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Photo du rédacteurLeelah

22/12/2021 TCC

Je vois une psychiatre d'un centre de psychotrauma depuis quelques mois. Elle me fait faire des TCC (Techniques cognitives et comportementales).

J'ai un "devoir" à faire pour notre prochaine entrevue.

J'en profite pour le mettre au propre ici.


Je dois remplir une "grille de conceptualisation" sur une situation dans mon présent (qui se passe dans l'ici et maintenant).

Nous travaillons actuellement pour améliorer ma "vision de ma bouche".


La première question est : qu'est ce qu'il se passe ? Quels sont le ou les comportements inadaptés ?

-J'ai beaucoup de mal à prendre soin de ma bouche. Je n'ai pas vu de dentiste depuis plusieurs années, j'ai du mal à me brosser les dents et le port du masque n'aide pas car pas l'obligation de me brosser les dents puisque personne ne les voit... Je mange uniquement par "obligation" et n'y éprouve aucun plaisir. Si je pouvais ne plus avoir à manger, ça m'irait très bien. Je fais à manger pour mes filles mais cela me saoule, je n'aime pas faire à manger et me nourrir quand je suis seule est difficile. J'ai alors tendance à manger n'importe quoi sans faire de véritable repas. Je n'éprouve pas de plaisir dans le goût des aliments.

-Je me mets de l'argile dans la bouche.


Quels sont les facteurs déclenchants, situations, problèmes?

-Lorsque je ressens de la culpabilité interne, lorsque je me sens honteuse, lorsque je ressens de la colère contre moi.

Cela peut-être parce que je suis en colère par une situation extérieure à moi, c'est une façon pour moi d'exprimer ma colère contre quelqu'un de façon acceptable. Être en colère contre moi est préférable à exprimer publiquement ou explicitement à quelqu'un. Mon copain dit ou fait quelque chose qui me déplaît. Je suis en colère et je me néglige pour me punir car j'ai peur d'exprimer ma colère envers lui.

Cela peut-être parce que l'un de mes comportements ou l'une de mes pensées me rend honteuse, ou que je culpabilise d'avoir fait quelque chose ou pensé quelque chose que l'une de mes parties dissociatives perçoit comme mauvaise. Dans tous les cas c'est une façon de me punir. Je ne vaux rien. Je devrais crever, tomber malade, avoir un cancer de la bouche car c'est tout ce que je mérite.

-Pour m'apaiser lorsque je suis trop triste, que j'ai trop peur, je m'enfourne de l'argile dans la bouche. Cela m'apaise, me calme. Un peu comme une pensée magique. L'impression d'être enfin soulagée.


Qu'est ce que je fais, mes réactions (comportements)?

-mon ventre se noue. Je n'ai plus faim, j'ai la nausée. Je ne veux plus manger, manger me devient insupportable. Je repousse mon assiette, elle me dégoûte.

-je ressens de la fatigue et je n'ai plus aucune force. Je dois lutter contre moi-même pour me forcer à préparer à manger pour mes filles. Quand je suis seule, je ne lutte pas et ne mange pas.

-j'avale très vite ce que je trouve dans mon frigo, juste ce dont j'ai besoin pour avoir suffisamment d'énergie pour travailler. Sans réchauffer ou préparer quoique ce soit. Juste par nécessité.

-je ne touche pas à mes dents pendant plusieurs semaines. Je m'en fous. Je ne les brosse que si je sais qu'elles seront visibles.

-je m'enfourne l'argile. Généralement le soir. Et je dors ainsi. De façon assez frénétique et compulsive.


Qu'est ce que je ressens (mes émotions)?

-en mettant l'argile, du soulagement, de l'apaisement, du bien-être.

-au réveil, lorsque j'ai mis l'argile la veille, je ressens de la honte, de la culpabilité et de la colère contre moi-même. De l'incompréhension également.

-face à la nourriture, du dégoût, du rejet. La honte d'avoir ce besoin de manger, cette volonté de survivre en me forçant à me nourrir. Parfois j'aimerais pouvoir ne plus y obéir.

-quand je dois préparer à manger pour mes filles, de la colère car je me sens obligée, liée à mon rôle de mère et parfois j'aimerais en être libérée, ne plus avoir à jouer le rôle de la cuisinière, être libre de toutes actions, toutes obligations... Et de la fatigue, je dois encore et toujours lutter contre moi-même, pour satisfaire les besoins des autres. J'éprouve du découragement et de la tristesse.

-de la haine contre moi, l'envie de me punir, de punir cette bouche pour ce qu'elle a vécu et fait lorsque j'étais enfant.


Quelles sont mes pensées, ce que je me dis à moi-même à ce moment-là ?

-je ne vais pas mourir, peut-être que mettre de l'argile va me sauver, je prends soin de moi en faisant ça. Comme si une "maman" bienveillante est là et me console, me soigne et se rend compte que je souffre. En fait, ce réflexe de mettre de l'argile vient de la femme du gourou qui après un viol buccal particulièrement violent de son mari, m'a mis de l'argile dans la bouche en me disant que "l'argile soigne tout, guéri tout" (j'entends sa voix me le dire dans ma tête). Elle a pris soin de moi à ce moment là, comme une "mère" alors que juste avant elle me tenait pendant que son mari me violait. Après autan de violence, elle me consolait, prenait soin de moi... Le contraste est... atroce, douloureux... Ce moment est associé à deux extrêmes incompréhensibles. Elle et son mari ont été particulièrement violents et elle a été douce et aimante. Je me sens reconnaissante et dépendante. Je suis effrayée et rassurée. Je suis un objet qu'on utilise et je suis une petite fille qu'on console et dont on prend soin.

-je suis toujours dans la secte dans laquelle j'ai grandi. Je ne vais jamais m'en sortir. La nourriture était "terrestre", être gourmand était mal, la nourriture devait juste servir à avoir l'énergie nécessaire à agir et obéir dans la secte. Ne pas manger, faire une période de jeûne est bon pour la santé, et c'est une façon de se purifier de ses péchés, de ses fautes ou mauvaises pensées... C'est la perception que l'on m'a inculquée depuis ma plus tendre enfance. Les gens riches, qui mangent bien sont des personnes mauvaises et égoïstes. Il faut manger ce que Dieu nous donne sans râler, sans se plaindre. Il faut être reconnaissant de ne rien avoir ou d'avoir peu à manger. Se plaindre est un péché, c'est le diable, la tentation qui s'exprime en nous. Je n'ai donc pas le droit de penser à moi, de rechercher des bons ingrédients à cuisiner pour me faire plaisir. Le faire c'est être égoïste, mauvaise. C'est mal et contraire aux règles.

-je me sens nulle, je ressens de la colère intérieur contre moi-même, je suis frustrée... J'ai quitté la secte depuis très longtemps et pourtant, je suis toujours leur pantin sous emprise. Ils me dirigent toujours comme si un mini gourou est toujours en moi et me dicte encore mes actes et les interdits auxquels je dois obéir... Et qu'est ce que je me maudis, me sens nulle et débile !!! Je lis beaucoup sur l'emprise sectaire, la manipulation... J'ai beau comprendre les mécanismes, être capable de les décortiquer, d'avoir un regard critique sur mon passé, j'ai comme des "automatismes", des "réactions réflexes" auxquelles je ne parviens pas à me soustraire... Je suis une merde. Je ne vaux rien.

-j'en viens alors à me dire que je suis une merde, que je ne vaux rien. Je mérite de crever. Même adulte, même en sachant, en comprenant, je ne parviens toujours pas à m'extraire, à leur échapper. Et des pensées noires m'envahissent.


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