La fin de l'été est un déclencheur. La rentrée, le retour à la scolarité, à la routine...
Depuis quelques jours je ne suis pas bien.
Beaucoup de mes parties dissociatives viennent me parler durant la journée.
Je les entends pleurer. Je les entends me parler... "Est-ce qu'il va venir? Quand est-ce qu'il va venir ? Je veux pas il vienne. Je veux pas encore y me fasse mal..." Elles pleurent.
Je me sens très dépressive.
Quand je suis seule et que personne ne peut me voir, des sanglots s'échappent de ma bouche, dans ma voiture lorsque je me rends à mon travail, des larmes coulent sur mes joues, des gémissements, des hurlements de désespoir... Des vagues de terreurs et de désespoir vont et viennent. "Il va venir, il est là, il est juste derrière. J'ai peur! Non pas encore! Pas encore! Je veux plus ! Je veux plus souffrir! Je veux sa s'arrête!"
J'ai beaucoup envie de dormir et c'est envahissant dans mon travail. Je me sens épuisée toute la journée et lorsque le soir arrive, je n'arrive plus à m'endormir, je suis en hyper activation, je me réveille très tôt le matin.
Je suis prise dans un cercle vicieux.
C'est la première rentrée où je suis autant consciente que cette période est un déclencheur. Si je demande à mes proches si les années précédentes étaient identiques, ils disent que j'avais aussi une période de désespoir à ce moment. Ma sœur l'avait noté, mettant cela sur le compte de la dépression liée à la survenue de l'hiver.
J'ai passé un très bon été. J'ai pu en profiter globalement. J'ai pu me promener, partager des très bons moments avec mes filles, ma famille... J'ai ressentis beaucoup de joies. J'ai pu aller me promener et me remplir le cœur et les yeux de magnifiques endroits dans la nature...
Cela aussi c'est assez nouveau. C'est le premier été où j'ai pu me rendre chez ma mère et ne pas passer mes journées chez elle à dormir constamment. J'ai été un peu empêchée les deux premiers jours mais le reste du temps, nous avons pu partager de chouettes moments !
Des flashs m'envahissent depuis quelques jours, je ressens des douleurs...
J'entends la terreur de mes parties dissociatives, leur désespoir. Elles sont très présentes !
C'est dure pour moi ! J'ai l'impression d'être perdue dans le temps.
Je SAIS que je ne vie plus dans la secte. Je sais que mes violeurs : le gourou, le prêtre, le prof, mon père et tous les autres ne sont plus là. Aucun d'eux n'habite à proximité de chez moi. Je suis en sécurité. Mais lorsque mes parties dissociatives me partagent leurs souvenirs, je ne sais plus. Je ne parviens pas à voir les différences. Je ne vois pas que je suis dans mon appartement. Je ne vois pas que je conduis une voiture et donc que je suis majeur, adulte. Je suis cette petite fille qu'on maltraite, qu'on viole, qu'on torture. Et je sais que dans quelques jours mes souffrances vont recommencer et je vais devoir trouver la force d'y survivre, encore une fois, juste une fois, une fois de plus... Et je me sens seule. Si seule. Si abandonnée !
Je vois les cages dans lesquelles on m'enfermait. Je vois les chiens menaçants qui grondent. Je suis impuissante. Tout va se reproduire et je ne peux pas me sauver. Je suis clouée au sol.
Bientôt je vais entendre les gémissements et les pleurs, je vais voir ces formes autour de moi. Je vais entendre ces rires gras. Tout recommence.
Je vais revoir le prof. Il va recommencer.
Il faudra aller voir le prêtre et se "confesser", le viol dans les bois, les fellations dans le confessionnal...
Je devrais obéir à mon père, être sa "gentille petite fille"...
Je devrais "donner le corps" au gourou et à tous les autres pour tous les bons moments que j'ai passé cet été, "c'est le juste paiement, on n'a rien sans rien". "Pour tous moments de bonheurs, on doit payer de sa personne, rien n'est gratuit".
Mais on est fin août, je suis adulte. Je suis en sécurité.
Les bons moments que j'ai vécu cet été, je n'ai pas à les "payer" de mon corps. Je suis libre. Je suis en sécurité.
Mais beaucoup de mes parties ne le savent pas encore...
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