J'ai pris la décision il y a quelques jours de fermer temporairement mon accès à mon compte facebook.
Je le fais pour plusieurs raisons.
D'une part, pour ne plus lire et voir de fils évoquant l'actualité (pass sanitaire, conflits sur le vaccin contre le covid...) car cela exacerbe mes propres conflits internes.
Je suis vaccinée. Mais intérieurement, j'ai des parties qui pensent différemment et ont peur de ce vaccin et adhèrent à certaines croyances des anti vaccins. Certaines de mes parties dissociatives ont un mode de pensée encore très influencé par la secte dans laquelle j'ai grandis. Toute mon enfance, j'ai souvent entendu les membres de la secte dire que les vaccins étaient dangereux, certains membres n'ont pas vacciné leurs enfants et ont trouvé des médecins complaisants ou homéopathes acceptant de faire de faux certificats. Ils disaient que les vaccins pouvaient apporter des maladies graves telles que la sclérose en plaque, l'autisme... J'ai donc très tôt appris à m'en méfier.
Prendre la décision de me faire vacciner a été assez difficile et conflictuel intérieurement. Des parties reprochent intérieurement le fait que je me sois vaccinée et ont peur que j'en meurs.
De plus, la vision catastrophique, les arguments et prédictions que relayent ces milieux me font me sentir en danger permanent. Qu'ils disent que l'état cherche à nous contrôler, nous stériliser... Tout cela met en alerte mes parties dépressives et pessimistes. Je me sens en danger et je passe mes journées à switcher d'une partie dissociative à une autre. Je suis obsédée par la fuite, le besoin de trouver une solution qui me sauvera du danger omniprésent. Je ne parviens plus à me sentir en sécurité et je suis en conflit constamment sur où je dois aller pour être en sécurité, ce que je dois faire et quelles sont mes priorités...
Mon boulot devient secondaire et certaines de mes parties dissociatives refusent que je travaille car pour elles la priorité n'est pas de travailler mais de trouver une solution pour survivre à cette "fin du monde" qui arrive. Elles se réactivent à mon travail, je suis envahie par d'énormes crises d'angoisses, j'ai des "absences", j'ai de multiples montées d'adrénaline dans mes journées où je ne sais plus si j'ai fait ou non mon travail. Je ne me souviens plus quelles tâches demandées par mon patron ont été faites ou non. Je suis envahie par des crises de tétanies, de grosses crises de tremblement, des pleurs incontrôlables... Je suis obligée de noter tout ce que je fais et de le vérifier, le relire plusieurs fois dans la journée ou la semaine. C'est très effrayant et déstabilisant. Cela m'épuise et je ressens beaucoup de colère et de reproches internes. Pourquoi ces parties dissociatives me torturent elles ainsi? Je n'en peux plus de ces amnésies et ces terreurs qui ponctuent mon quotidien et me font perdre mes compétences au travail.
Avec mon copain, c'est pareil. Mes parties dissociatives et moi ne sommes pas d'accord. Certaines veulent qu'on s'installe chez lui. Il nous protègera, il est fort, il est très intelligent et débrouillard. Avec lui, quoiqu'il se passe, je survivrai. J'ai beaucoup de parties qui fonctionnent encore beaucoup en mode "dépendre d'un homme", pour elles, vivre seule et m'assumer seule est inenvisageable et reviendrait à mourir. Mon appartement m'est devenu insupportable. J'ai beaucoup de mal à y rester. C'est un logement sociale et je ne supporte plus les bruits de mes voisins, les cris, les pleurs des enfants... Je me réactive constamment en les entendant, des parties croyants entendre des enfants pleurer et réactivant mes souvenirs de viols et de tortures, mes propres pleurs et appels à l'aide... J'ai l'impression que cet appartement est identique à la secte, la promiscuité, le monde... pour certaines de mes parties, ce lieu équivaux à mes lieux de vie durant mon enfance et c'est insupportable. Lorsque je m'y trouve, je ressens de l'angoisse, j'entends des parties hurler dans ma tête l'urgence à fuir et se mettre en sécurité. Je me sens très mal, j'ai mal au ventre, envie de vomir, de hurler, de pleurer... Je suis tétanisée, j'ai envie de me rouler en boule parterre et pleurer, dormir, ne plus bouger, ne plus respirer, que tout cela s'arrête... Ce monde est bien trop effrayant, dangereux, je ne suis pas assez forte, je vais mourir, je veux mourir... Je n'en peux plus. Il faut que je trouve une solution ! M'installer chez mon copain permettrait que cette souffrance que je ressens dans mon appartement s'arrête. Peut-être est ce que je devrais faire ? Certaines parties acquiescent. Elles aiment profondément mon copain. Il est merveilleux, bienveillant, doux. Il sait pour mon TDI, il l'accepte, il m'aide parfois à gérer mes crises d'angoisses. Il accepte mes besoins, mes contradictions, mes conflits intérieurs. Il sait. Ils est capable de dialoguer avec certaines de mes parties et les rassurer. Il sait. Puis d'autres parties hurlent dans ma tête. Non ! Il ne faut dépendre de personne, dépendre des gens c'est être en danger! Et elles me font à nouveau me sentir mal, tétanisées, angoissées chez lui... Pour certaines de mes parties dissociatives, ma relation intime avec mon copain est très difficile. Dans les moments intimes, elles se réactivent souvent pendant quelques minutes et dans ces moments là, les viols passés viennent se superposer en filigrane dans mon présent et c'est une torture. Ces parties voudraient ne plus jamais être touchées, ne plus jamais rien ressentir. Quand je suis chez mon copain, elles s'opposent. Je dois en partir, dépendre de lui est trop dangereux. Il ne faut faire confiance à personne. Personne n'est fiable, tout le monde abandonne. Elles veulent partir, vivre loin de tous et ne plus être en contact avec quiconque, ne plus éprouver d'émotions, ne plus avoir de besoins affectifs, relationnels car pour elles c'est synonyme de souffrance, de torture, de viols, de mort.
Puis la colère, la rage m'envahissent. Ils ne gagneront pas ! On va y arriver ! Des pensées fusent dans ma tête. Tous nos objectifs. Je dois continuer à bosser! On peut trouver une solution, un compromis à toutes ces envies contradictoires ! Il le faut ! Et j'essaie de donner un peu de ce chacune veut. Je garde mon appartement pour l'instant, avec mon copain on aménage correctement chez lui pour que j'ai un espace pour mes filles et moi, qu'on s'y sente chez nous. Mais je ressens aussi beaucoup de tristesse et de désespoir ! Vais je réussir un jour à me sentir bien et en sécurité pleinement quelque part ? Pourrais je un jour vivre ma vie sans être envahie par des conflits, des angoisses, des urgences de fuite avec la certitude que si je n'y réponds pas immédiatement je vais mourir ? Serais je libre de mon passé un jour ? Parfois, le désespoir est très fort. Tout cela est tellement épuisant! Je n'en peux plus ! Je n'en peux plus de ces crises d'angoisses, de cette souffrance qui m'envahie et cette impression, cette certitude que je vais mourir, là dans l'instant. Je n'en peux plus des amnésies, de ne plus savoir ce que j'ai fait ou dit dans ma journée. Je n'en peux plus d'être cette girouette. Je ne sais pas qui je suis, ce que je veux. Je suis dans l'incapacité de me projeter dans l'avenir, de faire des projets. Je ne sais même pas dans une heure ce que je serai capable de faire ou non. Je peux me lever le matin et avoir des objectifs et arriver le soir et avoir fait tout autre chose absolument pas en accord avec ma volonté. Je peux me dire comme hier par exemple, que je souhaite lire des articles scientifiques pour avancer sur ma compréhension de la dissociation et au final hier soir m'apercevoir que j'ai passé la journée dans mon lit à regarder des séries et films et ressentir beaucoup de colère parce que j'ai encore perdu une journée à ne rien foutre. Ou ressentir une envie très forte de sortir me promener, le dire à mon copain, le prévenir que je vais sortir et en préparant mes affaires pour partir être envahie par un épuisement terrassant et ne rien pouvoir faire d'autre que m'allonger et m'endormir d'un coup. Me réveillant quelques heures plus tard, mon copain me disant "tu n'es pas sortie finalement?" et entendre pleurer et hurler dans ma tête. Des parties s'opposant à ma sortie car voyant le monde extérieur comme dangereux m'en ayant empêché.
C'est donc pour réussir à ce que toutes mes parties se réactivent moins face au ressentis de danger imminent que j'ai décidé de me couper temporairement des informations et de facebook.
Une autre raison est qu'il me faut absolument retrouver confiance dans les soignants et ma psychiatre. Facebook et les publications de certaines personnes sur les propositions de soins psychiatriques génèrent trop de conflits à l'intérieure de moi. Lorsque je lis certaines publications, certaines de mes parties dissociatives se réactivent et j'ai l'impression de voir des sectes et des dérives sectaires partout. Certaines de mes alertes sont bonnes, dans le domaine du trauma, il y a beaucoup de dérives actuellement sur des propositions de soins issues du new âge, de l'anthroposophie ou religieuses. J'ai eu besoin de lire et comprendre cela pendant un moment, l'analyser. Mais à présent j'ai besoin de fermer cela et ne plus le voir car mes parties dissociatives sont encore extrêmement blessées et méfiantes vis à vis de la psychiatrie. Ce qui exacerbe mes parties dépressives qui ne voient aucun espoir et aucune solution dans notre avenir. Et cela ne m'aide pas à me projeter dans l'avenir, espérer un mieux être dans mon quotidien, espérer une fin à ce ressenti de souffrance omniprésent.
J'ai besoin de me recentrer sur des objectifs concrets et surtout économiser mon énergie, trouver comment moins me réactiver, moins être en conflits intérieurs.
Je dois retrouver une entente intérieure, trouver des objectifs communs.
Avec ma psychiatre, nous allons commencer le protocole de Brunet avec le propranolol. Ce traitement a montré de l'efficacité pour les TSPT simples et a été utilisé suite aux différents attentats qui ont eu lieu en France ces dernières années. Je ne sais pas si cela fonctionnera et m'aidera... Tout est tellement plus complexe avec un TDI ! Je n'ai pas "simplement" des souvenirs de traumatismes à intégrer dans ma mémoire autobiographique pour qu'ils ne viennent plus me "hanter" avec les émotions exacerbées qui y sont associées. Il faut que chacune de mes parties dissociatives accepte de raconter ce qu'elle porte comme mémoire mais il faut aussi que toutes les autres acceptent de le revivre avec elle, acceptent comment nous avons agis à ce moment précis, acceptent de ne pas juger, critiquer, reprocher, ressentir de honte et de colère... Ce n'est pas "simplement" mon cerveau qui refuse d'encaisser l'événement parce que incompréhensible, inimaginable et trop atroce. J'ai appris à agir avec ces fragments de mémoires.
Chacun de ces événements à provoqué la formation en moi d'une identité, d'une façon d'être et d'agir selon ce qui s'est passé. Chacune de mes parties dissociatives a sa volonté propre, sa vision du monde et si elle n'est pas d'accord, rien ne pourra se faire. Il suffira pour l'une d'elles de décider que je n'irais pas au prochain rendez vous avec ma psy et lorsque je voudrais y aller, je switcherai et ne m'y rendrai pas. Je me "réveillerai" alors plusieurs heures plus tard me rendant compte que j'ai loupé le rendez-vous et devant en expliquer les raisons à ma psy comme cela a déjà eu lieu par le passé... Je dois convaincre mes parties, je dois faire en sorte qu'elles aient confiance. Il faut que ma psy nous montre que nous pouvons avoir confiance en elle, qu'elle prend en compte la volonté de chacune de mes parties et qu'elle les entend, les comprend et respecte leurs volontés. Il faut s'accorder au rythme dans chacune de mes parties.
Certaines sont des buldozzers, elles veulent avancer et être libérée, le plus rapidement possible. D'autres, celles qui avaient pour fonction de ne rien ressentir ne sont pas habituées aux émotions, aux douleurs... Et la plus petite des sensations les submerge... J'entends alors dans ma tête des hurlements "je n'en peux plus, c'est trop, ça fait trop mal", mon corps se tend et je ressens l'envie de sortir de mon corps qui n'est que torture, que ce partage prenne fin! Prendre un médicament, écrire mon histoire et la relire à plusieurs reprises comme cela est fait dans le protocole Brunet n'est pas suffisant pour moi. Il y a tout un dialogue à faire, ma psy doit "apprivoiser" mes parties, je dois tester, avancer pas à pas et leur prouver que cela aide, cela soulage et que c'est la bonne direction, le bon objectif à prendre.
De plus, avec un TDI, la mémoire d'un seul et même événement est fragmenté entre différentes parties dissociatives. Il faudrait donc que chacune des parties dissociatives qui possède un fragment de cet événement accepte de collaborer et raconter de façon linéaire ce qu'il s'est passé. Durant toute ma vie, mes parties dissociatives se sont succédées dans mon quotidien en fonction de mes besoins. La plupart du temps, elles étaient présentes pour leurs compétences et de temps en temps réactivées par un événement ou le contact d'une personne.
Ma mémoire autobiographique est donc très morcelée. J'ai tendance quand je rencontre quelqu'un pour la première fois à être en panique les premières minutes. Je cherche quelle partie est la plus adaptée face à cette personne. J'ai donc une certaine forme de "contrôle" et de prise de décision, collaboration sur quelle partie dissociative je mets devant pour interagir avec mon interlocuteur. Dois je me présenter comme une personne sûre d'elle, intelligente, forte? Où au contraire dois je être timide, effacée, discrète pour qu'elle m'apprécie ? Dois je être très empathique et à l'écoute envers elle pour réussir à créer un lien durable ? Puis quand puis je tester si c'est une personne de confiance ? Quand puis je me dévoiler, expliquer ? Et si je suis face à une personne malsaine et que je ne me suis pas aperçue à temps des alertes, là, je switch en mes parties vulnérables et je n'ai alors plus de contrôle. A présent c'est moins le cas car je suis plus capable de m'écouter, d'écouter mes mises en garde interne et les prendre en compte. Il n'empêche que ma mémoire du présent reste tout de même encore très fragmentée lorsqu'il n'y a pas de collaboration. Et celle de mon enfance encore plus !
Alors pour réussir à "retraiter" ce que j'ai vécu avec le propranolol cela reste très compliqué ! Je suis à même de raconter certaines choses. Certains souvenirs sont assez précis, d'autres sont juste des sensations, des odeurs, des goûts dans ma bouche, des douleurs dans mon corps.
Par exemple, je me souviens avoir été endormie, droguée je pense. Je me souviens (avec des sensations très précises dans mon corps) avoir été transportée par un homme, ses mains incrustées sous mes bras et dans mon dos jusqu'à une voiture. J'entends, je me souviens des paroles échangées par plusieurs personnes autour de moi, ils ont peur d'être surpris par quelqu'un et se pressent. J'ai les yeux fermés, je ne vois rien, tout est noir. Je suis déposée dans le coffre d'une voiture. Je sens la couverture posée dans ce coffre sur ma joue. Je sens le cahot de la route, mon corps est secoué lorsque la voiture roule. Mais je n'en sais pas plus. Je ne sais pas où on m'a emmené ni ce qu'il s'est passé ensuite.
Je me souviens du moine, de ses doigts comme des serres d'aigle qui s'incrustent autour de mon cou et le serrent. Je sens ses doigts qui griffent mes épaules et mon dos. Je ressens une terreur immense. J'étouffe. Il guide mon corps et ma tête vers son entre jambe. Je ressens l'envie de vomir. J'étouffe. Je hoquette. Je ressens du dégoût, de la honte. Je ressens de la colère. Je me débats. Les serres s'agrippent à mon cou. Les yeux et le visage qui me regardent sont plein de haine. J'étouffe. Je vais mourir. Je suis une gentille fille. C'est lui qui le dit. Dieu m'aime. Dieu aime mon âme pure et bonne. Ce que je fais est bien. Mon corps est mou, tout ce qu'il demande je le fais. Je suis un pantin, une poupée de chiffon. Il me dit qu'il m'aime, lui aussi dit que je suis sa "fille adoptive". Puis je switche. Ce moine est mon idole. Il est admiré et aimé par la secte. C'est un homme bon. Il m'aime. Je suis sa préférée et j'en ressens de la fierté et de la gratitude. Le reste n'existe pas. Ce qui s'est passé quelques minutes avant n'existe pas. Nous retournons avec les autres enfants et la soeur de la secte. Il faut sourire. Il me tient la main. Je suis une bonne fille. La soeur dit que j'ai de la chance, ce moine est un saint homme. Tout va bien. Il ne s'est rien passé. Je ne sais pas exactement quel âge j'ai. Ce n'est pas arrivé qu'une seule fois. C'est arrivé à chaque fois que nous allions nous confesser dans son abbaye. Sur plusieurs années. Il me faut réussir à démêler les souvenirs les un des autres. Réussir à les remettre dans un ordre chronologique. Une fois j'ai essayé de me rebeller. Une fois j'ai cherché à faire tout de suite tout ce qu'il voulait dans l'espoir qu'il finisse plus vite. Une fois j'ai cherché à m'enfuir et j'ai été rattrapée. Des fois il m'a étranglée. Une fois il m'a offert une couronne de fleurs... Parfois il était gentils et doux, parfois il était menaçant et violent, parfois il était pervers et vicieux. J'ai dû m'adapter et switcher. Certaines de mes parties dissociatives ont été actives parce que si je ne l'étais pas, il me faisait mal. Certaines parties dissociatives étaient toutes molles, sans vie, passives comme sortie de mon corps parce que c'était le seul moyen pour survivre. Attendre que cela soit fini. Certaines ont été rebelles pour tenter de s'enfuir. D'autres ont essayé le charme et l'affection dans l'espoir qu'il ait pitié et soit plus doux...
Pour chaque événement, chaque viol, j'ai tenté des stratégies de survies différentes. Mais celles-ci étaient opposées. On ne peut pas aimer, admirer et haïr. Si on fait semblant cela se voit. Mes violeurs savaient lire les faiblesses, savaient repérer les failles, savaient quand on mentait. Il fallait donc que je trouve une façon de leur cacher ce que je ressentais, pensais, tentais de faire pour me sauver... Et le résultat aujourd'hui de ce morcellement de ma façon d'être, de mes agissements et de mes volontés d'agir est que je ne suis pas une mais plusieurs. Et je ne parviens pas à intégrer tout cela, être une et une seule.
Mes parties dissociatives sont autonomes. Là est la différence avec une dissociation comme peuvent l'avoir des personnes avec un TSPT. Eux se réactivent et switchent face à quelque chose dans leur présent qui rappelle un aspect du traumatisme qu'ils ont vécu. Moi, il y a cela aussi, mes parties dissociatives viennent également lorsque quelque chose semble identique et je me mets alors à agir comme je l'ai fait par le passé. Mais il n'y a pas que cela. J'ai aussi des switchs en rapport avec des objectifs, des visions de la vie, des volontés d'actions sans lien direct et exclusif avec mes traumatismes. Ils ont bien sûr une origine qui y est liée mais ils ont évolué en manière de percevoir la vie, la société, les gens, le monde qui m'entoure... Certaines de mes parties par exemple veulent quitter mon appartement et vivre chez mon copain car elles en ont marre d'être mère célibataire, s'occuper de mes filles les gonflent et lorsque je suis chez mon copain avec mes filles, le quotidien est plus facile, on se partage les tâches, les responsabilités. Elles ont donc moins à assumer et accepter comme rôle de "maman" à endosser. Elles sont donc dans le camp des "pour" mon déménagement. D'autres parlent beaucoup avec mon copain du projet de me construire une tiny house (une petite maison sur une remorque), il est très bricoleur et est capable de m'aider à la construire. Elles espèrent ainsi gagner en autonomie et pouvoir partir voyager et faire le tour du monde (rêve que je fais depuis l'adolescence). Le seul hic est que quand elles sont là, présentes au "premier plan" dans ma tête, les plans de ma tiny sont avec une seule et unique chambre. Mes filles n'existent pas et ne font absolument pas partie de mon projet... Elles sont donc dans le camp également des "pour" déménager. Lorsqu'elles sont présentes, je ne vois aucunes failles dans mon objectif de construction, tout est clair, limpide, simple... Puis je switche en "partie maman" et franchement ce projet est débile !! Je vivrais de quoi ? et mes filles elles seront où? C'est n'importe quoi ! Je ne suis pas d'accord ! Je m'oppose à cette idée. Les parties maman sont donc mitigées et ne savent pas quoi décider pour ce déménagement. Elles s'y opposent en partie car elles ont peur qu'en acceptant, on se mette à réaliser le projet de construction et que je me retrouve ensuite dans une situation inextricable, sans solution pour mes filles. Elles aiment mon copain, elles désirent une vie de famille pour mes filles et moi. Elles se sentent bien avec lui et nous partageons de très bons moments tous ensemble mais elles ont peur de "perdre le contrôle" et que je me mette à agir en adolescente utopiste et égoïste qui ne se reconnait pas dans son rôle de mère et qui oublie que mon copain lui ne souhaite pas faire de tour du monde... D'autres parties veulent ce projet de tiny pour d'autres raisons. Elles souhaitent témoigner et aller voir la police, dire tout ce qu'on m'a fait. Mais sont encore très effrayées ! Elles acceptent de le faire à la condition que nous puissions fuir le plus loin possible et le plus vite possible si nécessaire. Elles sont terrorisée par le gourou et pensent que si je porte plainte, il viendra me punir et me tuer. Il faut donc trouver un moyen de fuir. Ce moyen c'est la tiny. Elles oublient que le gourou est vieux, que je suis une adulte, que je peux porter plainte contre lui si il me menace, et que l'on est bien plus en sécurité derrière une porte fermée à clé dans une maison que dans une boite de conserve au fin fond des bois... Mais lorsqu'elles sont au "premier plan", la seule façon pour elles de survivre après avoir témoigné est de fuir le plus loin possible pour que jamais on ne puisse me rattraper.
Tous ces besoins, ces envies, ces objectifs sont en lien avec mes traumas mais pas que. D'une certaine façon ils sont "perdus dans le passé" et pas tout à fait objectifs sur ce qu'il se passe dans mon présent et la réalité matérielle et financière de ce qu'est être une maman, une adulte. Mais ceux sont aussi des objectifs lié à mon futur, ce que je souhaite faire de ma vie, des désirs et pensées indépendantes de ce que j'ai vécu. J'aime voyager, j'aime la nature, j'aime la vie simple. L'environnement est important pour moi. Ce mode de vie simple, ramené à l'essentiel me plaît bien. Grâce à cette tiny, je pourrais reprendre éventuellement des études en alternance et pourquoi pas devenir psy. Je pourrais aller rendre visite à des amis sans être handicapée par certains blocages que je fais. Je pourrais profiter de la nature et aider mes parties qui bloquent mes sorties dehors à se sentir en sécurité.
D'autres voient cette tiny comme un moyen de se couper du monde et ne plus dépendre de personne, vivre en ermite au fond des bois. Mais dans ces cas là, je n'ai aucune conscience de l'argent, l'eau, l'électricité qui me sera nécessaire... Tout cela est totalement absent de ma réflexion...
Chacune des décisions que je prends, des actions que j'arrive à mener à terme sont le fruit de grosses batailles et de bras de fer intérieurs. C'est le fruit de compromis allant vers plusieurs objectifs qui se rassemblent, pas pour les mêmes raisons ou envies, pas pour les mêmes objectifs ni visions du monde.
Tout cela pour vous faire comprendre la différence entre un TDI et un TSPT. Et le travail titanesque qu'il me reste à faire pour lisser et harmoniser intérieurement mes besoins, mes envies, mes objectifs de vie futur et mes relations aux autres... Intégrer mes souffrances et mon vécu mais aussi et surtout tomber d'accord et voir le monde de la même façon intérieurement.
J'ai donc trois objectifs sur lesquels nous sommes à peu prêt d'accord pour cette année.
Me concentrer sur ma thérapie et tester le propranolol pour voir si cela améliore mon quotidien et si cela diminue mes ressentis douloureux et mes amnésies. Si cela ne fonctionne pas chercher et lire pour trouver vers quoi d'autre m'orienter en terme de type de soins psychologiques.
Continuer à avancer vers mes objectif de porter plainte devant la justice et de témoigner.
Faire cette tiny en acceptant plusieurs compromis entre mes parties et continuer à vivre dans mon appartement et chez mon copain. Accepter que nous ne sommes pas d'accord, accepter la présence très forte ces temps ci de mes parties qui se sentent adolescentes et ont du mal avec mon rôle de mère et d'adulte avec des attaches et des responsabilités. Accepter d'écouter leurs besoins, leurs envies, leurs craintes. Les laisser agir dans mon quotidien sans me sentir honteuse ou en colère contre elles. Accepter que ces besoins, ces pensées font partie de moi et que j'ai le droit dans une certaine mesure de les ressentir et de m'y plier, m'autoriser pour une fois à penser à moi, à avoir des rêves, des espoirs, des envies, des besoins sans passer après les autres (mon copain, mes filles, ma famille, mes proches...). Ne plus culpabiliser ou ressentir de la honte. Je garde mon appartement, on installe une partie de nos affaires chez mon copain et je me fais un lieu à moi et pour moi uniquement. Chaque partie obtient ainsi ce qu'elle souhaite.
Pff quel merdier !! Si seulement cela pouvait être plus simple ! Si seulement d'un coup de baguette magique, mon TDI pouvait disparaître !!!
Je voudrais tant faire disparaître tout cela, repartir sur une page blanche et être libre de vivre ma vie comme je l'entends sans conflits, sans objectifs différents, sans souffrance... Je voudrais tant être libre ! Libérée de mon passé !
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