâce à cela, j'ai pu énormément avancer dans ma reconstruction et ma "guérison". Ma partie qui a peur de "faire les papiers" par exemple pouvait être rassurée par mon patron, pouvait dialoguer avec lui et exprimer sa terreur. Cela m'a aidé d'une façon incroyable !!! Et je reste persuadée que c'est cela aussi un soin adéquat, il est nécessaire que dans le parcours de soin proposé par les professionnel, un temps soit accordé à cela, rencontrer les proches, les personnes de confiance et leur apprendre à réagir, les informer...


Aider une personne avec un trouble dissociatif de l'identité passe par faire en sorte qu'il ou elle n'ait plus à masquer et cacher en permanence ses parties dissociatives. Et qu'il ou elle apprenne dans son quotidien, dans des relations et environnements sûres à ne plus se dissocier pour faire face à son quotidien mais à accueillir et accepter tout ce qu'il ou elle pense et ressent pour petit à petit avoir un fonctionnement plus unifié et adapté à son présent.


Malheureusement, cela n'est plus possible pour moi depuis plusieurs mois. Et cela génère intérieurement beaucoup de conflits et de souffrances.


Au début, je crois avoir essayé de "contrôler" ces conflits internes à l'aide de comportements répétitifs, des troubles obsessionnels compulsifs (des nouveaux TOC que je n'avais pas avant). J'avais tellement d'amnésies dans mon quotidien dû à des refus de certaines parties dissociatives de se plier à mon emploi du temps d'adulte dans mon présent que certaines parties ont palliés cela en écrivant tout ce que je faisais dans mes journées et en le vérifiant plusieurs fois par jours. Des parties dissociatives sonnent l'alarme depuis plusieurs mois mais je refuse de les écouter et les prendre en compte. Il faut que je lève le pied. Mais je n'arrive pas à le faire. Au travail, j'avais de grandes plages horaires dont je ne savais pas ce que j'avais fait. J'avais des pics d'adrénaline et des crises d'angoisses très fortes qui se déclenchaient à n'importe quel moment (jours et nuits) ou je me demandais si j'avais accompli telle ou telle tâche à mon travail sans aucun souvenir de l'avoir fait. J'étais alors tellement angoissée que je devais aller vérifier parfois 20 fois dans la journée si c'était le cas. J'avais énormément de suspicion envers moi-même. L'impression de plus en plus forte que certaines parties dissociatives en moi cherchaient à me saboter, me mettre en difficulté. Je ressentais beaucoup de colère intérieure. L'apparition de ces symptômes coïncide avec le refus progressif de mon copain d'accepter que mes troubles psychiatriques soient visibles et que je les exprime devant lui.


Il me demandait petit à petit d'être autonome, qualifiée, compétente... Et les "accords" que nous avions passé ensemble, le fait qu'il s'était engagé à m'aider, m'acceptait comme je suis et était parfaitement conscient de ma souffrance et mes difficultés et s'engageait à être une aide dans mon quotidien pour les surmonter, n'étant plus respecté, c'est devenu très difficile pour moi.


Je crois que stratégiquement, l'apparition de ces nouveaux TOC, c'était une façon de lui dire "tu te souviens de tes engagements?", le mettre et me mettre au pied du mur. Si vous ne nous prenez pas en compte, si vous ne nous écoutez pas, on va vous forcer à le faire... Je suis incapable de contrôler ces TOC, c'était je pense une façon détournée de lui dire écoute moi, regarde moi, aide moi. Et obliger mes parties dissociatives adultes et travails à prendre en compte toutes mes autres parties dissociatives. Intérieurement, nous avions accepté de coopérer, de laisser de la place, du temps à chaque parties dissociatives pour que toutes puissent vivre mon présent, y être confrontée et qu'ainsi elles évoluent et s'adaptent. Les mois où nous avons pu le faire, cela m'a permis d'évoluer énormément ! Je ressentais moins de souffrance, mes conflits internes étaient moins douloureux et difficiles... Et stopper cela met très en colère beaucoup de mes parties dissociatives.


L'entreprise de mon copain a subi des pertes et le Covid a rendu tout cela de plus en plus difficile et le met en difficulté. Mon copain a "changé de priorité". Au fur et à mesure, il est devenu aveugle et sourd. Sa priorité est son entreprise. Moi, l'adulte, je le comprends. Mais pas mes parties dissociatives qui souffrent ou sont "petites ou adolescentes". Pour elles, un engagement est un engagement, une parole donnée ne peut pas être reniée. C'est une trahison. On ne peut plus avoir confiance. On n'est pas en sécurité. Il ne nous voit plus, ne nous entend plus. Il fait comme les autres, comme les adultes dans la secte. Il nous abandonne. Il nous trahie. Je ressens donc beaucoup de conflits internes vis-à-vis de lui. De la colère, des reproches, un sentiment de trahison, d'abandon, des pleurs, du désespoir...


Mes schéma habituels de pensées et raisonnements tournent en boucle dans ma tête. Il ne faut faire confiance à personne, tout le monde trahie et nous abandonne. Il ne faut être dépendant de personne si non on souffre. Et je suis prise d'une envie très forte de le quitter. Ce qui est difficile c'est que depuis plusieurs années, j'essaie de changer ces schémas de croyances et de "prédictions" fatalistes en moi. Je m'ouvre aux autres, j'exprime, je montre, j'explique... Depuis plusieurs années j'ai essayé de me créer autour de moi un entourage compréhensif et aidant. J'ai coupé les ponts avec mes amis ou proches qui consciemment ou inconsciemment me faisaient du mal. J'ai cherché à expliquer et informer mes amis et proches ce qui de fait a fait du tri sélectif dans mes relations. Beaucoup refusaient mes explications ou niaient ce que je disais avoir vécu. Cela a été très douloureux mais petit à petit, même si très peu de personnes sont restées, j'avais enfin un environnement bienveillant me permettant de me sentir en sécurité et acceptée. Puis j'ai eu un "conflit" avec mon ancienne psychologue qui a été très difficile à dépasser. et maintenant, cette "trahison" de mon copain font que les victoires acquises s'effondrent. Au lieu d'engranger l'expérience que des liens sains et durables existent, que me montrer, faire confiance n'implique pas souffrance et abandon, l'inverse se produit. Et mon quotidien, mes croyances passées, mes difficultés de liens redeviennent identiques...


Au travail, j'ai moins de TOC ces derniers temps. Je pense que comme cela ne fonctionne pas, que mon copain ne veut pas m'entendre, mes parties dissociatives tentent une "autre stratégie". Je lui ai proposé que je sois mise en mi-temps thérapeutique. Mais il refuse. Il refuse tout dialogue, toute explication. "Je ne veux pas savoir, je ne veux rien entendre. Tu devrais commencer à penser à te sevrer des psychiatres et des médicaments. Tu tournes en boucles sur ton passé. Passes à autre chose."

C'est extrêmement douloureux pour moi ! Et très difficile à comprendre qu'il puisse tenir ce genre de discours. Un discours que j'ai entendu de tant de personnes tout au long de ma vie... Cela me met très en colère et en même temps me rend très dépressive. Comment une personne qui était tellement compréhensive, tellement aidante peut-elle du jour au lendemain changer à ce point ? Il m'aime. Il dit m'aimer. Comment peut-il ne pas voir ma souffrance et à quel point son discours me blesse ?


Son changement d'attitude et de discours correspond à des évènements négatifs sur son entreprise mais pas que. C'est également le moment où j'ai décidé d'entamer des démarches pour porter plainte. Je pense qu'inconsciemment, cela a changé quelque chose en lui. Sa volonté que je me taise. Une forme de rejet de sa part.


Je ressens beaucoup de colère envers lui. Mais ce qui complique les choses est que ce n'est pas le seul sentiment que j'éprouve à son égard.


Je me sens redevable vis-à-vis de lui. Je lui suis reconnaissante. Il m'aime, moi qui était persuadée que je ne mérite aucun amour. Il m'a acceptée alors que je croyais que je serais rejetée. Il m'a aidé comme jamais personne ne l'avait fait. C'est comme si chaque actions bienveillantes qu'il a eu étaient inscrites sur une ardoise et que je me dois de la payer... Je ressens un très fort sentiment de culpabilité. Comment puis je l'abandonner en ce moment alors qu'il a tant besoin de moi? Alors qu'il m'a tant aidé? Je me dénigre intérieurement, je suis égoïste, je suis une mauvaise personne. Je suis une merde. Je mérite de tout perdre. Je ne mérite pas d'être aimée par lui.


Je suis engluée dans un sorte de jeux de rôles. Rejouer des genres de scénarios comme dans mon enfance. Le gourou ou mon père, tout ceux dont j'étais dépendante enfant, lorsqu'ils m'apportaient une miette de mes besoins, qu'ils soient matériels ou affectifs, j'en était tellement reconnaissante ! Et je ressentais tellement de conflits internes lorsque je ressentais ou pensais quelque chose de négatif sur eux. Ils me font du mal? Oui mais il a fait ou dit cela sur moi, je dois lui en être reconnaissante ! Je suis ingrate. Je suis mauvaise.

Bien sûr ma situation de couple actuelle n'a rien à voir avec ce que j'ai vécu dans le passé mais cela fait écho malgré tout...


Je me sens coupable d'avoir des besoins et de les exprimer. Je me sens coupable et non légitime face aux difficultés que mon copain traverse. Je me mets dans une position de "sauveuse" parce que il m'aime et a été bon pour moi. Je lui doit bien ça. Je dois me sacrifier...


Je suis à la fois consciente et inconsciente de tous ces schémas. Je ne parviens pas à m'en extraire et je n'arrive pas à me décider. Soit accepter et continuer ainsi. Soit dire stop et choisir ce qui est bon pour moi.


Tout ce que j'écris peut sembler débile... Mais putain si la vie et vivre avec un trouble dissociatif de l'identité pouvait être si simple....


C'est sans compter les conflits que je peux éprouver liés à des déclencheurs internes...

Je suis terrorisée à l'idée d'être seule. Terrorisée à l'idée d'être abandonnée. Terrorisée à l'idée d'affronter mon quotidien en totale autonomie. J'ai très peur d'être autonome financièrement. J'ai une sorte de schéma où mon droit à l'argent, à un revenu est lié à la présence d'un homme dans ma vie, mon sentiment de sécurité aussi.


Actuellement, mes souvenirs de ce que j'ai vécu sont relégués au second plan. J'ai tellement à gérer et assumer au quotidien que j'ai repris mon fonctionnement en mono mode. Une seule tâche, une seule action attribuée à une seule partie qui l'assume. Les travails assument le travail, les mamans assument mon rôle de mère, Conchita s'occupe du quotidien chez mon copain et fait le ménage, les courses... Mon quotidien est à nouveau complétement fragmenté et je n'ai plus plusieurs compétences simultanément. Je suis une partie dissociative et capable d'accomplir une seule mission, puis je switch et une autre prend un autre rôle dans mon quotidien. Mon copain est très anxieux et s'énerve vite. Je retombe dans des schémas passé... Je suis anxieuse en permanence. Quand il rentre, j'ai la boule au ventre. Je me plie en quatre pour le servir. Je rejoue à nouveau le rôle de la femme parfaite, l'épouse parfaite et n'écoute plus mon corps. Je suis dans l'hyper activation constamment. Je n'arrive plus beaucoup à dormir, je ne parviens plus à me poser et faire une seule et unique tâche et je ne parviens pas à les terminer. Je suis comme un petit papillon qui a peur de se brûler les ailes...


Et j'ai beaucoup de flash-backs. A la moindre alerte, je redeviens la petite fille tétanisée qui ne bouge plus et ne dit plus un mot. Ca m'énerve d'être ainsi encore engluée dans tout cela !


Jusqu'à maintenant mes prises de décisions se sont faites dans l'urgence d'une situation, une question de survie... Je crois que je suis en train d'apprendre à prendre une décision en conscience. Peser le pour et le contre. Savoir ce qu'on perd et ce qu'on y gagne. Pour ne plus me retrouver dans des situations comme par le passé où je fuyais puis j'étais envahie par des parties dissociatives qui regrettaient cette décision. Et surtout attendre que toutes mes parties dissociatives arrivent au même accord.


Je précise que ce post n'est pas un appel à l'aide. Je ne suis pas en danger. Mon copain est un homme bien, respectueux, personne n'est parfait, et dans la vie on peut avoir des hauts et des bas, changer d'avis ou être tellement envahie par nos propres problèmes qu'on ne puisse plus s'occuper de ceux des autres sans que cela soit pour autant de la violence... Tout n'est pas tout noir ou tout blanc et simpliste... Surtout lorsqu'on vie avec une personne qui a un trouble dissociatif de l'identité. Non seulement, je rejoue involontairement des schémas de mon passé mais mon copain a son propre vécu et ses propres blessures qui se mêlent à cela. Momentanément, parce que la situation actuelle est difficile, il y a des incompréhensions et des conflits dans notre couple. Il n'est pas responsable de mes manières de réagir ni de ce que cela réveille comme traumatismes et souvenirs passés en moi. Il est important pour moi de préciser cela. Ce site a pour but d'informer sur le vécu d'une personne ayant un trouble dissociatif de l'identité. C'est pour cette raison que je livre mes victoires mais aussi mes combats. J'ai un suivi psychiatrique de qualité, je ne suis pas seule et j'ai la capacité de prendre du recul sur moi-même. Je suis donc sur un chemin de résolution et de guérison, d'adaptation...


J'essaie d'apprendre à prendre conscience de mes schémas d'actions et réactions instinctives, trouver comment les résoudre ou les modifier si ils sont inadaptés. Et surtout et avant tout changer ma perception du monde en noir ou blanc, accepter mes ressentis et pensées contradictoires et trouver des solutions adaptées à ma situation présente. Modifier une vie entière fondée sur des réactions à des situations anormales prend du temps, est complexe, implique des croyances et des modes de fonctionnements complexes et pluriels et ne se résout pas en un claquement de doigt !


Personne ne peut venir, me "sauver" de ma situation en me forçant ou en décidant à ma place. Si j'étais en danger et victime de violence, là bien sûr il faudrait intervenir. Mais ce n'est pas le cas. Je n'aime pas le discours trop simplifié actuel. Rendre visible les violences patriarcales est important, faire connaître l'ampleur de l'inceste et des violences et viols sur enfant et leurs conséquences est primordial. Mais je n'aime pas la simplification à outrance donnée aux phénomènes de dissociations. Cela a l'avantage certes de le rendre compréhensible pour le grand public mais cela a aussi le désavantage de simplifier des situations qui sont en fait extrêmement complexes.


J'ai passé ma vie à vivre des violences. Je me suis construite, j'ai forgé ma personnalité, sur des liens bancales et des attachements insécures. Je ne peux pas modifier toute mon éducation, ce qui fait que j'ai survécu à tant de violence en 5 minutes... Les prises de consciences sont graduelles, avec beaucoup d'étapes intermédiaires, des allers et retours... Se réparer d'un vécu traumatique est très très long.


Actuellement je suis très consciente de ma "dépendance" à être en couple avec un homme, je réfléchis à ce que je veux et ne veux pas, ce dont j'ai besoin... J'ai bien sûr déjà avancé sur ces points tout au long de ma thérapie. Mais là je touche des nœuds liés à des traumatismes dont je n'avais pas conscience auparavant. Il m'a fallu plusieurs années avant de réussir à créer ce site et y témoigner. Il y a peu, j'ai passé un autre cran à ma libération de ma parole, je porte plainte. Je cherche à réparer et améliorer ma relation aux autres. J'ai réussi à couper les liens malsains que je pouvais avoir, j'apprends encore ce qu'est un lien d'amitié sain, j'apprends à réfléchir et ne plus penser en binaire... J'avance sur beaucoup de choses simultanément et cela prend du temps. Défaire un à un mes modes d'actions, les confronter à ma vie d'adulte dans une société qui a des qualités et des défauts... Réussir à réfléchir à ce que je veux, ce qui me convient ou non et décortiquer ce qui relève de croyances liées à mon passé et automatismes et ce qui est vraiment mon propre choix libre et éclairé...


J'aime l'image de l'arc-en-ciel ou la palette de couleur. C'est un peu ainsi que je me vois... Avec beaucoup de couleurs... Actuellement mes couleurs ne forment pas un joli tableau harmonieux. Parfois il est plutôt du genre caca d'oie... mais petit à petit, un dessin se forme, les couleurs se lissent et s'assemblent... Je n'ai juste pas encore trouvé sur quel ton me peindre ;)






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