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10/07/2020 Parties provocatrices et méfiantes.

Dernière mise à jour : 5 août 2020



Je commence à y voir plus clair et à me sentir mieux après 3 semaines assez compliquées pour moi.


L'intégration dans mon système de nouvelles parties s'est déroulé ainsi à chaque fois.

Je me mets à ressentir et être des choses et des manières d'être qui me semblent étrangères à qui je suis. Cela m'envahit. Me submerge. Je suis bouleversée, je ne comprends rien. Beaucoup de conflits et d'incompréhensions intérieures... Puis je m'y confronte. J'apprends à accepter ces ressentis et pensées comme étant légitimes, je deviens plus tolérante vis à vis de moi-même ou des autres. Et enfin j'accepte de reconnaître que cela fait aussi partie de moi, que j'ai le droit de le penser ou ressentir et je l'accueille.

Et la paix et le calme reviennent. Le dialogue reprends et mon fonctionnement au quotidien s'améliore, s'enrichit. Je deviens plus entière.


J'ai ces parties très provocatrices, en colère, suspicieuses et méfiantes qui sont devenues plus présentes dans mon quotidien depuis 3 semaines.

Je suis quelqu'un en général qui donne sa confiance très rapidement, toujours très politiquement correcte, bien élevée, douce et calme...

Je me suis mise à douter de ma psy, de ma sœur, de toutes les personnes autour de moi. Systématiquement, lors de mes échanges avec les gens autour de moi, les conversations étaient morcelées et je me focalisais uniquement sur un mot, une phrase dite, sortie de son contexte.


Par exemple, ma psy me dit qu'elle échange avec d'autres professionnels sur la dissociation, j'en déduit que les psys ont un réseau d'information et de formations. Qu'ils cachent des informations et gardent leur savoir jalousement au lieu de nous aider. Et je lui reproche et leur reproche toutes ces heures perdues sur internet à chercher les articles scientifiques sur la dissociation, les livres, les films. Je me sens jugée, rejetée et rabaissée au statut de "malade". Je suis en colère de ne pas trouver ce "groupe d'échange" "parfait et idéal" que je recherche. Un groupe où des gens comme moi partageraient leurs trouvailles et où uniquement les" bons supports" seraient mis en avant. J'en oublie le fait que les gens peuvent avoir des opinions différentes, des points de vues différents. Et j'occulte complètement le fait que ma psy m'ait dit aussi que ce groupe auquel elle fait référence est en fait un système de soutient entre psy, une sorte de supervision et n'est pas un lieu où ils se donnent des supports mais plutôt partagent leurs expériences et leurs difficultés avec leurs patients pour s’entraider.


Lors d'une séance avec ma psy, l'une de mes parties lui explique que "le sabotage des papiers" pour la démarche que j'ai faite a été fait délibérément par cette partie et lui en explique la raison. Ma psy parle à d'autres parties qui n'étaient pas présentes et n'ont pas eu cette information. Ma psy me répète que ce "sabotage" a été fait par une partie. Je me mets à me méfier d'elle. Je pense qu'elle cherche à semer la zizanie à l'intérieur de moi et veut monter mes parties l'une contre l'autre... J'oublie, je refuse d'entendre ce qu'elle m'explique. Je dois me méfier d'elle.


Je passe mon temps à être en demande affective avec elle puis à lui reprocher cette dépendance. Si elle se montre "froide et distante", c'est un monstre, je dois me méfier d'elle. Si elle est compatissante et compréhensive, c'est un monstre, je dois me méfier d'elle.


Je suis dans la provocation. En permanence. Cherchant à la faire sortir de ses gonds. Cherchant le faux pas qui permettra de prouver que je suis seule et abandonnée, que cette thérapie ne sert à rien et qu'aucun espoir n'existe.


Une campagne a lieu sur les réseaux sociaux en ce moment, où les victimes se prennent en photo avec une pancarte mentionnant l'âge où a eu lieu leurs viols et un hashtag stop déni, stop prescription, reconnaissance de l'amnésie traumatique, mise en place d'un seuil d'âge de non consentement... Des parties demandent à ma psy ce qu'elle en pense si j'y participe. Nous en discutons et mes parties conviennent que je ne suis pas encore prête à témoigner publiquement et que certaines d'entre elles seraient très angoissées et terrorisées de faire cela et se sentiraient en danger. Mes parties provocatrices ne retiennent qu'une chose de la conversation : ma psy refuse que j'y participe, elle est du côté de l'impunité de mes violeurs. Je ne dois pas avoir confiance en elle. Elle cherche à me contrôler.


Des parties de moi veulent porter plainte contre mon ex mari pour viol et violence conjugale. J'en discute en séance avec ma psy. Beaucoup de parties se succèdent et donnent leur point de vue. Nous racontons les violences subies. Mes parties mamans expliquent qu'elles ne veulent pas le faire car cela détruirait mes filles. Malgré tout le mal qu'il m'a fait, il est affectueux avec ses filles et prend soin d'elles et il participe à leur "bien être et leur équilibre". Elles ont besoin d'un père. D'autres parties expliquent leur colère contre mes filles, trouvant injuste qu'elles puissent avoir de l'affection pour lui, trouvant injuste qu'on ne puisse pas tout leur expliquer sur ce que nous avons vécu. Leur reprochant de m'empêcher de porter plainte. D'autres parties disent que nous devons nous concentrer sur notre guérison et aller mieux dans notre quotidien. Que la justice des hommes n'apportera pas la paix et que cette justice est souvent injuste et pleine de désillusion. Que ce que nous avons vécu ne sera pas forcément cru et reconnu et que là n'est pas notre objectif principal de guérison. Des parties portant les souvenirs des viols hurlent leur haine et leur colère. Elles veulent justice, elles veulent tous les faire "payer". Elles veulent aller à la police, là, maintenant ! Je raconte les viols conjugaux expliquant que parfois je criais, parfois je me débattais mais que parfois aussi je n'étais qu'une planche de bois, je ne bougeais pas, ne disais rien... Ma psy dit à un moment donné que ce genre de viols conjugaux est extrêmement répandu et courant, banalisé dans la société, que beaucoup d'hommes ne perçoivent pas une inaction et une passivité comme étant un non consentement. Mes parties ne retiennent qu'une chose : elle minimise et excuse ce que j'ai vécu et ce qu'on m'a fait. Elle est du côté des violeurs. Je ne peux pas lui faire confiance.


Je me mets à mettre ma psy et ma sœur "en compétition". Je demande son avis à l'une puis à l'autre et si leurs avis diffèrent j'en déduis qu'une des deux ment, une des deux cherche à me manipuler et me monter contre l'autre... Donc que je ne peux avoir confiance en personne.


J'ai énormément de moments où ma vision est tronquée, biaisée. En séance, j'ai des moments où des parties viennent et ne reconnaissent ni ma psy ni son cabinet. Tout me semble étranger. Je recommence à mélanger ma psy avec la femme de mon violeur principal. Je vois la couleur de ses yeux comme un indicateur qu'elle ressemble à cette femme monstrueuse de mon passé et ma méfiance se met à augmenter. J'ai besoin que ma psy me montre que ses yeux ne sont pas ceux de cette femme abjecte pour me rassurer. Ils n'ont pas du tout la même couleur !


J'ai beaucoup de moments où je ne reconnais plus rien de mon environnement et des gens qui m'entourent comme si tout était nouveau pour moi. Je suis envahie par la terreur, l'angoisse. Je suis perdue.


J'ai beaucoup de piques de colères intérieurs, l'impression d'être incomprise, seule à nouveau.


J'ai beaucoup de flash-backs. Mon corps devient alors un ennemi. Un lieu de souffrance insupportable...


La présence devant de mes différentes parties était très morcelée. Je n'ai que des bribes d'informations et je passe mes journées à analyser et repasser cet événement en boucle dans ma tête, faisant monter en moi le désespoir, la terreur ou la colère...


Pendant ces 3 semaines, ma psy a été formidable ! Elle a dialogué, accueilli mes nouvelles parties, aidé à la reprise du dialogue intérieur... Elle expliqué et clarifié chaque point délicat et conflictuel. Elle a su rassurer, entourer de sa bienveillance mes parties en demande affective et en même temps reposer les limites et règles saines nécessaires à la thérapie. Elle ne m'a pas rejeté ni reproché mes manières d'être, mes provocations... Elle a cherché à comprendre, à dialoguer...


Elle m'a accepté telle que je suis. Mes ressentis et pensées sont acceptables, elles ont une raison d'être légitime. J'ai le droit de me méfier et d'être sur mes gardes. J'ai le droit d'être en colère. J'ai le droit de haïr. J'ai donc pu petit à petit envisager que j'avais le droit d'être ainsi, d'agir ainsi. Que ce que je ressentais et pensais n'était pas mal ni mauvais. J'ai pu petit à petit essayer de comprendre les raisons de mes agissements, ce qui en était la cause, la logique.


A présent, je me sens plus calme et en paix.

Mes parties provocatrices et en colères sont bénéfiques.

Ceux sont elles qui m'ont aidé tout au long de ma vie à voir si je pouvais avoir confiance en ceux qui m'entouraient. Elles m'aident à tester le lien qui me lie aux autres. Voir que l'on peut être aimé et respecté même si on a un point de vue différent de l'autre. Voir et tester si la personne est manipulatrice ou non, si elle saura garder la bonne distance ou si au contraire elle en profitera et deviendra un "gourou". Elles savent exprimer tout haut les incompréhensions de mes autres parties et aident à faire clarifier ce que nous percevons. Elles aident beaucoup à voir les incohérences intérieurs et m'aident à comprendre quand je n'ai pas une vision claire et entière de la réalité de mon ici et maintenant. Elles aident à unifier les points de vues et amorcent le dialogue entre mes différentes parties.


Cela ne se fait pas dans la paix et le calme pour l'instant mais cela m'aide tout de même à en prendre conscience de façon plus rapide et m'oblige à traiter le problème dès son apparition...

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