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J'ai grandis, je suis née dans une secte. Dans cette secte, on n'avait pas le droit de critiquer, de penser, de remettre en cause, de poser des questions...
Il est donc très important pour moi d'utiliser ce droit que j'ai durement acquis au prix de beaucoup de luttes internes. J'ai besoin de comprendre. J'ai besoin de chercher et trouver par moi-même.
Et il est difficile pour moi de voir les gens sur les réseaux sociaux relayer des informations sans en chercher la source, sans se poser des questions, sans réfléchir... D'autant plus que eux n'ont aucune interdiction de le faire. Ils ne subissent pas de menaces, leur vie, leur bien-être n'est pas mis en danger si ils le font...
La liberté est importante à mes yeux. La liberté de s'exprimer, se tromper, d'apprendre, de comprendre, de questionner...
Et je pense que l'on grandis toujours en agissant ainsi. On peut avoir une opinion à un moment donné et en changer par la suite car on a échangé avec une autre personne, cette personne nous a fait voir les choses avec ses yeux et ainsi notre horizon c'est élargi...
Je voulais publier le texte qui suit. C'est les questionnements de certaines de mes parties intellos.
Mais la peur, la peur d'être jugée, rejetée, critiquée m'a fait le retirer.
J'ai passé un week-end atroce. Plein de conflits internes, de luttes.
Puis j'ai compris que je ne souhaitais plus obéir à ces lois, je ne souhaitais plus vivre dans cette peur d'exprimer ce que l'une de mes parties peut penser à un moment donné.
Je suis libre à présent. Et si ce que j'écris met en colère des gens ou fait qu'ils me rejettent tant pis.
Chaque personne a le droit de poser des questions. Chaque personne en ce monde a le droit de s'exprimer. Et s'exprimer ne signifie pas qu'on est contre quelque chose. Ou qu'on est une "victime qui critique et cherche à monter les autres victimes les unes contre les autres" ou que si on le fait on "fait le jeu des pédocriminels parce qu'on divise".
Pour adhérer à quelque chose, j'ai besoin de lire, de trouver les sources, les recherches... Je ne veux pas me référer à la croyance d'une seule et unique personne. Parce que dans mon vécu personnel, cela est synonyme d'enfermement et d'emprise. Je veux trouver les mêmes termes, les mêmes explications chez d'autres, dans les revues officielles, les références... Sans cela j'ai peur. Je suis terrorisée à l'idée de revivre cet enfermement que j'ai vécu.
Est-ce que cela fait de moi une personne qui "divise"? Je ne crois pas. Cela fait de moi une personne qui réfléchie par elle-même. Et il n'y a pas de mal à cela.
Voici ce que j'avais écrit :
C'est bien beau de parler de "dissociation" et de "dissociation traumatique" mais est-ce que ceux qui en parlent pourraient en donner une définition claire ?
Selon quelle conception ?
structurelle
dimensionnelle
langage courant....
On peut utiliser le terme dissociation pour beaucoup de choses !
Sous quel diagnostique psychiatrique ? Une personne avec un trouble schizophrénique peut-être :
schizophrène
Et si il a vécu un traumatisme peut avoir de la dissociation qui peut être traitée...
Pourquoi préciser le terme "traumatique"? Qui fait donc référence à un traumas... Ok
Et les personnes avec un trouble dissociatif ? Elles sont où dans cette définition ?
Pourquoi utiliser le terme "amnésie traumatique" au lieu de "amnésie dissociative" comme nommé dans le DSM?
Pourquoi ? Par peur d'être associé aux polémiques débiles sur le trouble dissociatif de l'identité ? Ceux qui parlent de souvenirs induits chez les TDI n'ont CLAIREMENT jamais vu de personnes TDI !!!
Il serait temps de donner des définitions claires, d'arrêter les guéguerres entre psys et de s'appuyer sur la recherche et les preuves qu'elle trouve pour étayer les diagnostiques!
MARRE d'être exclue! Les personnes avec un trouble dissociatif de l'identité sont des survivantes de traumatismes extrêmes et prolongés dans l'enfance. Marre des films qui nous dépeignent mal, marre des sous-entendus de souvenirs induits, marre quon ne nomme pas le TDI! Marre d'être invisibilisée.
Le problème de parler de "dissociation traumatique" est que cela sous-entend un "diagnostique psychiatrique " qui s'appellerait "dissociation traumatique ".
Hors ce diagnostique n'existe pas dans le DSM et la CIM. Alors certes, cela met en lumière la dissociation due à un traumatisme ! Et c'est très bien !
Mais j'ai l'impression que cela amène aussi beaucoup de confusion et d'amalgames.
Dans le DSM V, on parle de troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress. Et cela regroupe plusieurs diagnostiques psychiatriques :
Le trouble réactionnel de l'attachement
La désinhibition du contact social
Le trouble de stress post traumatique
Le trouble de stress aigu
Le trouble de l'adaptation...
Et il est également associé au vécu d'un traumatisme :
Le trouble dissociatif de l'identité
L'amnésie dissociative
La dépersonnalisation/déréalisation...
Du coup j'ai l'impression que beaucoup de personnes confondent symptômes psychiatriques et diagnostiques psychiatriques !
Il est important de préciser la définition de la dissociation ! Ou des gens ayant un diagnostique posé risquent de ne plus l'accepter... ou alors s'auto diagnostiquer et ne pas recevoir les soins adéquats...
Il faut former et être clair !
Pour être diagnostiqué lorsque l'on a un trouble psychiatrique, cela prend beaucoup de temps !
Un psy ne peut pas poser un diagnostique en ayant vu un patient juste une fois!
Car beaucoup de symptômes psychiatriques sont présents dans plusieurs diagnostiques différents.
Par exemple : Une personne peut avoir de la dépression ET des problèmes alimentaires. Une personne peut avoir de l'amnésie ET de la déréalisation (se sentir étranger à la réalité, coupé de la réalité). Dans le TDI, on a de l'amnésie, on éprouve de la déréalisation, de la dépersonnalisation, on a de la dissociation, on peut entendre des voix (ceux sont nos propres pensées qui s'expriment mais on les vie comme étrangères à nous du fait de notre dissociation complexe), on peut avoir des changements d'humeur (selon notre partie dissociative qui est présente)...
Et chaque trouble ne nécessitera pas le même traitement ni la même approche.
Le psy pour poser son diagnostique va observer son patient sur de longs mois, plusieurs années, lui faire passer des questionnaires...
Chaque diagnostique psychiatrique a des critères à respecter avant de pouvoir être donné. Si les critères ne sont pas respectés, alors le diagnostique en question ne sera pas posé.
Ce qui changera le diagnostique est la façon dont le patient décrit ses symptômes.
C'est en observant et écoutant le patient qu'un psy peut poser un diagnostique.
Il faut distinguer
les dépistages ("screenings") qui donnent une impression initiale
et le processus de diagnostique formel qui implique un recueil d'informations approfondi avec un professionnel psy basé sur les critères de diagnostic du DSM et de la CIM :
un entretien semi-structuré,
le recoupement entre plusieurs questionnaires,
une exploration des réponses données qui ne s'arrête pas au score obtenu...
Ce que j'écris mettra sans doute des gens en colère parce que le terme "dissociation traumatique ou amnésie traumatique" est omniprésent actuellement en France.
Je trouve génial que les choses changent, que la dissociation soit connue !!! Et je suis reconnaissante pour cela ! Infiniment !
Mais pourquoi utiliser d'autres termes que ceux existants déjà ? Pourquoi utiliser des termes différents qui vont forcément diviser le monde psychiatrique et amener des guéguerres alors qu'il en existe déjà beaucoup entre les psys ? Pourquoi rendre les choses encore plus compliquées au lieu de les simplifier ? Pourquoi rendre les sources, les preuves, les recherches plus difficiles à relier entre elles en utilisant d'autres terminologies ?
Déjà que c'est difficile pour un patient de comprendre son diagnostique vu la complexité du DSM ou de la CIM, comment un patient peut-il s'y retrouver ?
J'ai mis longtemps à comprendre que j'avais des droits. J'ai mis longtemps en tant que patiente à comprendre que j'avais le droit de choisir mon psy. Il m'a fallu du temps pour comprendre quelles sont les différents courants et pour trouver un système de soin qui me fasse du bien. J'essaye de comprendre ma maladie. Je découvre la complexité et le sac de nœud que les pys s'amusent à entretenir concernant les différentes approches de soin.
Est-ce mal de ma part de me dire que OUI MERDE ils font chier !
Ils font chier à pondre des nouvelles théories toutes les 5 minutes. Ils font chier à se tirer dans les pattes les un les autres. Ils font chier à ne pas mettre le patient au centre. Et que tout cela est bien trop compliqué. Il m'a fallu des années pour comprendre ce que j'avais. Et cela a été au prix de beaucoup d'efforts. Et les gens qui ne peuvent pas fournir cet effort ? On les laisse ignorant ? On laisse les malades se faire ballotter d'une théorie à l'autre ? On les laisse dans l'ignorance ?
Je ne critique pas le fait de parler et rendre visible la dissociation ou l'amnésie. c'est une avancée incroyable, formidable et géniale !
Je critique le fait d'exclure les recherches et les connaissances déjà faites dans ce domaine en utilisant un autre mot et par la même de ne pas permettre aux malades de s'identifier et de bien comprendre quel est le trouble qu'ils ont, et par le flou exclure aussi certains patients.
I grew up, I was born into a sect. In this sect, we did not have the right to criticize, to think, to question, to ask questions ...
It is therefore very important for me to use this right which I have acquired so hard at the cost of many internal struggles. I need to understand. I need to seek and find on my own.
And it is difficult for me to see people on social networks relaying information without seeking the source, without asking questions, without thinking ... Especially since they are not prohibited from doing so. They do not suffer threats, their life, their well-being is not endangered if they do ...
Freedom is important to me. The freedom to express oneself, to make mistakes, to learn, to understand, to question ...
And I think you always grow up doing it. We can have an opinion at a given moment and change it afterwards because we have exchanged with another person, this person made us see things with his eyes and thus our horizon is widened ...
I wanted to publish the following text. This is the questioning of some of my intellectual parts.
But the fear, the fear of being judged, rejected, criticized made me withdraw it.
I had a terrible weekend. Full of internal conflicts, struggles.
Then I realized that I no longer wished to obey these laws, I no longer wished to live in this fear of expressing what one of my parts may think at a given moment.
I am free now. And if what I write angers people or makes them reject me, so be it.
Everyone has the right to ask questions. Everyone in this world has the right to express themselves. And speaking out does not mean that you are against something. Or that we are a "victim who criticizes and seeks to pit the other victims against each other" or that if we do so we "play the game of pedophiles because we divide".
To subscribe to something, I need to read, to find the sources, the research ... I don't want to refer to the belief of one and only one person. Because in my personal experience, it is synonymous with confinement and control. I want to find the same terms, the same explanations in others, in official journals, references ... Without that I'm afraid. I am terrified at the idea of reliving this confinement that I experienced.
Does that make me a "divisive" person? I do not believe. It makes me a self-reflective person. And there is no harm in that.
Here is what I wrote:
It is all well and good to talk about "dissociation" and "traumatic dissociation" but could those who talk about it give a clear definition?
According to what design?
structural
dimensional
everyday language....
You can use the term dissociation for a lot of things!
Under what psychiatric diagnosis?
A person with a schizophrenic disorder may be:
schizophrenic
And if he has been through trauma may have dissociation that can be treated ...
Why specify the term "traumatic"?
Who therefore refers to a trauma ...
OK
What about people with dissociative disorder?
Where are they in this definition?
Why use the term "traumatic amnesia" instead of "dissociative amnesia" as named in the DSM?
Why ?
For fear of being associated with stupid controversies over dissociative identity disorder?
Those who talk about memories induced in DID have CLEARLY never seen DID people !!!
It is time to give clear definitions, to stop the brawls between shrinks and to rely on the research and the evidence that it finds to support the diagnoses!
TIRED of being excluded!
People with dissociative identity disorder are survivors of extreme and prolonged childhood trauma.
Fed up with films that portray us badly, fed up with the implication of induced memories, fed up that we don't name DID!
Tired of being invisible.
The problem with speaking of "traumatic dissociation" is that it implies a "psychiatric diagnosis" which would be called "traumatic dissociation".
Apart from this diagnosis does not exist in the DSM and the ICD. So certainly, this highlights the dissociation due to trauma!
And that's very good!
But I have the impression that it also leads to a lot of confusion and confusion.
In DSM V, we talk about disorders linked to trauma or stressors.
And this brings together several psychiatric diagnoses:
Reactive Attachment Disorder
Disinhibition of social contact
Post traumatic stress disorder
Acute stress disorder
Adjustment disorder ...
And it is also associated with the experience of trauma:
Dissociative identity disorder
Dissociative amnesia
Depersonalization / derealization ...
Suddenly I have the impression that many people confuse psychiatric symptoms and psychiatric diagnoses!
It is important to clarify the definition of dissociation!
Or people with a diagnosis may no longer accept it ... or else self-diagnose and not receive adequate care ...
We must train and be clear!
It takes a long time to be diagnosed with a psychiatric disorder!
A shrink cannot make a diagnosis by seeing a patient just once!
Because many psychiatric symptoms are present in several different diagnoses.
For example :
A person can have depression AND eating problems.
A person can have amnesia AND derealization (feeling alien to reality, cut off from reality).
In DID, we have amnesia, we experience derealization, depersonalization, we have dissociation, we can hear voices (those are our own thoughts that are expressed but we experience them as foreign to us due to our complex dissociation), we can have mood changes (depending on our dissociative part which is present) ...
And not every disorder will require the same treatment or the same approach.
The psychiatrist to make his diagnosis will observe his patient over long months, several years, give him questionnaires ...
Each psychiatric diagnosis has criteria to be met before it can be given. If the criteria are not met, then the diagnosis in question will not be made.
What will change the diagnosis is how the patient describes their symptoms.
It is by observing and listening to the patient that a therapist can make a diagnosis.
Must be distinguished
screenings which give an initial impression
and the formal diagnostic process which involves in-depth information gathering with a psychologist based on the diagnostic criteria of DSM and ICD:
a semi-structured interview,
cross-checking between several questionnaires,
an exploration of the answers given that does not stop at the score obtained ...
What I write will undoubtedly make people angry because the term "traumatic dissociation or traumatic amnesia" is omnipresent in France today.
I find it great that things are changing, that dissociation is known !!! And I am grateful for it! Infinitely!
But why use terms other than those that already exist? Why use different terms that will necessarily divide the psychiatric world and lead to wars when there are already many between shrinks? Why make things even more complicated instead of simplifying them? Why make sources, evidence, research more difficult to link together using other terminologies?
Already it is difficult for a patient to understand his diagnosis given the complexity of the DSM or the ICD, how can a patient navigate?
It took me a long time to understand that I had rights. It took me a long time as a patient to understand that I had the right to choose my shrink. It took me a long time to understand what the different currents are and to find a system of care that would do me good. I am trying to understand my illness. I discovered the complexity and the bag of knots that the pys have fun maintaining concerning the different approaches to care.
Is it wrong of me to tell myself that YES SHIT they piss off!
They piss off new theories every 5 minutes. They piss off each other by shooting each other. They piss off not putting the patient at the center. And that all of this is far too complicated. It took me years to figure out what I had. And it took a lot of effort. What about the people who cannot make the effort? Are we leaving them ignorant? Do we let patients get tossed around from one theory to another? Are we leaving them in the dark?
I am not critical of speaking and making dissociation or amnesia visible. it is an incredible, formidable and brilliant advance!
I criticize the fact of excluding research and knowledge already done in this area by using another word and at the same time not allowing patients to identify themselves and fully understand what disorder they have, and by the blur also exclude some patients.
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