24 juillet 2022 Médiatisation

L'expérience récente de "médiatisation" (très relative !!) que je viens de vivre m'a amené et m'amène encore à beaucoup réfléchir sur ce que je souhaite faire.

Lorsque j'ai commencé à vouloir témoigner, je le faisais pour plusieurs raisons :

👉Je voulais "être libre de parler", libérer ma parole dans une vision très utopistes que le jour où je parviendrai à le faire, tout changerait. Il y aurait un avant et un après. Quelque chose d'assez utopiste, en terme de tout ou rien, de noir et blanc. Comme si réussir à témoigner me libérerait de tout.

👉Parler pour agir et changer les choses. Encore une fois avec une vision très utopiste. Me disant que ma parole ferait changer les choses. Qu'une fois qu'on m'aurait entendu, il y aurait je ne sais pas... Des lois... Des choses qui seraient faites suite à mon témoignage... 😅 Je sais c'est très ado comme manière de penser... Mais au fond de moi j'espérai que l'église ferait quelque chose, que l'état ferait quelque chose...

Et ces jours ci je traverse une phase pessimiste et dépressive. Un petit contre coup en quelque sorte qui me fait beaucoup réfléchir.

J'apprends à faire face à ces croyances et espoirs "déçus" de certaines de mes parties dissociatives. J'apprends à leur montrer le positif de ce qui en est sorti.

J'ai pu expérimenter que parler ne tue pas, ne détruit pas. Ma famille, les gens que j'aime n'en ont pas souffert. Je suis toujours vivante.

J'ai pu expérimenter que si on parle, les gens, la société réagit bien, est bienveillante... Contrairement aux pronostics que faisaient certaines de mes parties dissociatives qui pensaient qu'on me critiquerait, m'insulterait, me ferait taire... Les dizaines de messages de soutien que j'ai reçu sont gentils, bienveillants....

Le témoignage que j'ai fait a permi qu'une autre victime du même prédateur que moi sorte du silence. Je ne suis plus seule.

Tout cela est positif!!!! Mais ce n'est pas miraculeux. Et je dois accepter cela ces jours ci. Faire le deuil de mes utopies et être heureuse et fière des victoires accomplies concrètes et réelles d'aujourd'hui...

Cela m'amène aussi à beaucoup réfléchir à ce que signifie être médiatisée, militer, témoigner...

Pourquoi se met on en avant ?

Quel message et quel but derrière ?Quels protections pour nous et les autres ?

Avec quelle éthique ?

Se met on en avant pour soi ou pour les autres?

Notre but est il d'alerter pour protéger les autres et militer pour qu'ils n'aient pas à traverser les mêmes vécus difficiles?

Par gloire personnelle, pour que nos qualités, notre force soit enfin reconnues?

Doit on militer partout, peu importe qui parle à nos côtes, quelque soit ce que l'organisation promeut?

Doit on privilégier de grandes ou de petites audiences?

Qu'est ce qui pèsera et fera changer les mentalités, mettra en garde le plus efficacement ?

Si on commet des erreurs d'association est on responsable d'avoir promus des choses avec lesquels nous ne sommes pas en accord?

Ne risque t on pas de sombrer dans un égocentrisme à trop être mis en avant, perdre notre humanité, notre capacité à reconnaître nos biais et failles?

Est on prêt à perdre notre tranquilité et être scruté pour nos moindres dires, faits et gestes qui soutiendraient ou terniraient notre action militante ?

Quel est le prix personnel à payer?

Ne sombre t on pas dans une colère et une désillusion au bout d'un moment à forcer de hurler nos tripes et que rien ou peu ne change? Comment garder espoir, humanité et bienveillance?

Je ne veux pas me taire. Je veux continuer à parler et alerter. Mais je veux aussi ne pas être utopiste et naïve. Je veux agir dans quelque chose qui change les choses sans m'y perdre et sans sombrer dans la colère et la rancœur.

Je cherche encore....

Que dois je faire? Quel sont mes combats futurs, mes buts? Où est ma place ?