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Photo du rédacteurLeelah

30/05/2021

Je viens de traverser plusieurs semaines très très éprouvantes !!!

J'ai repris un suivi une fois par semaine avec une psychiatre et depuis une semaine, je reprends des antidépresseurs.


Je perdais pied. Complétement. Durant ces dernières semaines, j'ai eu l'impression d'être transpercée de pointes à longueur de journée. Le corps en feu, à vif. J'étais dans un état de vigilance, de stress, de désespoir, de rage... constant. Mon cerveau ne parvenait plus à se calmer, se stopper. J'avais des pensées qui tournaient en boucle, des émotions très fortes qui m'envahissaient en continu, l'impression que mon corps, mon coeur, ma tête allait exploser. Je ne parvenais plus à dormir, pratiquement plus à travailler. J'étais devenue incapable d'écouter les gens autour de moi tellement j'entendais hurler et pleurer dans ma tête à longueur de temps...


C'était atroce, douloureux, épuisant...


J'ai l'impression d'avoir fait un bon énorme en arrière, des mois, des années en arrière. Il n'y a plus de cohésion interne. Il n'y a plus de discussions entre mes parties dissociatives. Beaucoup de choses, de routines que j'étais parvenue à mettre en place me sont devenues à nouveau interdite et je ne parviens plus à les faire.


Plusieurs choses ont contribué à cela. Le conflit avec mon ancienne psychologue, la perte d'ami et des choses liées à ma vie de famille et mon travail. Tout cela a fait que des conflits majeurs entre mes différentes parties dissociatives ont explosés. Nous ne nous faisons plus confiance à nouveau. Nous nous reprochons nos actions et prises de décisions face à ses événements qui ont tout déclenché.


Nous avons mis plusieurs semaines à nous décider et accepter de reprendre un suivi psychologique. Beaucoup de batailles intérieures, de hurlements, de douleurs physiques, de pertes de mémoires et de temps. Beaucoup de mes parties dissociatives refusaient de reprendre un suivi et refusent de refaire confiance, de recréer un lien, de se dévoiler à nouveau.


Dans mes journées, j'entendais hurler des parties en colère : "vous nous avez dit de faire confiance, faire confiance met en danger, faire confiance fait mal. On n'aurait jamais dû ! Vous nous avez menti. Elle nous a menti. On n'aurait jamais dû vous écouter et vous obéir ! On ne le fera plus jamais ! On vous déteste. C'est votre faute ! Tout ça, toute cette douleur c'est votre faute !". Et je ressentais des douleurs. Des crampes soudaines dans les jambes, le dos. Je me mettais à m'empoigner les bras et à m'enfoncer mes ongles dans ma chair. Je me mettais à m'étrangler mon cou avec ma propre main. J'entendais à longueur de journée une partie dissociative qui répétait en boucle "je veux mourir! Je veux mourir! Je veux mourir!". Au travail, j'ai à nouveau beaucoup perdu mes compétences de travail. J'étais à nouveau tétanisée et prise de panique pour des tâches simples. Je perdais du temps. J'arrivais au travail puis plusieurs heures plus tard, j'étais là sans savoir ce que j'avais fait pendant ces heures précédentes. Le travail que j'avais à faire s'accumulait et je n'arrivais plus à l'avancer. Dès que je commençais à m'y mettre, une autre partie venait et je faisais autre chose. Quoi je ne sais pas mais le travail n'avait pas été fait en tout cas. Mon quotidien, ma sécurité commençait à être mis en péril...


J'étais épuisée en permanence. Entendre hurler et pleurer puissance mille dans sa tête tout au long de la journée est épuisant ! Croyez moi !!! Pour échapper à ces hurlements et ce bruit constant dans ma tête j'ai mis en place plusieurs stratégies. J'écoutais des podcasts. Le bruit extérieur constant permet de me focaliser sur autre chose que mes propres pensées et conflits internes. Je passais donc mes journées avec des écouteurs sur les oreilles à écouter des gens parler. Je me suis maintenue ainsi, en me focalisant sur "apprendre, écouter et apprendre". "Savoir" était mon ancrage. J'ai donc passé beaucoup de temps à écouter ces podcasts, à lire et analyser des articles scientifiques. C'était ma bouée de survie, de sauvetage pour ne pas m'écrouler.


Pour dormir, de la même façon, je me mettais à fond dans les oreilles des films ou séries avec beaucoup de bruits, de préférence des films avec de la violence car les hurlements et cris couvraient mes propres cris et hurlements internes. Je ne dormais pratiquement plus avec l'impression que mon cerveau était en surchauffe et ne pourrait jamais s'arrêter.


Je ressentais et ressens toujours beaucoup de désespoir, de colère. Mais les antidépresseurs que je prends depuis une semaine commencent à faire effet et c'est comme si ils avaient mis une genre de cloche sur mes pensées et mes émotions explosives. Je me sens très épuisée mais j'ai enfin un peu plus de calme. Mon quotidien redevient doucement vivable et supportable.


Je ne sais pas encore si je parviendrais à retrouver de la cohésion et de la coopération interne. C'est comme si à l'intérieure, mes parties dissociatives se sont constituées en différents camps et chacune s'est retranché et refuse de faire un pas vers l'autre...

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