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Photo du rédacteurLeelah

25/08/2020 Covid 19


Ce foutu Covid est un déclencheur à lui tout seul !

Depuis le début de cette maladie, c'et compliqué pour moi. D'abord, il y a eu cette avalanche de gens qui parlaient dans les médias, un coup c'est "une grippette", un coup "tout le monde va mourir". Ça bataillait sec à l'intérieur de moi ! Faut-il s'inquiéter ? Vais-je mourir ?


Puis il y a eu la période de confinement, le boulot à gérer, mes filles et l'école à la maison... D'un côté être enfermée chez moi soulageait et contentait beaucoup de mes parties qui se sentaient ainsi en sécurité, de l'autre il fallait gérer un quotidien bouleversé, mes filles à plein temps, leurs inquiétudes, la vie à 3 non stop dans un petit espace... L'interdiction de voir ma psy pendant plusieurs semaines et devoir faire accepter à me parties le fait de poursuivre nos séances par skype, ne plus pouvoir sortir dehors alors que mes parties avaient enfin accepté de le faire... Ce n'était vraiment pas simple car cela mettait une distance à un moment ou j'avais besoin de soutien et de proximité et m'empêchait d'utiliser un nouveau moyen (les sorties dans la nature) pour me calmer.


Il n'empêche, comme d'habitude, mes parties et moi nous nous sommes adaptées !

C'était sensé durer un temps. On a donc mis en place des choses pour survivre :

- Bloquer les médias et demander à ma sœur de me tenir informée des infos essentielles et ne plus rien écouter ou regarder moi-même.

- Ne garder comme contact et personne proche que des gens positifs et sachant garder pour eux leurs inquiétudes et couper les ponts avec ceux qui étaient trop anxiogènes.

- Mettre en place une routine et m'appuyer sur ma famille pour prendre le relais par skype avec mes filles lorsque gérer les devoirs et l'école était trop lourd pour moi.

- Bloquer certaines parties et les empêcher de s'exprimer ou de venir au premier plan lors des séances skype avec ma psy, n'aborder que des sujets de "surface" avec elle (Mettre en attente toutes les parties souhaitant faire du partage de trauma) comme la théorie sur la dissociation ou le quotidien du confinement ou du travail.

- Faire comme si "tout était normal" en occultant le côté "pandémie". J'ai des parties qui sont très fortes à cela ! Me faire oublier certains aspects de mon quotidien ou ressentir une "asepsie" des affects. Je ne ressens plus rien, ni peur ni inquiétude ni joie... Rien. J'ai l'impression alors d'être un "robot" et j'avance, un jour après l'autre. Je ne vois pas les masques, je ne sais pas que tout cela existe. Je switche juste quelques minutes pour penser à prendre mon attestation pour pouvoir sortir faire mes courses puis je suis dans une brume ou le temps s'écoule de manière très étrange jusqu'à ce que je rentre chez moi. Lorsque je ne risque plus de croiser de "déclencheurs" liés à l'épidémie, la brume se retire.


Lorsque le confinement a été levé, j'ai pu reprendre une vie à peu près normale. Retourner voir ma psy même si à chaque fois j'ai un petit pincement parce qu'elle ne me serre plus la main pour me dire bonjour à l'entrée de son cabinet. C'était un moment important pour certaines de mes parties, ce serrage de main et le regard que nous échangions, cela me mettait en confiance.


Ce qui est difficile pour moi depuis le déconfinement c'est que le monde évolue selon de nouvelles règles et mes parties ont du mal à s'y faire.

La menace est toujours présente. Mais c'est une menace qui n'est toujours pas claire. Dans les médias, le comportement des gens, un coup ils sont paniqués et continuent à dire que c'est grave, un coup ils s'en foutent complètement. Du coup, à l'intérieur, c'est la même bataille puissance mille ! Certaines de mes parties adultes font attention et s'inquiètent mais cette inquiétude et un déclencheur pour presque la totalité de mes parties dissociatives. Le simple fait de ressentir de l'angoisse ou de l'inquiétude réveille toutes les fois ou je me suis sentie inquiète ou angoissée. Et je n'ai pas encore la capacité de ne pas faire un "effet boule de neige" à l'intérieur. L'angoisse appelle l'angoisse qui appelle la terreur, qui appelle l'impression que je vais mourir, qui appelle le désespoir, qui appelle les envies de suicide qui appelle la colère ou la culpabilité, qui appelle le déni et la dissociation pour se couper de cette explosion de ressentis démesurés... C'est comme si ce simple ressenti de mal au ventre faisait revenir par vagues toutes les fois ou j'ai été violée ou violentée. Je revivais en partage chaque instants de mes traumas passés complètement mélangés les uns dans les autres sans possibilité de remettre les choses à leurs places, relativiser...


Je bataille donc constamment entre rester dans la réalité en adaptant la réponse émotionnelle et intellectuelle à cette menace et rejeter complètement cette réalité pour ne surtout plus être déclenchée constamment et souffrir. Si je considère qu'il n'y a pas de menace, je ne bataille plus, je ne souffre plus, mes parties et moi on s'entend, tout va bien, je suis en sécurité.


Il y a quelques temps, j'aurais sans doute réagi ainsi. J'aurais pris le parti des anti-masques, je me serais énervée contre tous ces gens qui paniquent, moquée d'eux et j'aurais clamé haut et fort au complot, au grand n'importe quoi et j'aurais mis un point d'honneur à tout refuser et nier en bloc. A l'intérieur, cela aurait été Hiroshima, j'aurais sombré dans la dépression et peut-être aurais-je fait une tentative de suicide ne voyant aucun échappatoire à ma souffrance et mes angoisses intérieures. Je me serais coupée de tout le monde et isolée j'aurais sombré. Je n'aurais jamais tenu seule ce temps de confinement. Lorsque je regarde les réseaux sociaux, j'ai l'impression que beaucoup réagissent ainsi : une colère froide et illogique, un peu comme lorsque parfois j'essaye d'informer mon entourage sur les viols et qu'ils se mettent en colère et refusent les évidences. Le déni et monter un mur de certitudes autour de soi pour ne surtout pas ressentir la peur de voir notre monde menaçant et incertain... Il est très difficile de vivre avec une menace au-dessus de la tête !


Constater cela me fait rire aussi... Car je me dis que d'une certaine façon ces gens expérimentent ce qui fait mon quotidien depuis ma plus tendre enfance... Pas facile n'est-ce pas de vivre avec une menace, une bombe au-dessus de la tête qui est présente au quotidien mais sans être vraiment palpable, sans être vraiment identifiable et en ayant des gens autour qui disent tout et son contraire dessus...


Finalement, c'est là que je vois que les fonctionnements de sauvegarde que j'ai sont universels ! Tout le monde a du mal à gérer l'angoisse de mourir au quotidien, tout le monde a du mal avec les choses qui ne sont pas clairement identifiées et nommées et tout le monde a besoin d'occulter de temps en temps pour souffler... On a tous envie d'avoir un "sauveur" ou un "médicament miracle" qui éloigne la menace. On a tous envie de savoir si c'est une menace ou non et que l'on nous dise quoi penser et faire de façon claire. On a tous envie que la menace s'éloigne pour reprendre le cours de nos vie mais lorsque cela dure, on doit compartimenter pour pouvoir continuer à avoir une vie "normale" et ne pas angoisser nos enfants et nier...


Le quotidien depuis le déconfinement est difficile pour moi car lorsque je sors et que je croise des gens avec des masques, mes parties observatrices sont perdues. Le fait que la moitié du visage soit cachée fait que l'on perd une grande partie des informations qui nous aidaient à juger si nous étions ou non en danger. Les micros expressions de la bouche permettent d'avoir beaucoup d'informations. Le fait de ne voir que les yeux réduit énormément notre analyse et fait que je me sens beaucoup plus en danger et j'ai beaucoup plus l'impression d'être face à des gens hostiles. Les gens parlent également moins ou plus fort et je me sens plus agressée. Et le port du masque fait également que les gens sont plus dans des regards scrutateurs, du coup cela augmente aussi mon impression d'être observée, jugée ou en danger. Lorsque je fais la queue aux caisses d'un magasin, c'est une torture pour moi. Tout ces regards, ne plus avoir de sourires qui rassurent, la voix des gens plus forte... tout cela m'angoisse !


Je ressens également de la colère et des conflits car à présent, la moindre suspicion de rhume, le moindre petit toussotement fait que les gens me regardent comme si j'étais une menace et cela fait exploser mes réactions intérieures. Aller dans une pharmacie et avoir ces gestes de distanciation fait que je me sens rejetée, observée, vue comme une menace...


Toutes mes interactions avec les autres sont un déclencheur. Toucher l'autre devient un danger, les marques d'affection sont interdites, voir sa famille fait peser la culpabilité de transmettre la mort, les autres et nous-mêmes devenons une menace....

Tout cela est insupportable !

Et cette pandémie tombe vraiment au mauvais moment ! J'essaie d'apprendre à mes parties dissociatives perdues dans les traumas passé que mon "ici et maintenant" est sécurisé, et en fait ce n'est pas le cas... Venez observer me cocottes, tout va bien, je suis en sécurité... Ah ! Mais en fait non ! Il y a une maladie qui tue des milliers de personnes de par le monde mais venez on est en sécurité, l'"ici et maintenant" vaut le coup ! Tu parles ! Elles ont l'impression que je leur mens, que ma psy leur ment... Et tout cela n'aide pas dans ma thérapie au stade ou j'en suis !

Si je dois rester chez moi parce que j'ai un rhume et que je ne peux pas aller voir ma psy, ma colère intérieure explose. Pourquoi ma psy refuse de me voir ? Elle ne m'aide pas, elle s'en fout de moi. Elle participe à ce que je souffre puisqu'elle a peur d'un simple rhume, me faire souffrir lui plaît. Je boude et hurle contre elle intérieurement. Et ça bataille intérieurement entre les parties qui comprennent les règles et les obligations que ma psy à vis à vis de sa patientèle et de l'Etat et trouvent que ces règles sont très bien et toutes mes parties plus jeunes qui ne comprennent pas ces aspects et se sentent non entendues, non prise en compte et abandonnées.


Et le port du masque aussi est délicat. Si je switch en une partie "petite et timide", parler m'est très difficile donc je me tais. Porter ce masque c'est comme si au quotidien on me disais "tais toi, on ne veux pas t'entendre". Et sentir ce tissu sur mon visage réactive également les moments ou j'ai été étranglée ou bâillonnée et je dois lutter contre la panique qui parfois m'envahie...


J'arrive néanmoins à relativiser et je me dis que cette période est formatrice. Mes parties continuent à apprendre que le monde n'est pas tout noir ou tout blanc, il y a des menaces mais elles ne sont pas omniprésentes, il faut doser et prendre beaucoup de paramètres dans leur globalité pour décider de ce qu'il convient de faire, personne n'a de "solution miracle" ni "la réponse au problème"... Cette période a été bénéfique d'une certaine façon car cela m'a obligé à partager certaines choses, à avancer plus vite sur certains points dans ma thérapie. Cela a forcé certaines parties à accepter la réalité telle qu'elle est car nous ne pouvions pas avancer sur notre entente et le partage de notre quotidien tout en restant bloquées dans des stéréotypes de pensées et points de vues.


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