Cette semaine j'ai fait une formation en lien avec des démarches administratives dans le cadre de mon travail.
Explication de cette journée :
J'arrive dans la salle, petit moment de panique. La partie qui est là est en stress. Je m'assois à la première chaise que je vois de libre dans la salle de conférence. Une collègue devait être présente, je scrute tous les visages et ne reconnais personne. Les masques c'est pas facile pour moi, j'ai beaucoup plus de mal à reconnaître les gens, à reconnaître les émotions ou les micros expressions des visages... j'ai tendance à me sentir beaucoup plus en danger car il me manque les expressions du bas du visage, je me sens plus observée, ou j'ai l'impression que les gens sont fâchés ou en colère et du coup je me réactive beaucoup plus. J'envoie un texto à mon homme : "C. n'est pas là !". Je panique un peu. Je vais être seule toute la journée avec des inconnus.
La formation commence. Je switch à nouveau. Pendant 2 heures tout va bien. Je suis présente, j'écoute, je pose des questions...
Une personne intervient. Je reconnais la voix. C'est C. ! Oh elle est juste à côté de moi, juste une personne nous sépare. Putain... Pourquoi je ne l'ai pas reconnue? Je lui dis bonjour d'un signe de la main.
La dernière heure du matin est difficile. J'entends beaucoup soupirer et râler. Des parties en ont marre. Certaines commencent à pleurer dans ma tête. J'ai mal au ventre. Comment je vais tenir encore toute l'après midi ? Je commence à saturer. Des pensées de panique m'envahissent.
Ma partie qui a peur des papiers vient beaucoup la dernière heure et j'ai des pics d'adrénaline de plus en plus intenses. Elle est en panique. A chaque loi évoquée par le conférencier, elle se met en panique. Est ce que j'ai fait comme ça? Est ce que mon patron va être puni par ma faute parce que j'ai fait les papiers ? " Les papiers détruisent les gens biens, les papiers c'est mal, les papiers c'est interdit..." . J'ai mal au ventre, envie de vomir. Je panique un peu. Si je fais une crise d'angoisse là. Comment les gens vont réagir ? Non! Non! Il ne faut pas! Respire!!! Est ce que je demande au conférencier d'appeler les pompiers? Je vais mourir! Au secours! (Tout ça c'est des "dialogues" dans ma tête )
Fin de la formation, heure du repas. Je switch des parties sautent de joie. C'est fini ! Enfin ! On va pouvoir souffler! Une partie se dit, il y a C. qui est là, la politesse voudrait qu'on mange avec elle ou qu'on lui propose en tout cas. Si on ne le fait pas, elle va me trouver bizarre... En même temps, d'autres parties disent que si on n'a pas la pause pour souffler sans avoir à nous "contrôler ", nous cacher, ça va être dure de tenir l'après-midi aussi. Elles ne sont pas d'accord.
Je sors. C. est là, on papote deux minutes. Je lui demande ce qu'elle fait à midi. Elle me répond qu'elle mange chez sa sœur qui habite à côté et dit "je savais pas que tu serais là" et elle s'en va.
Des parties explosent dedans. Mais elle est con ou quoi? C'est elle qui m'a transmis l'inscription pour la formation parce que je le lui ai demandé quand elle m'a dit s'être inscrite, je vais pas demander un truc et ne pas y aller... Des petites pleurent et se sentent mal aimées. Des pensées de dénigrement n'arrêtent pas... Tu vaux rien, t'es trop bizarre, tu lui fais peur, mais qu'est ce que je fais là ? Pourquoi je suis venue?
Je monte dans ma voiture, je dois chercher où manger. Panique. Je suis seule, je suis toute seule. Je suis abandonnée. Je vais mourir. Le conférencier a parlé à la fin, il a dit à quelle heure revenir. Putain qu'est ce qu'il a dit? Je ne m'en souviens plus ! Si je pars, je ne vais pas retrouver le lieu de la formation, je vais me perdre ! Panique. Je ferais mieux de ne pas bouger. Si je bouge pas ça ira, je serai en sécurité.
J'essaie de me calmer. Une partie intervient. Calmez vous. Je sais. On reprend à 13h45. On a 45 minutes pour manger. Ça va aller.
Je démarre. Et je cherche un lieu où acheter à manger. Panique pendant tout le trajet, beaucoup de mal à lire les panneaux, savoir dans quelle direction je vais et comment je vais revenir. C'est une zone de bureaux. Je dois pas mal m'éloigner et je finis par trouver un supermarché. Je me gare. Panique. Et si je retrouve pas ma voiture ? C'est quoi l'allée ou je suis garée? Je m'en souviens plus. J'entends des pleurs. Je suis fatiguée. J'ai une très forte envie de dormir. Je vais jamais y arriver.
Je m'achète vite un truc. Je parviens à retrouver ma voiture. Je remets mon GPS pour retrouver le lieu de formation. Ça râle dans ma tête. On n'a pas pu se reposer.
Après midi formation. Je suis fatiguée. J'ai plus de mal à écouter. Le conférencier me regarde souvent et ça m'inquiète. J'ai beaucoup de moments où ma partie qui a peur des papiers vient et je sens que ses moments de panique se voient sur mon visage, mes joues en feu, mes yeux en panique....
Toute l'après-midi, j'ai des moments de la conférence que je "loupe". J'entends des bouts de phrases mais pas la fin, des moments d'amnésie ou je ne suis plus là. Ou en tout cas, pas mes parties adultes qui comprennent et enregistrent ces notions. J'ai pleins de moments où je "reviens" et je mets 5 minutes à comprendre que le conférencier en est 2 ou 3 pages plus loin sur le support papier qu'il nous a donné. Ça râle dedans à chaque fois. Vite je regarde ce que j'ai loupé. La colère monte. Arrêtez! Aujourd'hui c'est moi qui doit être là ! Moi l'adulte ! Foutez moi la paix ! Je me débrouille comme je peux. Je demande au conférencier de reformuler ce que j'ai loupé en disant que je veux être "sûr d'avoir bien compris".
17h. Fin de la formation. Je monte dans ma voiture. Je remets le GPS. Des bouchons. Putain manquait plus que ça ! Sur tout le trajet retour c'est la "fête " toutes s'expriment, râlent, pleurent, crient.... Et je dois en même temps être hyper vigilante pour conduire avec tout ce trafic
Je rentre. Mes puces sont là. Elles ne m'ont pas vu de la journée, elles veulent me raconter, parler... Et moi tout ce que je veux c'est m'allonger... Les "parties mamans" viennent et écoutent mes puces. Dedans ça râle. Font chier ces gosses. C'est pas à moi. J'en veux pas. Foutez moi la paix. Débrouillez vous, je me suis bien débrouillée moi. Des parties râlent. Les parties mamans écoutent mes filles, font des câlins, écoutent les histoires et les petits chagrins, les anecdotes... Pendant ce temps dans ma tête, mes ados râlent et commentent tout ce que mes filles disent. Un vrai festival !!! Vous ne pouvez pas savoir comme c'est épuisant ! Être tiraillée intérieurement entre ces parties et mon côté maman aimante et protectrice... Je ressens aussi de la colère, j'entends pleurer, je ressens de la culpabilité, de la honte...
Puis préparer le repas. Mon chéri a eu une dure journée. Il a beaucoup travaillé aujourd'hui et est épuisé. Pour lui, j'ai eu une journée tranquille, pas fatigante. Je dois prendre sur moi.
Aujourd'hui, je ne peux pas lui dire. Aujourd'hui, là , à ce moment là, il ne peut pas écouter et comprendre. Il ne peut pas aider...
Lui dire à quel point ça a été difficile, à quel point on a lutté, à quel point à chaque fois que je fais des formations c'est éprouvant pour moi car je n'ai aucun échappatoire. Je ne peux pas sortir, pleurer un bon coup dans un coin, je ne peux pas fermer les yeux 5 minutes, faire des techniques de respiration, me concentrer et écouter à l'intérieur et prendre le temps de rassurer... Je ne peux pas mettre de la musique pour relaxer, je ne peux pas appeler quelqu'un pour qu'il m'aide en parlant à rassurer, remettre à l'endroit les pensées....
C'est tellement difficile de faire comprendre que si je suis avec des gens, je suis en hyper vigilance tout le temps. Hyper vigilance pour masquer, cacher mes parties et que je n'ai pas la possibilité d'utiliser mes "ressources" habituelles de remise au calme. Hyper vigilance car mes parties sont sur le qui vive. Je suis potentiellement en danger au milieu d'inconnus. J'observe, j'écoute... Chaque parole, expression du visage, bruit... Tout est analysé et réactive différemment... C'est aussi des moments de conflits internes très intenses. Chaque partie pense être la mieux placée pour intervenir et me protéger et elles se battent et se crient dessus, s'engueulent.... Du coup ça réactive aussi mes automatismes : si il y a trop de conflits internes, mes parties petites pleurent beaucoup car elles sont tristes qu'on s'engueule, des parties dépressives se réactivent car si on est en conflit, aucun espoir n'existe, des pensées de mort me traversent, de désespoir... et une partie essaye de m'endormir pour calmer et stopper le conflit, je ressens un poids de fatigue sur mes épaules tout mon corps... je dois beaucoup lutter pour rester présente et écouter... J'ai beaucoup d'émotions très fortes qui passent en moi tout au long de la journée, des ressentis de douleurs physiques... Tout ça c'est épuisant pour moi !!!! Et c'est douloureux que personne ne sache tout ça. Personne ne se rende compte à quel point cela a été difficile mais on a réussi ! On a survécu à cette journée ! On est fière, et triste et on se sent seule et incomprise.
Qu'est ce que c'est difficile! Mais on se bat, on essaye encore et encore et encore... Même si ça fait souffrir, même si c'est dure... Chaque jour est un combat pour moi. Mais on n'abandonne pas. Et parfois c'est dure parce que pour tout le monde, cette journée qu'on vient de passer, n'a rien d'extraordinaire. On n'a pas fait un exploit. C'était juste une journée de formation. Une journée tranquille, de repos en somme...
Et un autre truc chiant c'est que malgré la fatigue de cette journée éprouvante, j'ai du mal à m'endormir car des parties quand je me couche passent un bon moment à se remémorer la journée, chaque dialogue, chaque instant et tentent de décrypter si on a fait ou dit quelque chose de mal et ça réactive les conflits et reproches internes... Je finis par mettre un film à fond dans mes oreilles , quelque chose qui fasse plus de bruit que le bruit dans ma tête pour ne plus entendre et réussir enfin à dormir...
Comentarios