Semaine difficile... Je dois fonctionner à nouveau en "mono mode", être soit mes "parties maman", soit mes "parties travail".
L'une de mes filles a un passage difficile et a besoin de moi, de sa maman.
J'ai donc dû mettre de côté mes avancées dans ma thérapie et être là pour elle, l'entourer, l'écouter...
Je suis obligée de fonctionner ainsi, en me coupant à nouveau de certaines de mes parties dissociatives.
Pour plusieurs raisons :
Car j'ai dû échanger avec son école et échanger avec d'autres professionnels pour qu'ils l'aident.
Lors de ces échanges, j'ai des parties dissociatives qui pourraient si je ne contrôle pas qui vient :
-pleurer et demander de l'aide, car elles s'identifient à ma fille.
-ou exprimer une certaine forme de jalousie ou un sentiment d'injustice car ma fille bénéficie d'une écoute à laquelle je n'ai pas eu droit. Mes parties pourraient exprimer des choses négatives que les professionnels ne comprendraient pas...
Cette situation créé des conflits internes en moi.
Certaines de mes parties dissociatives ados font des réflexions dans ma tête (que je ne dis pas et ne montre pas, mais que j'entends dans ma tête) :
-"mais quelle couille molle!",
-"qu'est ce que ma fille a vécu de difficile? Pourquoi elle se met dans cet état alors que sa vie comparée à la mienne est si facile? Elle a été protégée elle. Elle est écoutée elle."
-"heureusement qu'on l'a protégée, elle est tellement faible qu'elle aurait jamais survécu à ce qu'on a vécu".
Certaines de mes parties ados ont du mal à comprendre que mes filles sont encore des enfants et que ce que moi j'ai vécu n'était pas normal. Parfois, il m'arrive de ressentir de la colère envers mes puces, l'envie de les secouer, de leur dire de s'endurcir car le monde est tellement dure....
Je ne laisse jamais ces parties s'exprimer ou agir. Mais je ressens leurs sentiments, leurs émotions, leurs pensées et croyances en moi. Petit à petit, j'essaie de leurs faire comprendre ce qu'est être mère, et de réparer d'une certaine façon mes blessures d'attachement par ma propre façon d'être mère avec mes filles.
Mais cela n'empêche pas le réveil de mes blessures, ma colère, mon sentiment d'injustice... Car elles ont ce que moi je n'ai pas eu... Et parfois c'est douloureux pour mes parties dissociatives enfants et ados.
Je pense aussi que certaines de mes parties ados, la colère qu'elles ressentent est en fait de la peur, des inquiétudes de maman. Ces parties dissociatives voudraient parfois appliquer dans l'éducation de mes filles leurs propre mode de fonctionnement, de protection qu'elles ont mis en place pour me sauver. Pour elles, il ne faut pas pleurer, pas se plaindre, pas exprimer ses faiblesses, ses difficultés... Car c'est dangereux. Il faut être forte, invincible, avancer coûte que coûte et ne rien laisser paraître. Même si elles expriment intérieurement de la colère en fait elles sont très attachées à mes filles et cherchent à les aider, les protéger comme elles le font avec moi.
D'autres parties sont en colère car une nouvelle fois, je dois mettre de côte mon propre bien-être pour mes filles, passer en second. Et je les entends râler dans ma tête : "à nous maintenant, c'est notre tour, on a assez attendu. On souffre et tu préfères t'occuper de tes filles plutôt que de nous. Tu t'en fous de nous. Nous on n'existe pas." Et j'entends des pleurs, je ressens de la tristesse et un sentiment très fort d'abandon, de solitude et de désespoir. Mes filles ayant grandis, étant moins dépendantes de moi, ces dernières années, je me suis autorisée à m'accorder du temps pour moi. Avant, je répondais à leurs besoins, m'oubliant. Et ces derniers temps j'avais réussi à concilier les deux. Ne pas toujours répondre immédiatement à leurs demandes, déléguer, leur demander de participer, parfois dire non car je sentais que j'étais trop fatiguée et que j'avais besoin de repos et de m'écouter....
J'ai aussi pris beaucoup de temps pour (en contrôlant tout de même ) laisser certaines de mes parties ados ou enfants venir et vivre des moments, partager des instants avec mes filles. Ça pouvait être lors d'une promenade, une sortie, un jeu, des instants de rires, des échanges de blagues, des discussions sur l'avenir, les rêves de voyage... Grâce à cela j'ai eu beaucoup moins de moments dans mon quotidien où certaines parties dissociatives étaient dans le rejet. Elles pouvaient parfois hurler dans ma tête "c'est pas à moi, je suis pas mère, je suis une enfant, une enfant c'est pas maman, je veux pas"... J'avais ainsi beaucoup moins de moments de conflits internes lorsque je passais du temps avec mes puces. Certaines parties commençaient même à apprécier ces moments d'échanges, à ressentir de la fierté d'être mère et apprécier les qualités de mes filles.
Du coup c'est assez frustrant pour beaucoup de repasser dans un fonctionnement où je suis uniquement maman quand je suis avec elles. C'est un retour en arrière alors qu'on avait franchi tellement d'étapes et ça faisait tellement de bien cette possibilité de me sentir moi, entièrement, sans devoir me cacher ou me taire....
D'autres parties qui ont du mal à comprendre la différence entre mon passé et mon présent identifient mes filles à mon agresseur, à sa famille, à la secte. J'entends alors dans ma tête des choses comme :"elles sont avec eux, elles sont eux, elles veulent me faire taire comme eux, elles veulent me manipuler, elles font semblant et tu tombes dans le piège, tu leurs obéis..."
Je ne les laisse évidemment jamais s'exprimer et agir en présence de mes filles. Mais il n'empêche qu'elles sont là et ont beaucoup de mal à ne pas faire d'amalgame. Les pieds d'une de mes filles, la couleur de ses yeux me font penser à la femme d'un de mes agresseurs. Ceux sont des déclencheurs pour cette partie qui peut voir en filigrane cette femme qui m'a fait beaucoup de mal. En thérapie, j'essaie de travailler cela, je laisse ces parties sortir et s'exprimer avec ma psychiatre. Petit à petit elles ont fini par entendre que mon présent, mes filles sont différentes de mon passé. Mais dès que dans mon présent, des conflits mère-fille apparaissent, elles se remettent à faire des amalgames... C'est difficile pour moi.
Entendre leur souffrance, l'accueillir c'est difficile!!! Douloureux! Surtout pour mes parties maman qui aiment tant mes filles! Et ma patience est mise à rude épreuve aussi car ces parties ados sont très fortes, combatives, têtues... Du coup discuter n'est pas évident car discuter avec une ado revêche cela peut-être énervant, frustrant, blessant... Et elles ne changent d'avis et de croyances pas rapidement ni facilement...
Jusqu'à présent, quand je le pouvais et que c'était sans danger, je laissais mes parties dissociatives être présentes lors de moments privilégiés.
Au niveau éducation, relation mère fille, attachement, nous ne sommes pas toutes d'accord à l'intérieur. La plupart du temps, on fait des compromis internes et lorsqu'on ne trouve pas d'accord, on fait un "coup d'état", la "démocratie" est mise de côté et mes parties maman reprennent leur rôle et gèrent.
Mais sur le long terme, ce n'est pas la solution pour moi!!!
Comme je l'ai déjà dit plein de fois, ce qui m'a aidé et m'aide le plus, c'est pouvoir laisser s'exprimer toutes mes parties dissociatives. Parfois, certaines parties ont besoin bien évidemment d'un temps de "préparation" ou "d'acclimatation" dans un lieu sûr comme en thérapie avant de pouvoir venir dans mon quotidien. Un temps de discussion pour qu'elles s'apaisent et puissent interagir dans mon présent avec des réactions appropriées et adaptées. Mais c'est vraiment ce qui me fait le plus avancer, ce qui répare aussi ma psyché blessée.
Pour l'instant c'est ainsi. Je ne peux pas faire autrement. Mais c'est très frustrant !!!
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