Pourquoi est ce important que tous les professionnels de la santé soient formés au trauma et à sa prise en charge ? Petit exemple : je fume.
Pour réussir à arrêter de fumer, je ne peux pas juste prendre des patchs. J'ai déjà essayé. A plusieurs reprises.
Non seulement, j'ai des parties qui s'y opposent et le retire, mais en plus, elles peuvent fumer une clope alors que j'ai le patch.... Je peux faire ça lors de moment "d'amnésie" que j'ai dans mon présent.
Donc, j'ai besoin que chacune soit informée et convaincue du bien-fondé de stopper. Et pour ça, il faut que le professionnel qui me prend en charge pour cela puisse comprendre comment je fonctionne, que je puisse exprimer les croyances et pensées de mes différentes parties dissociatives et qu'il soit à même de s'adresser de façon adéquate à elles....
J'ai des parties dissociatives qui fument parce que c'est une putain de façon de se rebeller contre mon père qui m'a violée. Une façon de dire à ce connard, je ne t'appartiens plus, tu vois je suis libre, je fais ce que je veux!!! Pour ces parties, fumer c'est être libre. Et arrêter de fumer signifierait que je lui obéi à nouveau....
J'ai des parties dissociatives qui détestent ma bouche, qui se sentent sale, coupable, un déchet... Et fumer c'est une façon de "punir" cette bouche qu'elles refusent de reconnaître comme faisant partie de leur propre corps, une façon de se venger de cette bouche qui s'est laissée violer pendant des années, qui a été complice.... Une façon d'exprimer leur colère et leur rage par quelque chose d'acceptable. Elles ne pouvaient pas haïr les violeurs car c'était trop dangereux, trop douloureux alors reporter cela sur un morceau de notre corps était plus facile, plus acceptable.... J'ai très souvent eu envie, besoin de punir mon corps pour ce qu'il avait subi. Fumer semble plus acceptable que se scarifier... C'est moins condamné et mal jugé aussi par les gens, fumer ne laisse pas de traces visibles sur le corps.... socialement c'est une façon de se punir plus acceptable...
J'ai des parties dissociatives qui trouve cette addiction moins dangereuse que toutes les autres... Beaucoup de personnes ayant vécu des traumatismes graves sombrent dans la drogue, l'alcoolisme... C'est un genre de "compromis acceptable et moins dangereux". Les addictions permettent de se dissocier, c'est une façon temporaire qui permet de moins souffrir, moins ressentir... Ça le corps le comprend très vite et cherche à retrouver ce moyen pour échapper aux sensations de mort imminente lorsqu'on a des flashbacks... C'est donc un compromis entre mon corps et mes parties...
C'est aussi une manière de se rebeller contre la secte qui condamnait toutes addictions... Je suis "libre"...
Et c'est aussi un moyen pour moi de me sentir forte et rebelle. Fumer socialement est associé à la fête, au non conformisme, à la rébellion et la liberté. Ou en tout cas est perçu comme tel par certaines de mes parties qui s'autorisent "grâce à cela" à être une personne plus sûre d'elle, plus "forte", à exprimer leurs pensées et besoins avec moins de culpabilité (mes parties qui se sentent masculines")
Et maintenant j'ai des automatismes qui se sont mis en place, des que je raconte mon histoire, j'ai "besoin" de fumer, c'est devenu comme un besoin d'oxygène. Comme si, si je ne le fais pas, je vais mourir, manquant d'air... Dès que je fais une crise d'angoisse, j'ai besoin de fumer comme si cela allait m'aider à me calmer... Dans des situations stressantes, le besoin de fumer est devenu comme un besoin vital sous peine de mourir si je ne le fais pas... Il est maintenant associé dans ma mémoire avec mes souvenirs où les violeurs m'étranglaient à je respire et suis en vie...
Il est donc compliqué pour moi d'arriver à arrêter de fumer tant que ces différentes parties seront dans ces croyances de liberté, de rébellion et qu'on n'aura pas plus avancé sur notre résolution et intégration de nos traumatismes....
J'aurais besoin d'un pro qui puisse expliquer à des enfants ou des ados les risques pour ma santé. Quelqu'un qui comprenne l'emprise d'une secte et écoute sans condamner ni sermonner mon besoin de rébellion contre mon père et la secte et dialogue avec mes parties qui voient cela comme positif jusqu'à ce qu'elles comprennent qu'elles n'en ont plus besoin pour montrer qu'elles sont fortes et libres.... Et quelqu'un qui comprenne que beaucoup de parties ont intégré que cette addiction est comme un besoin vital et qu'il explique scientifiquement ce que cela fait à mon corps, les mécanismes de l'addiction, comment le cerveau réagit, les différentes phases pour se sevrer et m'aide de façon adéquate à rééduquer mon corps, mon cerveau et mes parties dissociatives. En s'adaptant aussi dans ses explications aux différentes capacités de compréhension. Certaines de mes parties ont besoin d'explications très poussées et scientifiques, tandis que pour d'autre ce sera du chinois...
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