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Photo du rédacteurLeelah

21/11/2021 Complexité de la thérapie et proches

J'ai été très silencieuse ces temps ci car j'avais besoin de me concentrer sur ma thérapie et retrouver un sentiment de sécurité.

Je suis actuellement suivie par une psychiatre en libéral et une psychiatre dans un centre de psychotrauma. J'ai enfin retrouvé un apaisement et l'impression qu'un "soin" adapté et qui m'aide est possible.

J'ai la chance de bénéficier d'un traitement avec du propranolol, qui est le traitement préconisé officiellement dans mon cas, pour un trouble de stress post traumatique complexe. Cela fait plusieurs mois que je le prends quotidiennement maintenant et cela fait une sacrée différence pour moi !!!


Les cellules ont comme des serrures à leurs surfaces qui vont s'ouvrir pour recevoir les molécules d'adrénaline, noradrénaline, dopamine... le propranolol se place sur ces serrures et les empêche de s'ouvrir. C'est pour cela que ce traitement est préconisé dans le traitement du TSPT, le corps, le cerveau ne reçoit plus les hormones de stress et donc est moins en activation au niveau sympathique, il y a donc moins d'activation en mode "danger", les émotions sont moins surdimensionnées...


Et c'est ce que je constate dans mon quotidien!!!


Je me sens vraiment différente !!! Je n'ai plus cette sensation du cœur qui fait un bon dans ma poitrine, cette sueur froide qui m'envahit, ces émotions tellement fortes qui m'emportent... C'est comme ci d'un coup mes ressentis, mes émotions avaient enfin trouvé leurs justes places en moi... Cela ne me coupe pas d'elles. Bien au contraire ! Elles sont là mais restent gérables, supportables. Je ne sais pas trop comment vous l'expliquer.... Avant, je pouvais être envahie par la rage et la colère ou le désespoir, mais c'était très douloureux et insupportable pour moi. Comme un arrêt de mort, une vague incontrôlable qui m'envahissait et que je stoppais très vite en me gelant ou en vivant des conflits internes très forts. J'entendais alors des voix, des pensées dans ma tête comme "la colère est mal, la colère est interdite", je ressentais des douleurs dans mon corps.... Puis sous l'effet de toute cette souffrance, je finissais par vomir, m'allonger et dormir ou fuir en oubliant le pourquoi de cette réaction, l'amnésie se mettait en place... si je ne sais rien, je ne souffre pas...


A présent, j'ai beaucoup moins besoin de me servir de la dissociation (c'est une protection qui se mettait inconsciemment en place chez moi ainsi que mes amnésies dans mon présent). Switcher entre parties dissociatives me permettait de ne pas faire face, ne pas réaliser, ne pas accepter d'une certaine façon ce que je vivais ou avais vécu...


Comme mes émotions sont moins disproportionnées, je les accepte enfin comme légitimes et je m'accorde enfin vraiment le droit de les éprouver. Et qu'est-ce que ça fait du bien !!!!!

Putain qu'est-ce que c'est bon de se sentir "moi" quelque soit ce qu'on pense ou ressent !!!!! Depuis quelques mois que j'expérimente cela, je kiffe ma vie !!! Si si!!! Je vous assure !!!!!


Que c'est bon de se dire quand on reçoit un message en privé d'une personne malveillante :

  • Putain la pourriture !

  • J'ai peur

  • Elle ne nous croît pas, elle dit qu'on ment

  • Les gens sont des pourris

  • Je m'en fous, elle ne me fera pas taire!

  • Qui est ce que je connais qui peut me dire comment me protéger ?

  • Il faut publier en public et la bloquer

  • et agir

  • puis passer à autre chose....

Avant, ce genre de message m'aurait fait hurler et pleurer pendant des semaines. Son message désobligeant m'aurait fait me méfier encore plus des gens, aurait contribué à me faire taire et me recroqueviller sur moi-même... Et m'aurait beaucoup fait souffrir... Ce n'est plus le cas.


A présent, tout ce que je ressens est moi. Je ne me sens plus étrangère à moi-même !!! Je comprends toutes mes réactions. Cette personne tente de m'intimider et me faire peur. Elle utilise des techniques de sidération. La répétition de phrases et d'affirmations en contradiction complète avec ce qu'elle affirme ensuite. Elle procède en cachette espérant que je garderai son "secret" et qu'ainsi je me sentirai seule et isolée. Sous des tournures de phrases bienveillante elle glisse des mots horribles... Tout cela, je suis capable de l'analyser tandis qu'avant je l'aurais perçu mais aurait été aux prises avec des luttes internes qui m'aurait empêché d'y réagir de façon adéquate... Mes alarmes danger se seraient allumées et m'auraient submergées.


C'est comme si, mes différentes parties dissociatives ne sont plus coupées les unes des autres. Elles communiquent et s'aident enfin mutuellement.... Il n'y a plus de mur entre elles !!! J'ai déjà eu des moments par le passé avec de la cohésion et de la collaboration mais cela n'avait rien à voir. Avant, lorsque j'y parvenais, c'était plus beaucoup de discussions, et des "analyses" mais après coups de mes pensées et ressentis. A présent c'est du direct... Je ne me sens plus étrangère.


Qu'est ce que c'est bon !!!!


C'est une VICTOIRE phénoménale pour moi !!!! Un ENORME pas en avant !!!!!


Cela ne rend pas les choses plus faciles ou moins douloureuses ! Cela n'enlève pas la douleur de ce que j'ai vécu pour autant et ce n'est pas un chemin facile !!!


Car la "contre partie" est que j'ai aussi moins d'amnésies de mon présent et de mon passé. Je "sais" donc à chaque instant une bonne partie de ce qu'on m'a fait, je ne me "coupe" plus de mon présent et je dois apprendre à y faire face d'une autre façon. La douleur, la rage, la tristesse sont là. En permanence. Supportable. Mais là.... Et je n'ai plus besoin de me protéger de ces ressentis en me dissociant et en "switchant" en une partie qui ne sait pas, histoire de pouvoir "souffler" une minute... Mais ça fait mal. Ca apaise mes parties dissociatives, ça les soulage, ça les aide... On porte notre fardeau ensemble à présent et on ne le lâche plus... Mais le fait est là : on m'a fait beaucoup de mal ! Et ça reste douloureux. Et vivre en société, interagir avec les autres est compliqué et difficile et cela demande des efforts, de l'écoute constamment...


On est aussi beaucoup moins en conflit intérieur. Plus de la même façon en tout cas ! Disons que chacune de mes parties s'exprime. Pour certaines choses, on trouve une solution rapidement. Pour d'autres, on cherche encore la solution...


Par exemple, actuellement, on voudrait être mise en mi temps thérapeutique au travail.

J'ai trop de choses à gérer dans mon quotidien actuellement. La fameuse "charge mentale" me parle beaucoup ces temps-ci ! Je dois gérer mes filles, leur scolarité, leur difficulté au quotidien... Je dois gérer la maison de mon copain, les courses, le ménage, le linge... Préparer les repas, plier le linge... Mon copain qui est aussi mon patron n'est peu ou pas disponible pour moi ces temps-ci. Il travaille beaucoup et je me retrouve seule au travail. Quand il rentre il est épuisé par une journée de travail intensive et très physique... et n'est donc pas disponible pour m'écouter... Mon handicape, mon trouble dissociatif de l'identité et mon trouble de stress post traumatique complexe ne se voient pas. Personne ne voit les combats que je dois mener au jour le jour. Personne n'entend mes parties dissociatives qui pleurent parce qu'on se rend au travail, personne ne ressens les mêmes souvenirs de viols atroces dès que je me mets à "faire les papiers" à mon bureau... Personne n'est là avec moi pour m'aider dans mon dialogue interne à rassurer, consoler, aider à regarder le "présent" pour distinguer la différence entre ce que j'ai vécu dans le passé et ma situation présente... Ce combat, je dois le mener à chaque minute qui passe... C'est épuisant !


Mais du coup, je suis tellement dans des combats et des tâches à accomplir dans l'urgence par nécessité que je n'ai plus du tout de temps pour me poser et simplement m'écouter. J'ai l'impression d'être dans l'urgence en permanence.


Urgence de faire comprendre à mes parties dissociatives que oui je dois sortir faire les courses parce qu'il n'y a plus rien dans mon frigo et que mes enfants doivent manger. Mais du coup je n'ai pas le temps de me poser et me dire, les parties qui détestent ma bouche, celles qui refusent de manger, celles qui mettent de l'argile dans ma bouche qu'est ce que vous aimeriez goûter ? Prendre le temps de me poser avec elles et réfléchir, faire des essais...

Et tout ce que je parviens à faire c'est gérer la panique qui m'envahie dans le magasin en voyant les visages masqués, vite faire les courses, ne rien oublier, ce que veut mon copain, ce qu'aiment mes filles et les croquettes pour les chats... Et au final je n'ai rien résolu de mes problématiques... Et je me sens lessivée, épuisée et à bout !


Je rentre le soir, je gère tout puis je me couche. Et une journée de plus s'est écoulée sans que j'ai pu vraiment écouter mes parties et répondre à leurs besoins...


Et cela me frustre !!!!


J'ai énormément gagné en qualité de vie grâce au propranolol. Ca je ne peux pas le nier ! Mais tout n'est pas plus facile... Disons que je me gère mieux. J'ai moins de crises d'angoisses, je suis moins envahie. Sur le plan personnel, je me sens enfin une et j'ai beaucoup moins l'impression d'être étrange, je me comprends et m'accepte vraiment d'une façon bien plus profonde qu'avant.


Mais j'ai besoin en ce moment d'avoir du temps pour moi. Des genres de "séances de rééducation"... Une personne avec une jambe cassée, on va lui faire passer une radio, lui donner un plâtre, des anti douleurs puis il ferra de la rééducation. De la même façon pour moi, j'ai eu un diagnostic, je suis une thérapie, j'ai du propranolol et du seroplex et maintenant j'ai besoin de temps pour me rééduquer.


Et ça c'est dure à comprendre pour l'entourage, même si il est aidant et soutenant !


J'ai amorcé une étape, je ne peux pas et ne veux pas revenir en arrière et fonctionner à nouveau en me coupant de moi-même. Je ne veux plus être dissociée ! Je veux écouter mes besoins et mes limites. Je veux faire ce dont j'ai besoin. Je veux prendre soin de ma famille ET prendre soin de mes parties dissociatives qui souffrent. Je ne veux plus faire semblant, nier, masquer, oublier... Et là mon environnement actuel ne me le permet pas. Je n'ai même plus le temps d'écouter ce qu'il se passe à l'intérieur de moi.


Comment je peux combattre ma phobie de la nourriture et de ma bouche quand je rentre épuisée par une journée entière de combat ? Et le WE ? Je suis trop naze. Je dors. Je fais les courses. Et au final je ne peux rien essayer d'autre parce que je n'en peux plus. Je ne peux pas essayer de sortir me promener parce que lundi je sais que j'aurai besoin d'énergie pour me battre et parvenir à faire mon travail...


Je suis dissociée. Gravement dissociée. Intégrer ce que j'ai vécu ne se fait pas en plus de plein d'autres choses. Ca demande du temps, de l'énergie... Et il faut m'en accorder pour que je puisse le faire. J'ai mon cerveau cassé, mon corps cassé. On ne demanderait à personne ne marcher avec une jambe cassée. Moi j'ai un handicap invisible. Mais il est là.


Et j'en ai marre de tout porter à bout de bras. De toujours passer après les autres. Je veux m'accorder du temps, prendre soin de moi. J'ai plein de choses qui changent à l'intérieur de moi et je ne peux rien en faire parce que j'ai trop à gérer à l'extérieur de moi. J'ai 3 boulots à plein temps : maman, mon travail, et mes soins psychiques.


Et ça l'entourage a beaucoup de mal à le comprendre! C'est long une thérapie pour une personne comme moi. Cela fait presque 5 ans que j'ai accès à un soin efficace et approprié avec des personnes formées. 5 ans... (Je ne compte pas les années perdues avec des charlatans de psychanalystes...). Et mon copain me sort hier soir "tu devrais commencer à te sevrer des psys, tu vas mieux maintenant, il serait temps que tu passes à autre chose"... C'est pourtant quelqu'un de bienveillant, aimant, tendre. Qui dans mon quotidien depuis quelques temps a été très aidant et soutenant... Mais au bout d'un moment, c'est trop long... Et quand on montre qu'on gère mieux, qu'on commence à aller mieux, c'est comme si mes troubles avaient disparu... Mais NON !!!


Pourtant, il s'est informé, a lu, écouté... Il sait la dissociation. Il sait le TDI. Il discute avec plusieurs de mes parties dissociatives, il en reconnaît certaines... Il a beaucoup aidé ma partie qui a peur des papiers. Il a beaucoup parlé avec elle. Mais malgré cela, il ne sait pas au final. Il ne comprend pas.


Putain qu'est ce que ça fait mal et ça fait se sentir seule !!!!!

Parfois, voir le monde et les gens en noir ou blanc c'est plus facile. Certaines de mes parties se posent la question de le quitter. Il ne comprend rien et ne nous soutient pas actuellement. D'autres se disent qu'il a des qualités et des défauts. On devrait lui laisser du temps. En ce moment il est épuisé par son travail et donc pas très ouvert à la compréhension et aux échanges. On en est là. Attendre. Réessayer.


Et on a peur aussi. On porte plainte. Pour certaines parties, mon copain est essentiel pour qu'elles se sentent suffisamment en sécurité et protégée pour accomplir cette démarche...


Mais ce que je vois aussi c'est que pour porter plainte, je dois me sentir en sécurité, avoir un environnement sécurisé et soutenant. Si ce n'est pas le cas, je n'ai pas les conditions pour le faire et certaines parties pourraient m'en empêcher si elles jugent que je me mets trop en danger. Je pourrais à nouveau avoir des amnésies et ne plus être à même de dire ce qu'on m'a fait. Je pourrais switcher en ma partie "confession" et répondre bêtement aux inspecteurs que "je ne sais rien, ne suis au courant de rien"... Mon environnement est essentiel dans cette démarche ! Et je n'ai pas encore décidé quoi faire...

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