Pour moi, la dissociation est un moyen que le cerveau trouve pour rester "humain" et garder sa capacité à éprouver des émotions et sentiments "positifs".
Dans le cas d'un TSPT, la personne aura une dissociation qui "met de côté " ce qu'elle a vécu d'inhumain (le cerveau ne parvenant pas à l'intégrer dans sa mémoire autobiographique) pour parvenir à continuer à vivre malgré ce qu'il ou elle a vécu.
Et dans le cas d'une dissociation de type TSPT Complexe ou TDI, la personne va développer des "parties dissociatives" ayant chacune une fonction de sauvegarde, une manière d'agir liée aux traumas vécus pour faire en sorte que l'enfant puis l'adulte puisse continuer à espérer, chercher de l'aide, rire, aimer, apprendre malgré l'omniprésence des violences dans son quotidien.
Pour moi, un autre terme devrait être créé, inventé pour la "dissociation" qui peut-être se joue dans la psychopathie et les auteurs de violences.
Je vois la dissociation comme un mécanisme permettant de garder son humanité. Sa propre humanité et la capacité de percevoir l'humanité chez l'autre. Tandis que dans le cas des auteurs de violences c'est une "dissociation" qui se coupe de l'humanité avec une coupure de ses propres ressentis "negatifs" qui se transforment en jouissances de détruire l'autre et une coupure envers l'humanité de l'autre, ils ne se mettent pas à la place de leur victime et se fichent de ce qu'elles ressentent.
Dans un cas pour moi, la dissociation est présente dans un but de sauvegarde, de protection et de survie, dans l'autre, la dissociation est destructrice, une histoire d'écrasement et de pouvoir.
Si des pros ou d'autres personnes dissociées ont un avis là dessus ça m'intéresserait d'échanger....
Ps: lorsque je parle d'auteurs de violences, je ne mets évidemment pas les victimes mineurs qui reproduisent ce qu'on leur fait pour appeler à l'aide ni les victimes qui sont forcés par leurs bourreaux de faire du mal à d'autres victimes. Je parle là, d'adultes qui sans contraintes ou menaces agressent d'autres personnes.
Tout ceci n'est que ma propre réflexion et mon propre ressenti au regard de ce que je vie intérieurement en tant que TDI et de la manière dont j'analyse mon vécu intérieur. Je ne suis pas une professionnelle et mon questionnement n'a donc pas valeur de certitude ou preuve. C'est juste un questionnement.
Par cette publication, je voudrais juste souligner le fait que chaque jour, je me bats pour guérir, stopper le cycle des violences dans ma famille et dans mon quotidien. Mon choix de fonctionnement, mon chemin de vie est différent de celui des agresseurs. Et il m'est très douloureux que les professionnels et la société en général n'utilisent pas de terme différents entre la dissociation des auteurs de violences et la mienne. J'aimerais juste souligner ce fait. Je choisis chaque jour de me soigner, depuis des années, je cherche à ne pas reproduire ce qu'on m'a fait, ne pas me fermer aux autres, être capable d'avoir des relations sexuelles saines avec mon copain, être une mère "suffisamment bonne", créer des liens d'amitié. .. et je trouve cela injuste que ce combat que je mène qui est un choix difficile et douloureux qui me demande une énergie considérable, une force de persévérance et de courage immense ne soit pas différencié de celui de mes agresseurs....
Les noms ont une importance, et je trouve injuste que mon TDI, ma dissociation tout ce que j'ai mis en place pour survivre, être capable d'aimer, être capable de me mettre à la place des autres, de ressentir... que tout cela soit mis sous le terme "fourre tout " dissociation ou TDI. Je ne fonctionne pas comme mes agresseurs! Je ne suis pas eux! Et je trouve que cela devrait être pris en compte !
Mon courage et ma volonté de m'en sortir, les choix de fonctionnement que je fais devraient être mis en avant.
Comment en tant que victime puis je demander justice à la société pour ce que mes agresseurs m'ont fait si cette même société ne fait pas de distinction entre mon fonctionnement, mes agissements et le leurs dans ses termes utilisés pour qualifier nos cerveaux, nos fonctionnements?
Autre point important :
La majorité des victimes de viols selon les études sont des femmes ou des filles. Donc logiquement si c'était une question de dissociation pour passer à l'acte alors les femmes ou filles devraient représenter de façon majoritaire la proportion d'agresseur... donc c'est bien que autre chose entre en compte non ? Cela pourrait être "patriarcat" ou "culture du viol" mais si on le rapporte à des critères diagnostiques d'un trouble psychiatrique, il y a bien un paramètre qui diffère, quelque chose dans la dissociation qui est différente entre les agresseurs et nous...
Les psychologues ou psychiatres formés pour intervenir avec une personne avec un TDI parlent aussi de "parties imitatrices d'agresseurs ou hostiles" présentent au sein du système dissociatif.
Dans leur façon de faire, lorsqu'ils interviennent en thérapie, ils ont tendance à gronder, sermonner et interdire leurs actions à ces parties dissociatives.
Voilà ce que je sens dedans lorsqu'ils interviennent de cette façon : -des parties petites qui "jubilent " parce que ces parties qui les ont "persécutés" et leur ont fait peur sont critiquées. -de la honte et le sentiment d'être mauvaise et d'avoir mal agit et ça réactive le souvenir du repos dans l'esprit (une sorte de séance d'exorcisme qu'on m'a fait) et ce que le gourou m'a dit à ce moment là, ça renforce ses paroles. -de la honte car cette vision renforce l'impression que je dois lutter contre une petite fille colérique en moi, je me sens ridicule et j'éprouve de la colère envers moi-même et de la honte. Ça renforce ma peur de montrer mes parties petites ou colériques toutes ces manières d'être qui m'étaient interdites dans la secte. -de la colère avec l'impression d'avoir quelque chose en moi qui est mauvais, que j'ai des agissements mauvais et à stopper et on est en colère et cela éveille aussi de la suspicion interne, puis je avoir confiance en moi? Est ce que j'ai des parties dont je dois me méfier ? Et cela remet en boucle mon inquiétude et ma suspicion lors de mes amnésies dans mon présent. Est ce que des parties veulent me saboter ? Peut-être qu'elles ont fait quelque chose de mal pendant mon amnésie... Peut-être que je suis comme mes bourreaux... -et ça réactive mes parties petites qui comprennent que le gourou en me violant ,avec son sperme a laissé des mini lui en moi, j'ai mon agresseur en moi. Ça dégoûte, ça me fait me sentir sale. Ça réactive mes parties dépressives qui pensent qu'on ne pourra jamais lui échapper puisqu'il a réussi à entrer jusque dans notre tête alors qu'on s'est tant battu pour que ce ne soit pas le cas... du coup ça revient à dire que créer toutes ces parties n'a servi à rien, ça ne m'a pas sauvée.... et ça réactive des parties qui ont cru qu'il pouvait tout savoir, tout voir... ça renforce la croyance qu'il est tout puissant, que dieu lui obéi, qu'il sait tout... et des parties sont angoissées car elles continuent à croire que le gourou sait tout et elles ont peur... -et cela réactive nos conflits en général... comment les laisser venir et participer si leur venue génère tant d'émotions négatives et insupportables ? Comment être tolérante et à l'écoute du pourquoi de leurs agissements quand ça éveille en moi honte, culpabilité, colère, désespoir, et sentiments d'être salie et mauvaise...? Je me rends compte que je "critique" et remets en cause et que je n'apporte pas de solution... je n'en ai pas. Je ne sais pas comment les amener à coopérer et dialoguer. Mais c'est ce que je ressens face à cette façon de faire et je sens que cela ne m'aide pas. Après peut-être est ce un "passage obligé ". Peut-être que j'ai vraiment des parties "hostiles et imitatrices d'agresseurs " et qu'il m'est nécessaire de m'y confronter ainsi? Mais ça me gêne. Je n'aime pas voir le fonctionnement de mon cerveau comme négatif. Je veux le voir comme quelque chose de merveilleusement ingénieux et positif pour survivre au pire. J'ai besoin de le voir ainsi pour m'accepter être en paix avec moi-même cesser de me reprocher ce que j'ai vécu et nous assembler au lieu de continuer à nous dissocier. Il y a eu tellement de conflits en moi que je ne veux pas me soigner en générant moi même des conflits pour cela. Je ne trouve pas cela logique. Il reste à trouver comment les amener à me faire confiance et faire confiance à mon entourage. Et je n'ai pas de réponse.
Comments