Depuis 1 semaine, un gros conflit oppose mes parties.
Je cherche à vous faire comprendre ce qu'est vivre dans ma tête et mon corps...
Voici une vidéo qui vous montrera assez explicitement ce qu'est être dans mes baskets lorsqu'il y a conflit intérieur :
Le film "inside" n'est pas un bon film pour parler des TDI car encore une fois, le cinéma nous fait passer pour des psychopathes ou des tueurs en série, ce que nous ne sommes absolument pas !! Mais cette scène est assez intéressante.
On y voit le héros et ses différentes parties dissociatives, on y voit à quel point parfois cela peut être bruyant dans notre tête...
Avec ma psy, vendredi dernier, nous avons travaillé certains aspect de mes traumas liés à mes parties très jeunes, le fait que mes violeurs m'ont menti et que aujourd'hui encore, certaines de mes parties petites croient toujours que ce qu'ils m'ont dit est vrai. Des croyances telles que le fait que mes violeurs puissent savoir que je parle de ce qu'ils m'ont fait et qu'ils puissent me tuer si je désobéi à la loi du silence, le fait qu'ils ont des "pouvoirs" et peuvent commander à Dieu et que je sois punie par lui, le fait qu'il y a une bête à l'intérieur de moi, le diable, le mal...
Depuis, j'ai passé une semaine atroce avec énormément de switchs très très envahissants.
Mes journées étaient morcelées et très difficiles à vivre.
Beaucoup de parties en colères pour différentes raisons venaient et je ressentais la rage et la colère physiquement. Cela pouvait être de la rage en comprenant les mensonges et en voulant que toutes les autres parties ouvrent enfin les yeux ou de la rage contre mon entourage et la société et l'envie de hurler et maudire tout le monde et tout envoyer péter accompagné de désespoir, l'envie de tout stopper car se battre ne sert à rien puisque encore aujourd'hui malgré des preuves évidentes, rien ne change et les gens refusent toujours de protéger, croire, écouter, agir... L'impression de devoir me couper de tous mes proches car en fait aucun n'est capable de comprendre. Le sentiment immense de solitude et d'abandon.
J'ai depuis beaucoup de partie qui ont peur que l'on aborde ces points des mensonges que l'on m'a fait et les fausses croyances que j'ai encore et qui luttent en essayant par diverses façons de s'y opposer.
J'ai des parties dont le but est de m'empêcher de dire, de savoir pour me protéger. Et nous touchons actuellement dans ma thérapie à des "nœuds" qui me permettrons de beaucoup avancer sur ce point.
Je sens depuis une semaine le désaccord de mes parties. Dois-je avancer ? Dois-je ne rien savoir et continuer à vivre ainsi avec mes amnésies ?
J'ai juste l'impression d'être coincée dans un corps-torture, un corps, une enveloppe de laquelle je ne peux m'extraire avec l'impression de n'être que de la chaire à vif piquée en permanence de mille aiguilles ou poignards, lacérée de toutes parts, à vif...
Et je ne fais que switcher. Je SUIS colère, je SUIS désespoir, je SUIS douleur et rien d'autre n'existe. Il n'y a pas de présent, pas de passé, pas de futur. Je ne suis plus capable de le voir ou y penser. Je ne suis que cette douleur, ces ressentis physiques, ces pensées liés à cette partie dissociative de moi qui vient au premier plan et partage avec moi.
C'est très épuisant et effrayant de ressentir cela ! Ce qui fait le plus peur et est le plus difficile à vivre c'est ces changements très rapides.
Je suis en colère, je ne pense que des choses liées à cette colère et la minute d'après je ne sais plus rien de cette colère mais je suis du désespoir et je ne sais plus rien de mon présent. Je n'ai pas d'enfants, je n'ai pas d'espoir, je suis juste ce désespoir immense qui m'engloutie. Puis la minute d'après, je ne sais plus rien, je suis bien, tout va bien, je sourie, la vie est belle, tout va bien je suis en sécurité. Puis à nouveau je switch, je n'en peux plus, je veux fuir, je ne suis bien nul part, il faut que je fuie ! Puis je switch, je dois aller au travail, je pense à ce que j'ai à faire pour mon patron, puis à nouveau je switch, j'ai peur, je ne sais pas où je suis, ce que je dois faire, j'ai peur, je suis perdue, puis encore un switch, colère contre moi, pourquoi suis je empêchée, j'en ai marre de ces parties, j'en peux plus, je dois trouver une solution, faire en sorte d'être libérée.... Ainsi toute la journée...
Mes parties contrôles ont une tâche très difficile à assumer. Elles doivent gérer une vue d'ensemble et un but commun me sauver et me protéger. Comme toutes mes autres parties bien sûr mais la différence est que mes parties contrôles ont la capacité d'avoir "un coup d'avance" contrairement à beaucoup d'autres parties, d'avoir la capacité d'imaginer et trouver ce dont chacune de mes parties a besoin pour se libérer et enfin avancer en lâchant ce fardeau qu'elle porte depuis toutes ces années.
Comment vous l'expliquer ?
Mettons que mon cerveau, ma personnalité est un échiquier.
Dans un jeu d'échec,
Le pion se déplace droit devant lui, d'une seule case sans jamais pouvoir reculer (mes parties petites bloquées dans ce qu'elles ont vécu, les suicidaires)
La tour, le fou et la dame peuvent se déplacer de plusieurs cases en un seul coup, en ligne droite, tant qu'elles ne sont pas limitées par l'espace infranchissable d'une autre pièce (mes parties observatrices, colères, protectrices, celles qui testent ou provoquent pour savoir si mon entourage est sain ou dangereux, les aguicheuses et putes, la servante...).
Le cavalier est la seule pièce "sauteuse", il "bondit" directement sur sa case d'arrivée en se faufilant entre les pièces (mes parties contrôles).
Le roi se déplace d'une seule case dans n'importe quelle direction (ma partie avec le manteau bleu qui protège, rassure et fait ressentir l'amour)
La capacité de mes parties dissociatives est un peu identique.
Certaines ont une grande marge de manœuvre, elle peuvent sauter par dessus les croyances et peurs de mes parties et avancer malgré tout.
D'autres peuvent avancer mais si elles rencontrent un obstacle, une partie qui les bloque avec ses peurs, elles ne peuvent plus bouger.
Et certaines parties ne peuvent avancer que tout doucement, un obstacle après l'autre...
Certaines voient l'ensemble de l'échiquier, elles voient que ma vie a changé et elle préparent l'action suivante pour gagner ma bataille vers la vie, la paix et le bonheur. D'autres sont toutes à leur bataille et ne voient pas au delà de la ligne de combat, elles ne voient pas tout ce qu'il faut changer encore en moi pour me libérer de mon passé, elles ne voient pas les luttes à mener dans le futur, tout ce qu'il y a à modifier encore intérieurement... Et d'autres sont juste dans une avancée droit devant, un pas lourd et douloureux à la fois sans que rien d'autre autour n'existe...
Beaucoup de parties luttent car cela revient à devoir accepter de changer leur mode de fonctionnement.
Quand j'étais petite, le gourou m'avait emmenée en voyage avec sa famille à l'étranger. Un soir, dans l'un des pays où nous étions, une petite voisine a été mortellement touchée par la foudre dans la cour juste à côté de où nous étions. Le gourou m'a dit que Dieu lui obéissait et que si je me refusais à lui, si je parlais, il demanderait à Dieu de me punir comme il avait puni cette petite fille. Cette partie dissociative de moi qui a du faire face au gourou ce jour là, porte toujours en elle cette croyance que si je m'oppose, si je parle, je serai foudroyée par Dieu. Elle a donc pris ce rôle dans mon système, faire en sorte de m'empêcher de parler et m'opposer car si non je mourrai foudroyée.
Changer sa croyance revient à lui faire accepter qu'elle a été trompée, que son rôle de protection qu'elle a tenu toute ma vie n'est "pas bon", qu'elle ne sert plus à "rien", qu'elle a cru un homme menteur... Elle croyait bien faire, elle croyait me protéger... C'est très difficile pour chacune de mes parties de comprendre que ce qu'elles croient et comment elles me protègent n'est plus adapté. C'est très douloureux, très culpabilisant aussi. A l'époque je n'avais pas le choix. J'étais une enfant. Une enfant croit ce qu'on lui dit. Tous les adultes autour de moi croyaient en Dieu et croyaient à la punition divine, le diable, les anges... Je dois accepter tout cela, me pardonner et remettre les choses dans leur contexte. J'étais une enfant, personne ne me protégeait.
Tout cela terrorise, est très culpabilisant, met en colère... Il y a donc beaucoup de peurs et de réticences à ce que mes parties comprennent qu'on leur a menti. Elles ont peur de ne plus avoir d'utilité dans mon système, de ne plus y trouver leur place, que d'autres parties leurs reprochent leurs mécanismes de protections... Elles croyaient bien faire. Elle ont bien fait à l'époque, elles n'avaient pas d'autres choix... Mais à présent il leur est très difficile de changer.
Mes avancées sont toujours ainsi : un grand bazar, beaucoup de luttes puis une grande avancée vers du mieux être, du mieux vivre...
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