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Je suis en colère !
En colère contre la lâcheté !
J'en ai marre du silence des gens dans mon entourage. Marre de leur silence.
Il pèse sur moi à longueur de temps.
Et cela réveille en moi de la colère, beaucoup de colère !
Ils ne sont pas méchants. Ils ne pensent pas à mal. Ils échangent avec moi de façon sporadique. Me demande comment je vais, comment vont mes filles, si mon boulot me plaît, ce que je vais faire pour les fêtes...
Ils parlent de la vie courante, du quotidien...
C'est gentils. Ils ne sont pas méchants.
Dans la secte, certains adultes n'étaient pas méchants. Ils me demandaient comment j'allais. Si mes études se passaient bien, si j'avais des amies, ce que j'allais faire aux prochaines vacances, quelles études je souhaitais faire... C'était gentils. Ils n'étaient pas méchants...
Les regards et les non dits. C'est ça qui m'obsède en ce moment. Les silences, le vide...
Ils ont peur. Ils ne sont pas méchants mais ils ont peur.
Peur de se prononcer, peur d'en entendre plus de ma part... Peur de savoir, peur d'imaginer... Peur de comprendre...
Bientôt c'est les fêtes. Un moment pour la famille, pour les amis... Un moment où on se dit qu'on s'aime...
Ma famille à moi, elle a fermé les yeux. Elle a détourné le regard. Et aujourd'hui encore, elle le fait.
Quand mon frère est mort, s'est suicidé, personne ne nous a contacté pour savoir comment nous allions. Ils nous ont envoyé des vœux à Noël ou pour mon anniversaire. Quand je leur ai dit que mon père m'avait violée, ils n'ont rien dit et depuis, ils ne disent rien. Ils envoient des vœux à Noël et à mon anniversaire. Quand je leur ai dit pour mon TDI, certains ont dit je te crois puis depuis, ils ne disent plus rien. Ils envoient des vœux à Noël et à mon anniversaire.
C'est mieux que rien. Ils sont gentils, ils ne pensent pas à mal.
Je comprends pourquoi ils le font. Je comprends qu'ils ont peur d'être entraîné dans un puit sans fond si ils m'écoutent. Je comprends qu'ils ont peur de la noirceur. Je comprends qu'ils ont peur d'être sali en écoutant ce que j'ai à leur dire. Je comprends qu'ils s'accrochent à la sécurité de leur quotidien, leur routine, le paraître. Parce que c'est plus facile.
Accepter d'écouter une victime c'est accepter d'écouter ses ressentis et les nôtres aussi, ses émotions et nos émotions.
Je crois que c'est cela qui fait le plus peur. Nos ressentis et émotions. Y faire face, en prendre conscience.
Je comprends leur point de vue. Mais je comprends aussi que j'ai des besoins. Et j'ai décidé de les écouter. J'ai décidé de prendre en compte TOUS mes besoins.
J'ai besoin d'être vue. J'ai besoin d'être entendue. J'ai besoin d'être moi. J'ai besoin de ne plus cacher, ne plus taire, ne plus masquer.
J'ai besoin de vrai lien authentique autour de moi.
Je veux être UNE. Je ne veux plus être dissociée, morcelée.
Je fais tout pour y arriver.
Je suis une survivante. Je suis forte.
Je mérite mieux. Je mérite mieux que de la gentillesse. Je mérite mieux que des "comment ça va au travail, et tes filles ?".
Je mérite des "pardon de ne pas avoir été là pendant toutes ces années". Je mérite des "pardon, je savais que ton père était violent et extrême, j'aurais dû te protéger" Je mérite des "pardon de ne pas avoir posé de questions, pardon de n'avoir rien dit, rien fait". Je mérite des "pardon j'ai vu dans quel environnement tu étais élevée, j'ai été lâche j'ai préféré fermer les yeux et ne rien savoir" Je mérite des "tu étais une enfant, nous aurions dû te protéger".
Je mérite que lorsque j'ose dire l'indicible, on me réponde. Je mérite que lorsque j'ai le courage de dire, de faire confiance, on me dise je t'entends et je te vois.
Ne rien dire, prendre des semaines à répondre ou dire 'je n'ai pas eu le temps mais j'écouterai, je reviens vers toi bientôt" puis ne rien dire... tout cela je ne le mérite pas.
Savez vous ce que cela me fait lorsque j'ose enfin vous parler?
A chaque fois, j'ai envie de vomir ou je vomis de terreur. Je sens des mains qui m'étrangle, je sens les coups dans mon dos. Je sens les viols. Je sens toutes les fois ou mes violeurs m'ont dit de me taire, les menaces qu'ils m'ont faites, le couteau... Je revis dans ma chair chaque moment...
Quand vous restez dans le silence, vous savez ce que je ressens ? Je suis envahie par la terreur. Est-ce qu'ils vont me trahir et leur dire ? Vais je mourir ? Vont-ils me réduire une nouvelle fois au silence ? Ce que j'ai ressenti revient. La peur de mourir, les conflits intérieurs... Ai-je eu raison de vous faire confiance ? Vais je être punie ? On ne doit pas parler ! Parler c'est interdit ! Si on parle on va mourir ! Si on parle on va souffrir !
Je tente du mieux que je peux, de me rassurer. Ceux à qui j'ai parlé ne sont pas ou plus en contact. Tout va bien, je suis en sécurité. Puis l'angoisse, la terreur revient. Immense.
Je vous laisse du temps, de l'espace. Je sais que si je reviens trop tôt vers vous, vous fuirez. Ils fuient tous. J'attends. J'attends.
Une semaine, deux semaines. Un mois. Un an.
Puis, soit moi soit vous, nous échangeons un texto.
"Comment ça va ? Et tes filles? Et ton boulot? Tu fais quoi aux prochaines vacances ? Ce serait bien qu'on se revoit !"
C'est gentils. Ce n'est pas méchant. Vous prenez des nouvelles.
Mais PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!!!!!!!!
Vous avez un cœur dans votre poitrine ???????
Depuis QUAND c'est être quelqu'un de bien lorsqu'on est un lâche et un égoïste?
Je me bâts ! J'ai les putain de couille d'accepter de faire face à mon passé !
C'est pas une partie de plaisir !
C'est pas juste des souvenirs comme vous en faites lorsque vous vous rappelez vos vacances lorsque vous étiez petit !
J'ai un PUTAIN de TDI.
Je revis tout dans son intégralité. TOUT.
Je sais que c'est très dure à comprendre et concevoir pour vous. Et qu'est-ce que j'aimerais que vous puissiez venir dans ma tête pour sentir par vous même !!!
C'est de la TORTURE !!!!
Une torture au quotidien à la quelle je ne peux échapper.
Je suis forte, incroyablement forte. Beaucoup se seraient tué à ma place. Beaucoup auraient abandonné à ma place.
Je mérite mieux !
Je mérite plus !
Je ne me contenterai plus de vos miettes.
Vous êtes lâches ? C'est votre choix !
Je ne suis pas comme vous. Et je mérite des gens qui me voient telle que je suis.
Je trouverai des gens courageux. J'en ai déjà trouvé. J'en trouverai d'autres.
Je mérite des gens autour de moi qui ne sont pas silencieux, je mérite des gens qui n'ont pas peur de ce que j'ai à leur dire. Je mérite des gens qui n'ont pas peur de m'entendre. Je mérite des gens qui acceptent de nous parler, nous comprendre.
Je mérite des gens qui fassent l'effort de se mettre en danger quand moi je me mets en danger en leur parlant.
Je suis en colère. Et cette colère est légitime. Je suis en droit de la ressentir.
Non, ce n'est pas normal que les gens fassent comme si ils n'avaient rien entendu. Non ce n'est pas normal qu'ils se taisent et fuient. Non l'amitié, l'amour ce n'est pas cela !
Je ne veux pas de vous. Je ne veux pas de vos miettes. Et si cela signifie couper les liens, et bien pas de problème ! Je coupe !
C'est ça un "lien" pour vous ? Le paraître ? La comédie ?
C'est le monde que vous voulez ?
Un monde ou on ne voit personne, on n'entend personne ?
Un monde où on est seule, constamment ?
Moi je veux d'un monde où on se regarde dans les yeux, un monde où on peut se dire sans crainte ce que l'on ressent intérieurement. Un monde où on peut être soi sans craindre de perdre l'autre, sans jugement. Un monde où on est là, simplement. Un monde où on n'a pas peur de parler et entendre. Un monde où on se soutien.
I'm mad !
Angry with cowardice!
I'm fed up with the silence of people around me. Fed up with their silence. It weighs on me all the time. And that awakens in me anger, a lot of anger!
They are not mean. They don't think badly. They interact with me sporadically. Wonder how I'm doing, how my daughters are doing, if I like my job, what I'm going to do for the holidays ... They talk about everyday life, everyday life ... It's nice.
They are not mean. In the sect, some adults were not mean. They asked me how I was. If my studies were going well, if I had friends, what I was going to do on the next vacation, what studies I wanted to do ...
It was nice. They weren't mean ... The looks and the unspoken. That's what obsesses me right now. Silences, emptiness ...
They are afraid. They are not mean but they are afraid. Afraid to speak out, afraid to hear more from me ... Afraid to know, afraid to imagine ... Afraid to understand ...
Soon it's the holidays. A moment for family, for friends ... A moment when we say we love each other ... My family, she closed her eyes. She looked away. And even today, she does. When my brother died, committed suicide, no one contacted us to find out how we were doing. They sent us Christmas wishes or for my birthday. When I told them that my father had raped me, they didn't say anything and since then they haven't said anything. They send Christmas greetings and my birthday. When I told them about my TDI, some said I believe you and then since then they have not said anything. They send Christmas greetings and my birthday. It's better than nothing. They are nice, they don't think badly.
I understand why they are doing it. I understand that they are afraid of being dragged into a bottomless pit if they listen to me. I understand they are afraid of the dark. I understand that they are afraid of being dirty listening to what I have to say to them. I understand that they cling to the security of their daily life, their routine, to appear so. Because it's easier. To accept to listen to a victim is to accept to listen to his feelings and ours too, his emotions and our emotions.
I think that's what scares the most. Our feelings and emotions. Face it, become aware of it. I understand their point of view.
But I also understand that I have needs. And I decided to listen to them. I have decided to take ALL my needs into account. I need to be seen. I need to be heard. I need to be me. I need to no longer hide, no longer be silent, no longer hide. I need a real genuine connection around me. I want to be ONE. I no longer want to be dissociated, fragmented. I do everything to get there.
I am a survivor. I am strong. I deserve better. I deserve better than kindness. I deserve better than "How are you at work, and your daughters?" I deserve "forgiveness for not being here all these years". I deserve "forgiveness, I knew your father was violent and extreme, I should have protected you" I deserve "forgiveness for not asking questions, forgiveness for not saying anything, doing nothing". I deserve "forgiveness I saw in what environment you were raised, I was cowardly I preferred to close my eyes and not know anything" I deserve "you were a child, we should have protected you".
I deserve that when I dare to say the unspeakable, I am answered. I deserve that when I have the courage to say, to trust, people tell me I hear you and I see you. Say nothing, take weeks to respond or say 'I didn't have time but I will listen, I'll get back to you soon' and then say nothing ... all of this I don't deserve.
Do you know what it does to me when I finally dare to talk to you? Each time, I feel like throwing up or I throw up in terror. I feel hands strangling me, I feel the blows on my back. I smell the rapes. I feel all the times my rapists told me to shut up, the threats they made to me, the knife ... I relive in my flesh every moment ... When you stay in the silence, do you know how I feel? I am overcome by terror. Are they going to betray me and tell them? Am i going to die? Will they silence me once again? What I felt comes back. Fear of dying, internal conflicts ... Was I right to trust you? Am I going to be punished? We must not talk! Talking is forbidden! If we talk we will die! If we talk we will suffer! I try as best I can to reassure myself. Those to whom I spoke are not or no longer in contact. Everything is fine, I'm safe. Then the anguish, the terror returns. Immense.
I leave you time, space. I know that if I come back to you too soon, you will flee. They are all fleeing.
I wait. I wait. One week, two weeks. A month. A year. Then, either me or you, we text each other. "How are you? What about your daughters? What about your job? What are you doing next vacation? It would be nice to see you again!" It's nice. It's not mean. You take news.
But FUCKING BORDEL OF SHIT !!!!!!!!!! You have a heart in your chest ??????? Since WHEN is it to be a good person when you are a coward and a selfish person?
I fight ! I have the fucking balls to accept to face my past! It's not a piece of fun! It's not just memories like you remember when you were on vacation when you were little!
I have a FUCKING DID. I relive everything in its entirety. ALL. I know this is very hard for you to figure out and design. And what I wish you could come to my head to feel for yourself !!!
This is torture !!!! A daily torture that I cannot escape. I am strong, incredibly strong. Many would have killed themselves in my place. Many would have given up in my place. I deserve better ! I deserve more! I will no longer be satisfied with your crumbs.
Are you cowards? It's your choice ! I am not like you. And I deserve people who see me for who I am. I will find courageous people. I have already found some. I will find others. I deserve people around me who are not silent, I deserve people who are not afraid of what I have to say to them. I deserve people who are not afraid to hear me. I deserve people who agree to talk to us, understand us. I deserve people who make the effort to put themselves in danger when I put myself in danger by talking to them. I'm mad.
And this anger is legitimate. I have the right to feel it.
No, it's not normal for people to pretend they haven't heard anything. No, it is not normal that they are silent and flee. No friendship, love is not that! I don't want you. I don't want your crumbs. And if that means severing ties, well, no problem! I cut ! Is that a "link" for you? The appearance ? The comedy ? Is this the world you want? A world where we don't see anyone, we don't hear anyone? A world where you are alone, constantly? I want a world where we look each other in the eye, a world where we can tell each other without fear what we feel inside. A world where you can be yourself without fear of losing the other, without judgment. A world where we are simply there. A world where we are not afraid to speak and hear. A world where we support each other.
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