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Photo du rédacteurLeelah

18/07/2020 Série "I may destroy you"



C'est une série d'une saison et 12 épisodes. Vous pouvez la voir sur Amazon prime. Pour l'instant, seul 6 épisodes ont été diffusés, je pense qu'en septembre tous les épisodes seront mis en ligne. Vous pouvez vous inscrire gratuitement pour un mois d'essai sur Amazon Prime, donc si vous souhaitez la regarder, abonnez vous en septembre...

Je l'ai regardée, je vous en fais donc un retour.

Je trouve cette série très bien faite et vraiment très très instructive ! Je vous encourage donc vivement à la regarder !!!


Elle est très bien faite car pour une fois, les viols sont vu non pas du point de vue du violeur mais par les yeux de la victime. Dans tous les films, ou la grande majorité en tout cas, lorsqu'un viol a lieu, on voit le visage de la victime, le corps de la victime... Dans cette série, la caméra filme comme si nous étions la victime, on voit ce qu'elle voit, on est immergé dans ses ressentis, on peut mieux comprendre par exemple qu'une victime se souvienne avec précision d'un aspect du plafond, d'un grain sur la moquette, les sons entendus lors du viol et paroles de l'agresseur sont très bien retranscrits tels qu'ils peuvent "revenir en mémoire" dans la tête de la victime ... Car la caméra se focalise sur les ressentis de la victime, ce qu'elle regarde... Lorsque la victime a des flashs de mémoire dissociative, la caméra le reproduit bien, la sidération, la dépersonnalisation, la déréalisation sont très très bien reproduit à l'écran ! L'amnésie dissociative est très bien abordée et décrite. Cette série est très exacte sur le plan explication et compréhension des mécanismes qui se passent dans le cerveau de la victime pendant le viol et après le viol.

Une autre chose intéressante est que plusieurs personnes sont violées et on peut donc voir comment hommes ou femmes réagissent. On voit comment ils sont traités par la police selon le sexe de la victime (un homme peut-il être victime de viol ?), comment des orientations sexuelles peuvent être facteurs de discrimination par les policiers...


Elle est très instructive également car cette série est dérangeante, extrêmement dérangeante !

Elle aborde beaucoup de points de la culture du viol omniprésente dans notre société. Elle vous mettra sans doute mal à l'aise à certains moments.

Moi elle m'a choquée et remise en question à de nombreuses reprises. En étant moi même victime de viol, en ayant fait du chemin, appris à comprendre et connaître les mécanismes, le chemin par lesquelles passent les victimes, certains aspects du film m'ont dérangées et ont mis en lumière à quel point j'avais moi aussi cette culture du viol encore encrée en moi !

L'héroïne du film se drogue énormément, a de multiples partenaires, sa vie est décousue, elle a des liens avec des vendeurs de drogues, des amis qui pratiquent l’échangisme, font des partouzes, un ami homosexuel qui accepte d'être regardé lorsqu'il a des rapports, elle multiplie les fêtes avec surconsommation d'alcool...


Tout cela est très dérangeant et nous permet de voir nos zones d'ombres et voir en nous, nous interroger intérieurement sur notre conception du viol... Qu'est-ce qu'un viol pour nous ?


Le fait qu'elle ait bu et soit sorti tard le soir, ait été droguée est il une circonstance aggravante du viol ou est ce que l'on considère que la victime l'a "cherché" ? Un homme qui accepte d'être regardé par un autre lors d'un rapport puis est violé ensuite est-il victime de viol ou est-ce de sa faute parce qu'il s'est inscrit sur un site de rencontre accès uniquement sur le "sexe d'un soir" chez un inconnu ? Une victime qui ne se souvient pas en détail, qui a du mal à qualifier ce qu'elle a vécu de viol, qui veut être reconnue et entendue mais qui occulte et fuie à d'autres moments est elle une affabulatrice ou une menteuse ? Lorsqu'un partenaire retire son préservatif lors du rapport sexuel sans prévenir ou demander la permission est-ce un viol ? Une victime qui se drogue ou boit beaucoup après avoir été violée, qui a un comportement auto-destructeur par la suite, en tant qu'ami ou proche comment réagir et aider ? Comment ne pas s'énerver face à ces comportements communs à beaucoup de victimes ? Comment comprendre et soutenir la victime dans son chemin de reconstruction et de réparation et ne pas dire la fameuse phrase "passe à autre chose" ou "tu aimes être une victime, tu te repais de ta souffrance", "tu ne veux pas t'en sortir" ? Le fait que la victime consomme de la drogue ou de l'alcool, savoir que la victime a un entourage et des comportements passés discutables sur le plan moral et de la bienséance en société fait il d'elle une vrai victime à nos yeux ou a-t-on au contraire un jugement négatif instinctif à son propos ? La justice a-t-elle le droit de prendre en compte l'histoire de la victime, d'observer à la loupe son comportement et sa "moralité" passée pour décider si elle "mérite" d'aller au tribunal et que son violeur soit traduit en justice ? Cela doit-il faire partie du débat pour savoir si le violeur est ou non coupable de viol ?


Dans quel cas pour nous, un viol EST un viol ? Dans quel cas pour nous, la victime est une victime ou est coupable, a "cherché" "provoqué" ce viol ?



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